Femme trans, travailleuse du sexe*, militante syndicale et féministe, Cornelia Schneider est au cœur de nombreux combats. Des couloirs du conseil de l’Europe, aux manifestations du 8 mars, voilà plus de 20 ans qu’elle ne désarme pas face aux oppressions. Ado dans l’Allemagne des années 70, c’est dans cette période très agitée que se forme sa conscience politique. En 1982, à 20 ans, elle suit des études à Strasbourg lorsqu’elle prend conscience de sa transidentité*.
Militantisme transgenre…
Il lui faudra encore quelques années pour décider de vivre ouvertement son identité de genre et s’engager activement dans le militantisme. En 2002, avec Alexandra Augst-Merelle, elle fonde le collectif Support Transgenre Strasbourg. Au départ, structure d’information et d’entraide, les deux fondatrices prennent rapidement conscience de la nécessité de donner une dimension plus politique à leur action.
« Avec Alexandra, on s’est rapidement rendues compte que panser les plaies que fait la transphobie, c’était bien, mais que prendre le mal à la racine était plus important. »
Ainsi, on retrouvera Cornelia Schneider dans les couloirs du Conseil de l’Europe, pour porter la parole des personnes trans auprès de l’institution, mais aussi pour l’organisation de la Journée Internationale de la mémoire transgenre, les 20 novembre ou encore assurant la formation de professionnels de santé sur cette thématique.
… mais pas seulement : le militantisme intersectionnel
Son engagement pour les droits des personnes transgenres l’amène à prendre part à d’autres combats : féministes, antiracistes, sociaux. « À l’époque, on n’utilisait pas le terme intersectionnel, mais c’était déjà ça dans les faits. »
On la retrouve ainsi dans différents collectifs féministes ces vingt dernières années. Aujourd’hui, c’est au sein du Bloc révolutionnaire insurrectionnel et féministe (BRIF) que Cornelia Schneider milite. De conviction « passablement anarchiste », la Strasbourgeoise croit à la force du collectif :
« Individuellement, on n’arrive pas à mener une lutte politique. Ce qui compte pour moi, c’est la solidarité avec les autres et être solidaire, c’est partager les risques. »
Ainsi, Cornelia Schneider participe à la création du Syndicat du travail sexuel (STRASS) lancé en 2009 dans la foulée de la loi contre le racolage passif. Elle-même travailleuse du sexe (TDS), elle est représentante de l’organisation en Alsace jusqu’en 2016 avant de quitter le syndicat et de rejoindre la Confédération nationale du travail (CNT) quatre ans plus tard.
« Même si on est juste trois à être organisées, comme actuellement la section TDS de la CNT-STP 67, on est quand même trois dans une confédération nationale qui a une histoire sérieuse. Ça a un autre poids que si c’est moi toute seule qui m’exprime. Je peux expliquer, mais je ne suis pas représentative. »
Passer le flambeau ?
Engagée dans de nombreuses luttes depuis vingt ans, Cornelia Schneider reconnait faire « un peu partie des meubles militants à Strasbourg » et aimerait bien passer le flambeau. La militante se réjouit d’ailleurs de l’ampleur que prennent désormais les luttes féministes au sein de la capitale européenne. « En 2014, on était une quinzaine devant la cathédrale pour le 8 mars. Cette année, on s’est retrouvé à plus de deux mille. Beaucoup de jeunes, de personnes en dehors de la norme de genre, des syndicats ! On a changé de dimension et c’est très bien. »
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