Ils étaient plusieurs centaines (plus de 500 selon les organisateurs), samedi 22 septembre, à se réunir à la sortie de Vendenheim, en bordure des coupes réalisées dans la forêt du Krittwald en prévision du chantier du GCO. Sur un terrain désertique et désolé, élus, familles, jeunes et moins jeunes des communes environnantes ou de plus loin étaient venus montrer leur mobilisation contre l’autoroute de contournement.
Une semaine après le premier appel « Aux arbres citoyens », ils ont été accueillis par Alain Jund, adjoint au maire (EELV) de la Ville de Strasbourg, venu rappeler :
« Non, tous les élus de Strasbourg et de l’Eurométropole ne sont pas pour le GCO. Il y a une prise de conscience. Il n’est pas trop tard ; il n’est jamais trop tard ! »
Mickaël, venu de la ZAD de Kolbsheim, était là pour le confirmer : le moulin est bien à nouveau occupé par une quinzaine de militants. Une cabane est même encore sur place. Située en dehors du périmètre des travaux, elle n’a pas été détruite. Les gardes mobiles, venus fermer la route à la circulation, ne se préoccupent pas de la zone.
Maurice Wintz, vice-président d’Alsace Nature, a énuméré les différents contentieux encore en cours devant la justice administrative. Vendredi, les derniers échanges de mémoires ont eu lieu concernant le recours en référé ciblant l’autorisation unique des travaux, dont la décision sera donnée mardi 25 septembre :
« Quoi qu’il arrive, cela ne dit rien sur la pertinence de GCO ; cela n’enlève rien au combat. Il nous faut continuer à lutter et à manifester ! »
« Que la raison revienne »
En attendant, les premières coupes d’arbres ont été éprouvantes pour ceux qui les ont vécues, les face-à-face avec les forces de l’ordre et les ouvriers en charge du déboisement aussi. Philippe Ployé, président des Fédinois contre le GCO, propose à chacun de s’exprimer et de faire ressortir ses émotions. Luc Huber, le maire de Pfettisheim, est le premier à se lancer :
« Cette forêt m’a sauvé alors que j’étais écolier en internat. Une période très dure pour le jeune garçon que j’étais ; la forêt m’a permis de me ressourcer, quand, tous les jeudis, on nous y emmenait se promener. Maintenant, les quatre cavaliers de l’apocalypse veulent la détruire ; ils en porteront la responsabilité. Huit hectares ont été déboisés mais 12 hectares restent à sauver. »
Cris d’encouragement. Une vieille dame, toute menue, s’avance :
« Lundi, nous étions vingt personnes face à une centaine de gendarmes. Toute la journée, ils nous on raconté des salades, en nous disant que les machines ne coupaient que les broussailles. En fait, les ouvriers ont commencé de l’autre côté de la forêt. Au bout d’un moment, on a vu les machines soulever les arbres ; derrière, il n’y avait plus rien. »
Le porte-voix passe ensuite le micro à une jeune fille :
« J’habite à Paris, je n’étais pas là le jour où le déboisement a commencé. Ça ne m’empêche pas de vouloir agir : je voudrais créer un comité de soutien à Paris. Tous ceux qui sont intéressés ou qui ont des contacts à Paris, qu’ils viennent me voir ! »
Peu à peu, les langues se délient et les personnes qui cinq minutes avant n’osaient pas, avancent dans le cercle formé par les manifestants :
« C’est injuste ce qui s’est passé lundi matin, lâche Renée. Les gendarmes ont laissé passer l’huissier de Vinci, mais ils ont bloqué l’huissier des écologistes ; ils ne l’ont laissé rentrer dans la zone qu’une heure après ! »
Une autre dame, la soixantaine, poursuit :
« Lors du déboisement, j’ai vu une personne qui ne faisait rien que regarder le cordon de sécurité. Les gendarmes lui sont tombés dessus… Pourquoi ? Où est l’état de droit dans tout ça ? Quand je suis passé à côté d’une des machines de déboisement, la personne dans la cabine m’a ri au nez ! A-t-on besoin d’humilier les gens comme cela ? »
« Ries et Herrmann n’aiment vraiment pas les arbres »
Cachée derrière des lunettes de soleil, une jeune femme d’une trentaine d’années a du mal à contenir ses émotions :
« Je suis de Vendenheim. Cette forêt, on continue d’y aller pour respirer. C’est quand même dingue que l’homme, une espèce qui n’est pas capable de vivre plus de cent ans, saccage ainsi des arbres plus que centenaires ! Roland Ries et Robert Herrmann n’aiment pas vraiment les arbres. »
Bruno le zadiste vient remonter le moral des habitants :
« Cela fait plus de deux ans qu’on est sur le terrain. Voir ces arbres tomber, ça fait mal. Mais pour l’instant, le GCO n’est pas construit et les déboisements ne sont pas irréversibles : un arbre, ça se replante ! »
Les manifestants sont ensuite invités à pénétrer la zone déboisée pour y ramasser des glands. Sarah, pasteur à Vendenheim, cherche des familles d’accueil pour faire pousser des plants. Elle a d’ailleurs déjà trouvé un nom pour son programme de replantation : « adopte un chêne. »
Une nouvelle manifestation est prévue mardi 25 septembre à 18h00, à Strasbourg, place Broglie devant l’opéra.
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