Si vous aimez les beaux phénomènes naturels exceptionnels, l’astronomie, les interactions entre magnétisme terrestre et solaire, la physique stellaire, et habitez à Strasbourg, en Alsace, dans les Vosges – ou ailleurs autour de ces latitudes-là : levez les yeux vers le Nord après 23h samedi 11 mai ou dimanche 12 mai ! Des nuits d’aurores boréales sont bien possibles. Le phénomène était très bien visible sur toute la France métropolitaine, notamment depuis les Vosges, au soir du vendredi 10 mai et jusque dans les villes.
La tempête géomagnétique d’intensité exceptionnelle qui a causé ces aurores est toujours en cours, suite à une grande éruption solaire il y a deux jours. Une grande tache solaire actuelle est liée à une intense activité d’éruptions solaires, et les aurores boréales de ces jours-ci sont visibles jusque bien plus au sud que d’habitude, comme en témoignent l’activité et les prévisions sur ce site dédié ou sur le Service international des indices d’activité géomagnétique, dont les données sont produites par le service national d’observation de l’observatoire du magnétisme de l’École et observatoire des sciences de la Terre à Strasbourg.
Depuis Strasbourg, ou les Vosges, levez le nez vers la constellation Grande Ourse, c’est-à-dire regardez vers le Nord. Si vous êtes en ville ou village, l’extinction ou la diminution des lampadaires en fin de soirée vous aidera (comme ceux de Strasbourg et diverses localités qui tâchent de préserver la nuit et le ciel nocturne). Un téléphone ou un appareil photo est plus sensible que votre œil (choisissez un temps de pose de trois secondes par exemple), mais ce sera assez visible pour se voir à l’œil nu, comme ce fût le cas dans la nuit de vendredi 10 à samedi 11 mai après minuit.
Pourquoi le ciel est rose ?
Les couleurs de ces aurores sont dues aux atomes de l’atmosphère qui sont excités par les particules chargées (essentiellement des protons – noyaux d’hydrogène-, électrons et particules alpha, c’est à dire deux protons deux neutrons, des noyaux d’helium), issues d’une éruption solaire quelques dizaines d’heures auparavant. Cette éjection de masse coronale est une bulle de plasma émise durant l’éruption, de même composition que le vent solaire.
Les aurores rouges sont les plus rares. Elles sont émises par l’oxygène, moins dense au-dessus de 240 km d’altitude. Le vert, plus courant, est aussi émis par l’oxygène dans des couches atmosphériques plus denses, plus bas, à 120 km à 180 km d’altitude. On en voyait au soir du vendredi 10 mai, plus bas sur l’horizon. Les émissions de l’azote sont souvent rouges sombres, violettes ou blanches.
Les aurores boréales, communes en Scandinavie, sont souvent vertes et roses. Celles (très rares) sous nos latitudes sont plus couramment rouges. Les particules chargées suivent le champ magnétique en spiralant, se concentrent d’habitude autour des pôles, et ralentissent en interagissant avec la haute atmosphère, d’où les aurores. Ce bouclier magnétique dû à la dynamo interne de la Terre est ce qui protège la vie terrestre de radiations trop intenses – et ce dont doivent se protéger les astronautes lors de sorties de la magnétosphère pour aller plus loin.
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