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Au FN Alsace, les jeunes restent dociles

Avec un électeur sur cinq selon le dernier scrutin, le Front National reste une force politique importante en Alsace. Mais ses élus et cadres sont absents, atones, comme dépassés par leur propre vague Marine. A l’intérieur du parti, les jeunes nouvellement arrivés grondent, mais restent disciplinés et attendent leur tour.

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Au FN Alsace, les jeunes restent dociles

Marine Le Pen s'est entourée des jeunes lors de son meeting à Strasbourg. (Photo PF)

Lorsqu’il est question de jeunesse, le Front National Alsace met en avant Julia Abraham. Cette militante de 19 ans originaire du Bonhomme dans le Haut-Rhin fait figure d’emblème de la « génération bleu Marine », ces jeunes qui ont rejoint le Front National à la faveur du dépoussièrage opéré par la nouvelle présidente du parti. Julia Abraham présente bien, n’a rien contre les juifs ni les étrangers, n’est ni de droite ni de gauche, elle est juste « nationale ».

Ecouter Julia Abraham chez elle, par Arte Radio

Comme les autres partis, le FN en Alsace dispose d’une kyrielle de ces jeunes militants, aux discours policés, mobilisés, présents en ville et sur les réseaux sociaux. Les lecteurs de Rue89 Strasbourg se souviennent peut-être du responsable de la section jeunesse (FNJ) dans le Bas-Rhin, Olivier Garrecht, qui s’inquiète pour la retraite et se méfie des médias. Il y a aussi Raoul Biondi, responsable du FNJ en Alsace :


(Vidéo du Front National)

Mais que pensent ces jeunes ouverts et tolérants de leurs aînés, encore aux manettes du parti, notamment en Alsace ? Car la « vague bleu Marine » n’a pas renouvelé les cadres du FN régional, qui sont restés étrangement silencieux depuis le changement de présidence et durant la campagne présidentielle.

Le responsable du FN en Alsace, le Mulhousien Patrick Binder, s’est même mis en congé de la politique pour préparer un master compatibilité et contrôle de gestion. Il n’a pas été remplacé. Parachutée en deuxième position sur la liste des élections régionales en 2010, Huguette Fatna n’est présente en Alsace que pour les sessions plénières du Conseil régional.

Que sont devenus Xavier Codderens ou Jean-Claude Altherr, conseiller régional ? « Ils sont toujours là ! » assure Christian Cotelle, qui semble garder seul la flamme du Front pour le Bas-Rhin :

« C’est à cause du scrutin majoritaire, on n’a pas autant d’élus que notre poids électoral le permettrait dans un scrutin proportionnel. Et puis les médias ne relaient pas nos actions, mais nous sommes présents, nous intervenons en séance plénière du Conseil régional régulièrement et sur le terrain. »

Le site internet du FN Alsace plus mis à jour depuis février 2011

Que dire alors du site du FN Alsace, dont la dernière contribution locale remonte à février 2011 ? C’est, assure Martine Binder, responsable du Front dans le Haut-Rhin, « dû à un problème de webmaster qui va être réglé très vite ». Selon elle, « l’effet Marine » a été très positif en Alsace :

« On n’a pas déserté la vie politique alsacienne. Notre mouvement est en pleine croissance grâce à l’arrivée des jeunes et on travaille très bien avec eux. »

Dans le Haut-Rhin, Raoul Biondi a été propulsé candidat à l’élection législative dans la 4e circonscription. Il note un réel changement dans la base du FN :

« Je ne suis que depuis trois ans dans le parti, mais j’ai noté que depuis l’arrivée de Marine Le Pen, il y a eu une évolution chez les militants. Des gens qui n’avaient plus rien à voir avec le mouvement sont partis d’eux-mêmes et bon débarras ! Quand sont arrivés des homosexuels dans les instances dirigeantes par exemple… En Alsace, il n’y a pas de tension entre les anciens et d’autres plus jeunes, les cadres en place sont des gens très bien. Il n’y a pas de racistes. »

Mais dans le Bas-Rhin, Christian Cotelle ne voit pas de changement :

« Le Front National est toujours le même. C’est toujours la France d’abord, l’Europe des nations, le retour à la monnaie nationale… Les fondamentaux sont toujours là. »

Et pour bien l’indiquer, le FN du Bas-Rhin propose aux Législatives les mêmes candidats que d’habitude : Marie-Christine Aubert, Xavier Codderens, Huguette Fatna, Pascale Elles, Christian Cotelle lui-même, Brigitte Tinot, Laurent Gnaedig, Diana Garnier-Lang et Jean-Claude Altherr. Pour la place aux jeunes, ils repasseront. Parmi les militants qui avaient rejoint le FN avec l’arrivée de Marine Le Pen, certains s’en sont émus. D’autres soupçonnent les cadres actuels d’être des Jean-Marie Le Pen locaux, toujours à la limite du dérapage, de l’insulte publique ou du racisme. Olivier Garrecht n’est pas de ceux là et, en bon soldat, déclare :

« C’est vrai que l’arrivée de jeunes a « boosté » les anciens militants du Front. Mais il n’y a pas de scission, ceux qui disent ça voulaient faire partir Christian Cotelle, mais ils se sont trompés de cible. On travaille très bien avec les militants plus âgés, ils s’adaptent. Quant à la place des jeunes aux élections, on a mis en place un « référent » dans chaque circonscription et ces personnes auront vocation à être candidates lorsque les places seront libres. »

Sur le site du FN Alsace, l’humour FN continue de sévir en tout cas, à l’ancienne mode.


#Alsace

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