Dans sa première aventure, Sasha, le personnage non-genré créé par Joël Henry et Ariane Pinel, explorait les voyages à vélo et finissait par transformer tous les déplacements. Quatre ans plus tard, les deux auteurs strasbourgeois proposent cette fois une exploration localisée dans un village de cabanes, Cop’Cabana, le village des copains-copines : Sasha et les cabanes (Éd. Cambourakis, 15€).
« On s’est revu avec Ariane, et après quelques discussions, on s’est aperçu qu’on avait tous les deux le même attrait pour les cabanes », détaille Joël Henry, écrivain strasbourgeois qui a tenu un blog très drôle d’exploration urbaine aux débuts de Rue89 Strasbourg.
Après avoir reçu les premiers textes, Ariane Pinel, qui collabore régulièrement avec Rue89 Strasbourg également, s’est saisie de ces idées. Elles se sont mélangées avec ses expériences d’alors :
« Au moment de travailler sur le deuxième tome de Sasha, j’étais moi-même dans une phase d’exploration des lieux de vie communautaires, autogérés, éco-hameaux… Donc ça tombait bien, j’ai pu puiser dans mes observations des éléments qui se retrouvent dans les dessins. »
Un concept apprécié et repris
Car le format de Sasha et les cabanes reprend celui du premier opus : des textes très courts qui s’insèrent dans de grands dessins prenant toute la page, où fourmillent des détails et des micro-histoires parallèles. « Les enfants adorent, précise Ariane Pinel, les parents ont lu les phrases et les petits passent ensuite des heures à explorer chaque page. »
Et on les comprend puisqu’à Cop’Cabana, se côtoient autant de maisons différentes que d’habitants. Il y a Camille, apiculteur et musicien, qui « vit dans une yourte assez grande pour abriter tous ses drôles d’instruments », une grotte, un bus à deux étages, la cantine de Zouzou, le hammam de Nassera…
La première aventure de Sasha et les vélos a été traduite en coréen et en chinois. « Il a fallu gommer les gens qui s’embrassent en Chine », s’amuse Joël Henry, qui craint que ce deuxième volet ne passe pas les filtres de la censure. Car Sasha explore aussi une autre forme d’organisation sociale.
« Pour moi, les cabanes, c’était des zones à défendre (ZAD) en fait », pointe Ariane Pinel. Cette dernière a fréquenté la ZAD du Moulin à Kolbsheim, qui servait de quartier général aux opposants à la construction de l’autoroute de contournement de Strasbourg (GCO). Ainsi Sasha découvre comment on cultive et on mange à Cop’Cabana, comment on récupère et trie les déchets… À chaque fois sous une surveillance discrète mais permanente des gendarmes.
« La ZAD était totalement absente des idées de départ, qui tournaient plutôt autour de l’enfance, de l’utopie et des jeux, se rappelle Joël Henry, puis tout s’est mélangé et le résultat est super. » « Je trouvais que ça collait bien, précise Ariane Pinel : Sasha s’extraie de notre société, hyper individualiste, pour se confronter à des organisations collectives très belles, qui testent et mettent en œuvre plein de belles idées. J’avais envie de leur rendre hommage. »
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