Une partie des matériaux de construction des bâtiments du nouveau quartier d’affaires Archipel 2, à côté du Wacken à Strasbourg, sera acheminée par voie fluviale. Une volonté de l’Eurométropole, en collaboration avec les Voies navigables de France (VNF) et confiée au groupe alsacien Fehr.
Le groupe basé à Reichshoffen va créer une centrale à béton automatisée, alimentée en matières premières grâce à deux péniches. Cette solution permettra, selon l’Eurométropole, d’éviter la rotation de 4 000 camions malaxeurs par an pendant toute la durée des travaux. L’opération participe à une « logistique urbaine durable et décarbonée », dont le principe a été adopté par le conseil eurométropolitain du 12 mai.
Les élus municipaux et métropolitains espèrent faire d’Archipel 2 un quartier modèle, alliant mixité sociale, accessibilité aux vélos, piétons et transports en communs, transition énergétique et espaces verts. En mars 2021, deux banques ont renoncé à s’y implanter. La municipalité écologiste et l’exécutif métropolitain ont alors détaillé leur souhait d’en faire « un vrai lieu de promenade ».
Une expérimentation de deux ans, renouvelable
La centrale à béton doit être opérationnelle début octobre, selon les estimations de Franck Fehr, chargé de développement du groupe Fehr. La convention signée avec l’Eurométropole et les Voies navigables de France prévoit une expérimentation de deux ans, renouvelable en cas de retard des travaux. Le groupe alsacien de plus de 700 salariés va investir trois millions d’euros pour ce projet.
Le béton sera créé sur site, puis conduit de la centrale jusqu’aux pieds des chantiers en camion. Pour le moment, l’entreprise ne sait pas quelle quantité de matière première elle sera amenée à faire transiter jusqu’à la centrale, explique Franck Fehr :
« Nous tablons sur 15 000 m3 en deux ans, soit plus de 34 000 tonnes de matière première. Une péniche va plus lentement qu’un camion, mais elle transporte huit fois plus de quantité, soit 220 tonnes de granulat (un composant du béton, NDLR). »
Le groupe possède déjà deux péniches qu’il utilise pour ses autres chantiers. L’investissement dans la centrale à béton ne fait pas peur à l’entreprise, promet Franck Fehr :
« Pour nous, c’est un peu un prototype, un chantier-laboratoire. On espère réaliser d’importantes économies sur le transport. On s’est également fixé comme objectif que le bruit généré par la centrale ne dépasse pas celui d’une voiture thermique, afin de ne pas gêner le voisinage. »
Un approvisionnement écolo mais facultatif
Les entreprises chargées de construire les bâtiments d’Archipel 2 ne seront pas obligées de se fournir en béton via cette centrale. « On ne peut pas le leur imposer, en raison de la libre concurrence », explique Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg en charge de l’économie durable. Franck Fehr n’est cependant pas inquiet :
« On ne sait pas encore quelle part de marché nous aurons mais ça sera plus simple pour les entreprises de se fournir auprès de notre centrale grâce à un guichet automatique qui permettra de distribuer automatiquement le béton aux clients. De plus, nous prévoyons de proposer un béton au prix du marché. »
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