« Je ne voulais pas passer ma journée à pleurer au fond de mon lit. » Samedi 23 mars, Joëlle a manifesté devant le tribunal judiciaire de Strasbourg. Entourée d’une vingtaine de personnes portant des pancartes en hommage à sa fille ou dénonçant une « justice complice », la mère d’Estelle poursuit son engagement face à un phénomène de société encore tabou malgré des chiffres vertigineux.
Selon le journal Le Monde, « entre 5 et 10% des Français ont été victimes de violences sexuelles durant leur enfance, qui se déroulent, dans 80% des cas, au sein de la sphère familiale. » Joëlle se bat contre l’inceste et contre les errances du système judiciaire français : « Pour l’anniversaire de ma fille, je me suis dit que ma place était dans l’espace public, pour dénoncer les injustices et les violences que ma fille a subies. »
Manifestation en hommage à Estelle, devant le tribunal judiciaire de Strasbourg, le 23 mars 2024.
Un an et demi de silence du parquet
La manifestation était organisée par l’association Victimes Inceste Alsace. Elle avait aussi pour objectif de dénoncer la lenteur du parquet de Strasbourg dans le traitement de la plainte d’Estelle. Le 28 janvier 2022, l’adolescente de 13 ans se rend à la gendarmerie avec sa mère pour dénoncer une agression sexuelle commise par un membre de sa famille.
Après plusieurs appels et relances pendant près d’un an et demi, Joëlle finit par recevoir une réponse du parquet strasbourgeois en mai 2023. La procureure de Strasbourg l’informait alors que « cette affaire est repartie en enquête » et l’invitait à « réitérer sa demande dans un délai de huit mois ». Estelle s’est suicidée le 11 juin 2023.
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