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Sans-abris : après les promesses de campagne, les associations attendent toujours les actes

Le nombre de personnes demandeuses de services sociaux augmente fortement à Strasbourg depuis le confinement selon des acteurs associatifs. Ils ne voient pas encore la concrétisation des engagements de campagne de la nouvelle majorité en faveur des personnes précaires. L’adjointe en charge des solidarités promet des actions rapides, à commencer par la création de 100 places d’hébergement d’ici le début de l’hiver.

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Sans-abris : après les promesses de campagne, les associations attendent toujours les actes

Fin octobre, presque 4 mois après l’élection de la nouvelle municipalité, des militants associatifs de l’aide aux sans-abris s’interrogent. « Il y a eu des annonces et des engagements, mais sur le terrain, à ce jour, on ne voit pas de changement », remarque Gabrielle, bénévole à Abribus, une association qui distribue des repas chauds. Elle est inquiète :

« En fait, il n’y a pas d’acte concret pour le moment, alors que beaucoup de nouvelles personnes nous demandent à manger depuis la Covid. La Ville ne nous a rien communiqué pour le plan hivernal qu’elle aide à mettre en œuvre avec la préfecture. Il débute normalement le 1er novembre. Sur le terrain, ce qu’on aimerait par exemple, c’est que lorsqu’on appelle le 115 (numéro hébergement d’urgence, ndlr) pour un bénéficiaire, on nous réponde qu’il y a de la place. Le froid arrive, il y a urgence. »

Une distribution de repas à des sans-abris, fin en 2016. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

40% d’activité en plus pour le Secours populaire depuis le confinement

Camille Vega, directeur du Secours populaire du Bas-Rhin, évoque le contexte social tendu :

« Notre activité a augmenté de 40% par rapport à avant le confinement. On distribue de la nourriture, des vêtements et des aides financières à des nouveaux arrivants, pour la plupart d’anciens travailleurs précaires qui ont perdu leur emploi. Je pense notamment aux auto-entrepreneurs de l’évènementiel ou dans le service aux particuliers comme les esthéticiennes. Il y a aussi des intérimaires qui ont beaucoup moins d’activité. La Ville nous donne de bons signaux, elle semble avoir de la volonté. Mais pour le moment, rien ne change. »

Beaucoup de promesses de campagne

Jeanne Barseghian (EELV), élue maire de Strasbourg le 28 juin, a fait des promesses, durant sa campagne, pour les personnes précaires et les sans-abris. Elle a notamment signé des engagements rédigés par le collectif Nuit de la Solidarité Strasbourg, regroupant 24 associations et collectifs. Parmi eux figurent la création de centaines de places pérennes ainsi que la mobilisation de bâtiments vacants. La Ville projette aussi un renforcement de l’accès aux services de base (nourriture, sécurité, hygiène, éducation) et la mise en place de lieux de répit, de vestiaires-bagagerie, de toilettes, de douches publics, de lieu de domiciliation et d’aides aux services numériques.

Lors de l’abrogation de l’arrêté anti-mendicité, Jeanne Barseghian annonçait qu’elle souhaitait « renforcer les moyens de l’équipe mobile de rue. » Dédiée à l’aide administrative, médicale et alimentaire, cette équipe gérée par la Ville est composée d’une infirmière, d’un médiateur et d’un travailleur social.

100 places d’hébergement fin novembre

Pour Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des solidarités, il a fallu une période de quatre mois pour « se familiariser avec les dossiers. » Sur les actions concrètes, elle développe :

« Nous avons ouvert l’appel à projets pour la création de cent places d’hébergement, dont 50 pour les femmes. La délibération sera votée le 16 novembre et les places seront donc disponibles assez rapidement après, normalement fin novembre. Nous travaillons aussi en relation avec la préfecture, qui prend en théorie la charge entière de l’hébergement social, pour trouver les lieux d’accueil du plan hivernal. Les précisions quant à celui-ci seront bientôt connues. Nous menons un travail d’identification des bâtiments vides susceptibles d’être réquisitionnés. Difficile de dire quand certains seront disponibles, car il faudra à coup sûr réaliser des travaux pour les mettre aux normes ERP (établissement recevant du public, ndlr). »

L’attente d’une concertation avec les acteurs du terrain

Pour ce qui est de l’augmentation des moyens de l’équipe de rue et du renforcement de l’accès aux services vitaux, « les changements sur le terrain devraient se voir au cours de l’hiver », estime Floriane Varieras.

La nouvelle élue insiste sur l’importance de la concertation : « Personne ne sait mieux ce qui doit être mis en œuvre que celles et ceux qui sont sur le terrain et les bénéficiaires de ses services. » Le 10 novembre aura lieu l’agora des solidarités, qui impliquera des centaines de personnes des sphères associatives, militantes et institutionnelles de l’aide aux personnes en situation de précarité à Strasbourg. « On devrait en organiser deux fois par an, » explique l’adjointe aux solidarités.

Un changement de gouvernance au service social de la Ville

La gouvernance du centre communal d’action sociale (CCAS, le service social des communes, ndlr) va également changer. Des associations comme Abribus et le Secours populaire ont été ajoutées au conseil d’administration (9 élus, opposition inclue, et 8 membres d’associations). À cela, s’additionnent quatre membres « consultatifs. » Trois d’entre eux représentent des acteurs du réseau caritatif et le dernier portera la parole des bénéficiaires de ces dispositifs. Selon Floriane Varieras, cette redistribution est nécessaire pour une politique « plus ancrée dans le terrain ».

Pour Camille Vega du Secours populaire, ce changement au CCAS est « un bon signal ». Il espère que les propositions se transformeront en actions. Déterminé à influencer les pouvoirs publics, il craint tout de même que les concertations prennent trop de temps : « Les mesures doivent être mises en place maintenant et la communication claire », dit-il. « Nous sommes bien conscients de l’urgence de la situation, » répond Floriane Varieras.

Vider l’Hôtel de la rue d’ici un an

L’adjointe en charge des solidarités indique par ailleurs que la Ville s’est donné pour objectif de vider l’Hôtel de la rue d’ici un peu plus d’un an. Environ 150 personnes habitent dans ce squat situé à Koenigshoffen depuis l’été 2019. Une convention d’occupation temporaire sera signée dans un premier temps avec l’association « La roue tourne ». À terme, le bâtiment se transformera en maison des services publics comme prévu initialement. Avant d’entamer ce chantier, « nous nous assurerons que tous les habitants aient une situation stable », précise l’adjointe.


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