« Madame, on ne peut pas continuer comme ça ! On est six enfants à dormir dans des voitures. » C’est Vardan, 13 ans, qui se charge d’appeler le 115 et de demander un hébergement d’urgence. Les deux véhicules sont stationnés sur le parking de la paroisse Saint Joseph, à Koenigshoffen. « On n’a aucune place, le parc est complet », répond la standardiste. « On appelle tous les jours mais ils disent à chaque fois qu’ils n’ont pas de solution », explique l’adolescent scolarisé au collège de l’Esplanade en raccrochant. La famille Kakosyan, d’origine arménienne, devra encore dormir dehors ce 17 mars.
Elle a dû quitter son logement le 20 février, parce que la préfecture a décidé de mettre fin à sa mise à l’abri. Dans l’Eurométropole, depuis l’été 2024, l’État déloge ainsi des centaines d’étrangers à qui il ne donne pas de titre de séjour (lire nos révélations). Traduit par son fils, le père, Vazgen, résume : « On veut juste une vie normale, l’autorisation de travailler et de se loger. J’ai des diplômes dans la sécurité mais je peux aller dans n’importe quel domaine, là où il faudra. »

Début 2025, il s’agit de l’une des familles sans-abri les plus vulnérables à Strasbourg, selon une travailleuse sociale qui les connait bien :
« Je suis très inquiète. Il y a vraiment la possibilité qu’il se passe quelque chose de grave. La mère a des troubles psychiques. Quand ils étaient au campement de l’étoile en 2023, elle a été hospitalisée et le père a fait une petite crise cardiaque. Les enfants ont été placés pendant 24 heures. La dernière fois qu’ils étaient dehors, ça s’est fini comme ça. J’espère qu’on n’arrivera pas jusque là. »
Le stress et le froid
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Des visages et des témoignages d’habitants et d’habitantes du camp Eugène Imbs. Un chiffre pour donner la réalité au-delà de la communication préfectorale sur le plan Grand froid. Un reportage dans le centre d’aide pour le retour, passage obligé de nombreuses personnes sans-abri et en situation irrégulière… L’engagement de Rue89 Strasbourg sur le sans-abrisme, c’est de vous donner accès à toutes ces informations qui font rarement la Une des médias traditionnels.
Ces enquêtes et ces reportages ont un prix. C’est le temps de travail de Thibault Vetter et de Camille Balzinger, qui suivent de près, depuis plusieurs années, la problématique du manque d’hébergements d’urgence à Strasbourg et la précarité des personnes sans papier.
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