Après sa formation en communication, Antoine (27 ans) a passé un an comme community manager dans un club de foot de Ligue 1 dans une ville de province :
« Depuis que j’ai eu la mauvaise idée de me dire de gauche dans cette ville de droite, j’ai appris à rester discret sur mes convictions politiques. »
Ensuite, Antoine a vécu un ans dans le Colorado, avant de revenir vivre à Strasbourg avec sa compagne américaine :
« On a vécu la victoire de Trump comme un cauchemar éveillé. Le risque d’un FN au second tour en France impose une urgence dont nous n’avons peut-être pas encore tout à fait conscience… »
À 17 ans, le rejoint le MoDem
En 2007, Antoine avait 17 ans et le Modem venait d’être créé.
« Je me suis encarté et j’ai fait campagne un an plus tard pour la candidate du parti qui se présentait aux municipales à Colmar. Mais au second tour, elle s’est ralliée au maire historique de la ville, Gilbert Meyer. Cette décision semblait normale à tout le monde, mais j’en ai ressenti une grande déception. Moins d’un an après, je quittais le parti et je ne me suis plus jamais encarté. J’ai désormais du mal à me reconnaître et à me placer sous une bannière. »
Depuis, Antoine se dit « de centre-gauche ». Mais se reconnaît de nombreux paradoxes. Par exemple le fait d’avoir voté pour Alain Juppé aux deux tours de la primaire de la droite et du centre, « pour dégager Sarkozy ». Mais pas à celle du PS et de ses alliés (la Belle Alliance populaire) deux mois plus tard.
Politique ou sport, même combat
Et quand il parle de politique, il utilise souvent des métaphores sportives, en particulier celles qui se rapportent aux paris :
« C’est vrai que j’ai bien souvent eu le vote tactique. Je me souviens avoir plus souvent voté contre des candidats que pour des projets politiques. Mais cette campagne ressemble à un vaste mercato ! Le foot comme la politique posent la question de la fidélité, et malheureusement, je crois qu’on en trouve davantage dans le foot… »
Bref, Antoine est perdu. Emmanuel Macron et son « ambition opportuniste » ne l’inspirent pas tellement. François Bayrou a lui aussi renoncé à son destin présidentiel et a appelé à voter pour l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande… « Cette décision a tendance à me pousser vers Macron. Le soutien de Bayrou, c’est peut-être le garde-fou qu’il me manquait : avec lui, je sais que les mesures libérales qui seront prises ne détruiront pas les acquis sociaux et sociétaux. »
Mais à l’ancien banquier de chez Rothschild, Antoine aurait préféré le style du père du Modem :
« C’est un travailleur, un intellectuel qui connait ses dossiers, même si j’ai compris depuis longtemps que les politiques ne sont pas des experts, mais des tacticiens qui savent manager des équipes. Je trouve Bayrou attachant parce qu’humain : il a multiplié les bourdes de communication. C’est peut-être une déformation professionnelle, mais je ne supporte plus les discours léchés servis sur mesure pour les électeurs : c’est un populisme plus présentable que celui de l’extrême droite, mais qui est tout aussi dangereux. »
Malgré le ralliement du maire de Pau, Antoine n’est pas sûr de voter pour Emmanuel Macron au premier tour :
« Justement, je sais que je suis sa cible idéale : un jeune actif qui croit au travail et à l’entreprise. Je voterai peut-être blanc par protestation, tout en espérant que Macron sera au second tour. »
Un petit silence interrogatif… « Oui, je sais, c’est un paradoxe de plus. »
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