Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Députée « En marche », Martine Wonner rejoint le front anti-GCO

La députée de Strasbourg-Campagne Martine Wonner (LREM) sort de sa relative réserve et appuie les opposants au Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg. Avec le collectif « GCO Non Merci », elle demande à ce que les alternatives à l’autoroute payante, qualifiée de « couloir à camions », soient considérées et intégrées au « Grenelle des mobilités » que chapeaute l’Eurométropole, suite à l’avis sévère de la commission d’enquête publique sur le GCO.

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Les bouchons à Strasbourg, la faute aux véhicules qui traversent la ville ou ceux qui s'y rendent ? (Photo Pascal Bastien / Divergence)

L’avis de l’ultime enquête publique sur le Grand contournement ouest (GCO – voir tous nos articles) de Strasbourg a remis un doute sur le dossier. Car en plus de l’avis négatif, ce dernier est surtout très sévère sur le fond.

Si bien que le front anti-GCO saisit l’opportunité pour (re)présenter ses alternatives, un peu mises à jour, dans le but de les intégrer au Grenelle des mobilités lancé en février par l’Eurométropole.

Et le collectif a enregistré un nouveau soutien notable, la députée de la circonscription Martine Wonner (LREM). Jusqu’alors, elle s’était présentée en « médiatrice » à l’instar du ministre de l’Écologie Nicolas Hulot sur l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes, tout en laissant filtrer quelques critiques sur le projet. Nicolas Hulot justement, elle a enfin eu l’occasion de lui parler personnellement du GCO le jeudi 28 juin.

Martine  Wonner explique s’être faite « une opinion sur le fond » en suivant le dossier depuis son élection en juin 2017 :

« Certes, je suis parlementaire, mais aussi médecin et j’ai aussi le devoir comme d’alerter par rapport à la population, même si pendant plusieurs années d’autres personnes ont mis en avant la pollution comme un argument devant permettre de justifier la construction du Grand contournement de Ouest de Strasbourg. […] L’Alsace est en mauvaise position par rapport à l’incidence des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des études montrent que la pollution augmentent ces AVC. […] Il est indécent de dire que ce Grand contournement ouest pourrait améliorer la circulation. […] Au sein du gouvernement, nous travaillons sur les mobilités. Il est plus que jamais temps de reconsidérer ce projet presque aussi vieux que moi. »

Les critiques de Robert Herrman agacent

Depuis la publication de l’avis négatif, seul le président de l’Eurométropole Robert Herrmann (PS) a réitéré un soutien à l’autoroute à des journalistes de la presse locale, caricaturant un peu au passage les contre-propositions. (« Ceux qui militent contre le GCO ne proposent rien d’autre. Ils parlent de transports doux. Mais peut-on imaginer de mettre des vélos sur l’A35 ? »).

Ces critiques ont agacé les opposants (« Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut entendre »). Car sur l’A35, ils proposent plutôt de séparer les flux entre ceux qui traversent Strasbourg du nord au sud et ceux qui s’y rendent. Ils s’inquiètent en revanche de l’hypothétique transformation de l’autoroute actuelle en boulevard « Il n’y aura une réduction que de 3,8% du trafic dans un tuyau réduit », résume Dany Karcher, le maire de Kolbsheim.

Les bouchons à Strasbourg, la faute aux véhicules qui traversent la ville ou ceux qui s'y rendent ? (Photo Pascal Bastien / Divergence)
Les bouchons à Strasbourg, la faute aux véhicules qui traversent la ville ou ceux qui s’y rendent ? (Photo Pascal Bastien / Divergence)

Le GCO, moins cher que les routes allemandes pour les camions polluants

Nouveauté dans leur argumentaire, les opposants ont aussi calculé qu’emprunter le GCO reviendrait au minimum à 30% moins cher aux camions pendant les heures de pointe (7h – 9h et 16h-19h) par rapport aux routes allemandes parallèles. Et jusqu’à 78% le reste de la journée pour les camions les plus polluants. « Le GCO est la porte ouverte à un trafic international qui n’apporte rien à l’Alsace », embraye Maurice Wintz, vice-président d’Alsace nature.

Face à ce qu’ils qualifient de « couloir à camion », ils renouvellent la demande d’une écotaxe en Alsace à l’heure où l’idée d’une éco-vignette européenne refait son chemin au Parlement européen.

Discours accentué sur la santé

Les anti-GCO ne parlent plus du Grand hamster d’Alsace, mais haussent surtout le ton sur le volet de la santé. Autre nouvelle tête aux côté de Martine Wonner, le médecin Didier Mirabel, habitant de Dingsheim rappelle que le taux d’incidence d’AVC en Alsace en 2014 est de 120,33. « Ce nombre a progressé de manière vertigineuse. On retrouve plus de cas en milieu urbain qu’en milieu rural ».

À l’instar des médecins de Strasbourg Respire, qui ont même écrit au président de la République, il estime que le GCO risque d’aggraver la situation :

« Pendant très longtemps on nous a dit que le GCO allait diluer la pollution. […] Malheureusement, le GCO va induire à mon avis trois types de trafic. Tous les gens qui vont vouloir rentrer dans Strasbourg pour y travailler, donc un trafic supplémentaire sur l’A350, ceux qui vont vouloir échapper au péage et il va y avoir une véritable invasion de camions (sur le GCO ndlr). »

Ils remarquent aussi que le dossier du Transports en site propre ouest (bus TSPO, prévu initialement pour 2020) prend du retard sur la partie de l’Eurométropole. Or sur l’A350 où il doit circuler, c’est là qu’une augmentation du trafic est prévue.

Avec ces arguments, et s’appuyant sur les cinq avis négatifs consécutifs (2 du CNPN, de l’agence française de biodiversité, de l’autorité environnementale et enfin la commission d’enquête publique) ils demandent à ce que leurs propositions soient intégrées dans le Grenelle des Mobilités que chapeaute l’Eurométropole et la Région Grand Est depuis février. « Robert Herrmann pourrait être beau joueur et mettre l’alternative au programme », appuie Luc Huber, maire de Pfettisheim. Nombre d’associations d’usagers des transports en commun et membres du collectif anti-GCO y sont invitées.

Le Coderst se réunira-t-il ?

De manière plus urgente, ils demandent à ce que la réunion du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) consacré au GCO ne se réunisse pas comme prévu à la Préfecture le 19 juillet, le temps de faire le point. L’autorisation préfectorale qui sonne le lancement des travaux définitifs peut en découler.

Quant à la déclaration d’utilité publique initiale de 2008, ils relèvent qu’une des quatre réserves de la commission d’enquête publique était de mettre un revêtement absorbant le bruit, ce qui n’a pas été fait et donc vaut pour un avis négatif.

La veille, Nicolas Hulot, accompagné de tout le gouvernement ou presque annonce l’objectif de « zéro artificialisation nette ». L’autoroute de 24 kilomètres compte-elle dans le calcul ?

Revoir toute la conférence de presse


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