Par rapport à 2017, l’écart s’est resserré partout en France entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le constat est encore plus vrai en Alsace. Marine Le Pen y remporte la moitié des communes et réalise plus de 44% dans trois-quarts des villes et villages, soit mieux que son score national (42,8%). Sans Strasbourg, le score d’Emmanuel Macron en Alsace ne serait que de 54,16%. En incluant la capitale alsacienne, où il réalise son meilleur score (77,6%), il s’établit finalement à 56,54%. Dans le Haut-Rhin, l’écart est encore plus fin, seulement 52,9% pour Emmanuel Macron.
Le barrage a une nouvelle fois tenu
Les grandes villes (Strasbourg, Mulhouse, Colmar, Haguenau…) et le Kochersberg permettent à Emmanuel Macron de remporter la région. Dans les villes, les électeurs de gauche ont donc une nouvelle fois bel et bien participé au barrage républicain. Même si à Strasbourg, qui avait placé Jean-Luc Mélenchon en tête au premier tour, la participation a néanmoins un peu chuté (70% contre 74%). Une exception dans le paysage alsacien, puisqu’autrement la participation est strictement identique à deux semaines plus tôt, à 75%.
Même si le score circulait déjà avant 20h, les partisans d’Emmanuel Macron ont tout de même exulté lorsque les estimations sont apparues à l’écran. Réunis au Tigre comme au premier tour, Anne et Lina, jeunes supportrices d’Emmanuel Macron qui ont pu voter pour la première fois en 2022, apprécient par exemple « le pass Culture » et « les aides » pour les jeunes. Lors de sa venue à Strasbourg, elles ont prises des vidéos avec le candidat pour les poster sur le réseau social Tik Tok.
Mobilisation pour les élections législatives
Chez les élus, différentes priorités émergent parmi leurs attentes pour le quinquennat. Le député Bruno Studer évoque « la planification écologique », inspirée par Jean-Luc Mélenchon, Alain Fontanel rappelle l’importance de nouvelles mesures pour « le pouvoir d’achat » et Pierre Jakubowicz (Agir / Horizons) veut « du changement et des résultats » sur « l’association des citoyens » aux grandes décisions, par exemple avec des référendums et des conventions citoyenne. Membre du Modem, Rebecca Breitman pointe qu’il faudra « réfléchir à mieux travailler avec les autres forces politiques pour être plus représentatifs des valeurs qu’on a envie d’avoir défendues en France pour ne pas avoir Marine Le Pen ou quelqu’un de sa dynastie dans 5 ans ». (les réactions complètes dans notre direct)
Il faut dire aussi qu’au-delà de cette victoire, les différentes composantes de la majorité se scrutent dans la perspective des élections législatives. Aucune investiture n’a encore été donnée. Le Modem, Horizons, Agir, LREM ou Territoires & Progrès font tous remonter des noms de potentiels candidats et candidates pour chaque circonscription. Et la direction de « La maison commune » devra trancher pour trouver un équilibre entre ces formations et tenir compte de la parité homme-femme. Une priorité sera donnée aux sortants s’ils ont donné satisfaction à savoir Sylvain Waserman et Bruno Studer à Strasbourg, ainsi que Vincent Thiébaut autour de Haguenau. La principale intrigue concerne la circonscription 1 à Strasbourg où Alain Fontanel est pressenti. L’ancien premier adjoint et candidat à la mairie indique qu’il va se décider dans la semaine pour briguer une investiture. Le dépôt des candidatures en préfecture est fixé au 15 mai.
Jeanne Barseghian attend une politique différente
L’ambiance était plus fraiche du côté de Kintzheim, où les partisans alsaciens de Marine Le Pen étaient réunis (voir notre reportage). La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EELV), qui avait appelé à voter Macron au soir du premier tour, fait de son côté part de son soulagement. Elle remarque que le RN gagne certes des voix à Strasbourg, mais « de manière nettement moins forte que dans le reste de la France ».
Selon elle, « les votes massifs sont des votes barrage et en aucun cas des votes d’adhésion » et « en aucun cas il ne peut reconduire un quinquennat comme il a pu le faire ». Elle qui espérait « des gages » pour l’électorat de gauche et écologiste qui « se sent méprisé » estime n’avoir pas vus « de signaux forts » dans l’allocution du président. Elle attend une politique différente « dans les actes et les moyens » pour que l’écart avec le RN cesse de se réduire. Elle redoute des économies demandées aux collectivités locales : « si on va vers ça, je considèrerais que rien n’a changé », dit Jeanne Barseghian. Pour les élections législatives à Strasbourg, la maire EELV se dit favorable à une union qui inclut La France insoumise. « Accordons nous sur le fond, y compris sur nos différences, ce n’est pas grave qu’il y ait des nuances à gauche cela fait partie de la démocratie. Mettons nous d’accord sur notre socle en commun ».
Emmanuel Macron bientôt de retour à Strasbourg ?
Signe que le quinquennat s’annonce contesté, dès 20h une cinquantaine de personnes se sont réunies place Kléber pour exprimer leur mécontentement sur l’affiche de ce second tour et manifester dans la ville. Leur banderole arbore « On mérite mieux que ça, avec ou sans papiers », en listant les « travailleurs, chômeurs, jeunes et retraités ».
Emmanuel Macron pourrait être de retour dans la capitale alsacienne le lundi 9 mai pour la Fête de l’Europe, comme l’année dernière, quelques semaines après son meeting mitigé.
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