Dans le petit univers de la culture institutionnelle strasbourgeois, c’est un peu le branle bas de combat depuis quelques mois. Avec les changements de direction au TNS, au Maillon, à l’Orchestre philarmonique (OPS) et l’an prochain à l’Opéra du Rhin et à Musica, une époque se termine. Et pour Alain Fontanel, premier adjoint (PS) au maire de Strasbourg, en charge de la culture, c’est l’occasion de faire pivoter ce petit monde.
Il a dévoilé les axes de sa politique mardi matin devant quelques journalistes réunis au Ceaac :
« La mécanique des budgets fait que le monde culturel peut apparaître figé. Or la culture, c’est le bouillonnement. Il faut réinterroger l’offre, pour répondre aux nouvelles demandes des Strasbourgeois, chaque structure doit trouver des marges d’évolution dans son fonctionnement ».
Comment atteindre ceux qui ne sortent pas ?
Mais ces nouvelle demandes, encore faut-il les connaître. C’est pourquoi deux études sur les publics et les modes de consommation de la culture vont être lancées à Strasbourg, pour comprendre qui va où, pour quel prix et surtout, pourquoi tant de monde ne se déplace pas, malgré des tarifs largement pris en charge par les collectivités, voire gratuits. Les acteurs culturels ont été conviés à une journée d’étude sur ce thème, mercredi 30 septembre. Stanislas Nordey pour le TNS et Frédéric Simon pour le Maillon ont tous les deux mis en place des stratégies pour évoluer.
Pour Alain Fontanel, réconcilier l’offre culturelle avec les publics est un « impératif démocratique », carrément :
Le budget de la culture est le premier de la Ville, il représente un quart des dépenses de fonctionnement. Parmi les premières mesures annoncées, des concerts de l’OPS les samedis soir, et dans les théâtres de la ville, des spectacles débutant à 19h, pour diminuer les frais de garde des enfants ou venir avec eux.
Alain Fontanel aimerait que la rentrée culturelle soit également plus lisible, à l’image de la « Folle journée » à Nantes. Pour ça, une réflexion est en cours avec l’implication de toutes les structures de la ville mais dès la rentrée prochaine, il espère emmener les Strasbourgeois à la découverte de la Coop au Port du Rhin, qui a vocation à devenir une espèce de QG de la création, en draisines à pédales, en profitant des rails du tramway qui seront tout juste posés…
L’avenir assuré de la Coop, incertain de l’Opéra du Rhin
Alain Fontanel espère d’ailleurs que l’Ososphère 2016 aura bien lieu à la Coop, au Port du Rhin contrairement au repli à la Laiterie de cette année. Mais la sécurisation du bâtiment, qui n’a pas été conçu pour accueillir des milliers de personnes et dont l’état général s’est considérablement dégradé, va prendre plus de temps que prévu. Coop Alsace n’a pas transmis de documents listant les parcours des réseaux électriques, d’eau, etc. En attendant, la Laiterie est priée de continuer à accueillir les musiques actuelles à Strasbourg.
Et quand la Coop sera opérationnelle, il sera alors temps de réfléchir au devenir de la Laiterie. En tout état de cause, Alain Fontanel ne veut pas de deux sites concurrents subventionnés.
Quant à l’Opéra du Rhin, Alain Fontanel a fait état d’une étude de l’inspection des affaires culturelles (Igac), selon laquelle rénover le bâtiment existant, place Broglie, coûterait environ 50 millions d’euros et réduirait la jauge maximale de 10 à 15%. Les inspecteurs recommandent d’en construire un nouveau. Pour le premier adjoint, c’est difficilement envisageable :
« On a le choix entre dépenser 50 millions pour ce bâtiment sans régler la question du modèle économique de l’Opéra, qui aurait besoin de plus de places, ou de 150 à 200 millions d’euros pour construire un nouvel opéra, qui nécessiterait de toutes façons qu’on rénove l’ancien. Compte-tenu des efforts demandés partout et des projets engagés, ce n’est absolument pas à l’ordre du jour. »
Qu’en sera-t-il alors de l’opéra ? Mystère. Le premier adjoint a réservé sa réponse après la publication définitive de l’étude de l’Igac. De toutes façons, pour atteindre de nouveaux publics, il faut parfois produire les spectacles « hors les murs », une tendance à laquelle croit beaucoup Alain Fontanel. Alors finalement, les bâtiments, ce n’est peut être pas si important.
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