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Un nouvel agrément pour le centre de primatologie de l’Université de Strasbourg

Le centre de primatologie de l’Université de Strasbourg peut à nouveau accueillir des singes destinés à l’expérimentation animale. La préfecture lui a donné un nouvel agrément début avril.

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Un nouvel agrément pour le centre de primatologie de l’Université de Strasbourg

La victoire a été de courte durée pour l’association Pro Anima. Fin janvier, le tribunal administratif a donné raison à l’organisation opposée aux expérimentations animales, en annulant l’arrêté d’autorisation du centre de primatologie de l’Université de Strasbourg (Unistra) de Niederhausbergen.

Nouvelle enquête publique pour un nouvel agrément

L’Unistra a rapidement corrigé le tir. Dès le début du mois de février, sa présidence a lancé une nouvelle procédure d’autorisation. La préfecture a accédé à cette demande pour le centre de primatologie jeudi 4 avril, comme l’a indiqué à l’AFP le premier vice-président de l’Unistra, Michel de Mathelin :

« Une enquête publique sur l’impact environnemental a été faite. Elle a donné lieu à 158 avis favorables, 1 avis négatif, 2 sans avis et un avis de Pro anima considérant que l’enquête publique n’était pas suffisante. »

Le centre de primatologie, baptisé Silabe pour « Simian Laboratory Europe », héberge en moyenne 800 animaux de neuf espèces différentes. Il est désormais autorisé à poursuivre ses activités décrites sur son site comme « l’hébergement et la fourniture de primates pour la recherche biomédicale, la vente de prélèvements biologiques, la réalisation d’études expérimentales, la formation, la conservation des espèces et l’accueil de chercheurs spécialisés dans le domaine des neurosciences cognitives et du comportement animal ».

134 000 euros de préjudice financier

Pour Pascal Ance, directeur de la plateforme Silabe, c’est la fin d’une période difficile. En l’absence d’agrément pendant deux mois, le centre de primatologie n’a pas pu répondre aux sollicitations « d’une trentaine d’utilisateurs. Parfois ces derniers se sont tournés vers d’autres centres de primatologie, parfois leur projet de recherche a pris du retard. Pour nous, le préjudice financier s’élève à 134 000 euros. »

Le directeur de Silabe regrette aussi une atteinte à l’image du centre de primatologie. Questionné sur les gages donnés aux opposants aux expérimentations animales, Pascal Ance répond :

« On souhaite tous pouvoir se passer des animaux à des fins scientifiques. On y arrive tout doucement, mais il faut encore du temps. En attendant, les scientifiques ont besoin des primates. On ne fait de l’expérimentation sur les animaux par obsession mais par nécessité. On le fait en prenant en compte des méthodes alternatives et substitutives en partie. Il faut arrêter d’opposer les défenseurs des animaux et ceux qui les utilisent pour la science. Ce discours creuse le retard qu’on connait vis-à-vis des États beaucoup plus laxistes sur la protection des animaux. Il faut garder la recherche en France, qu’elle puisse rester compétitive, répondre à des enjeux de santé publique et dans des conditions éthiques meilleures qu’ailleurs. »

Une ancienne association pour s’affranchir de règles

C’est un vieux dossier sur lequel Rue89 Strasbourg s’était beaucoup mobilisé. Le centre de primatologie, installé depuis 1978 dans le fort Foch de Niederhausbergen avait deux activités : l’étude des primates et le placement en quarantaine de singes importés d’Afrique, avant qu’ils ne soient envoyés dans des laboratoires européens.

En 2011, l’Université de Strasbourg, gestionnaire du lieu, avait discrètement créé une association pour le développement des liens entre l’université et les entreprises dans l’industrie de la santé (Adueis). Cette filiale permettait à l’Unistra de facturer ses prestations auprès des laboratoires en s’affranchissant des règles contraignantes appliquées aux établissements publics. Rue89 Strasbourg avait révélé qu’une enquête judiciaire avait été ouverte pour « détournements et abus de confiance ». En 2017, l’Unistra a tout aussi discrètement procédé à la dissolution de cette association, pour reprendre directement le commerce de singes.

En décembre 2023, France3 Grand Est diffusait un reportage en immersion dans le centre de primatologie. Pour en savoir plus sur les conditions d’exploitation des 600 singes et les visions des scientifiques qui travaillent pour Silabe, le documentaire est à visionner ici.


#centre de primatologie

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