Le Festival européen du film fantastique, c’est un peu l’Halloween des Strasbourgeois, un rappel que les ténèbres vont s’abattre pendant six mois sur la ville. Alors autant accueillir dignement les zombies, ghoules, vampires, spectres et autres créatures de cauchemar avec dix jours de festival, cette année de vendredi 12 au dimanche 21 septembre, dans presque tous les cinémas de Strasbourg.
Et cette année, l’équipe qui porte ce festival depuis sept ans reçoit son dieu, son maître de tout, son Cthulhu : Tobe Hooper, le réalisateur de Massacre à la Tronçonneuse (1974) et de Poltergeist (1982) entre autres, des canons du cinéma fantastique. Lorsqu’il en parle, Daniel Cohen, le directeur artistique du festival, a du mal à contenir une certaine fébrilité :
« Tobe Hooper a 71 ans, il se déplace peu et encore moins en dehors des États-Unis. Grâce à la ressortie en blu-ray de Massacre à la tronçonneuse à l’occasion de ses 40 ans, on a eu une chance inouïe de le rencontrer à Cannes et d’avoir pu lui parler de notre festival, de la compétition européenne… Il a accepté de présider notre jury longs métrages. C’est pour nous une consécration pour l’ensemble de notre travail et nous sommes très très heureux de pouvoir le faire venir à Strasbourg. »
Du coup, le Festival européen du film fantastique (FEFFS) programme une bonne partie de ses films, dont les deux premiers Massacre(s), Eggshells, Le crocodile de la mort, Poltergeist et Lifeforce : l’étoile du mal et lui consacre une « master class » dimanche 14 septembre. Tobe Hooper sera accompagné par Juan Martinez Moreno et Xavier Palud pour composer le jury de la sélection officielle. Car on le sait peu, mais le FEFFS intègre l’étape française de la compétition internationale du film fantastique, décernée chaque année en octobre à Sitges en Catalogne. Le film primé par un Méliès d’argent par le jury de Strasbourg aura le droit de concourir à Sitges.
Un festival de potes, de 10 000 potes quand même
Pour Daniel Cohen, cette compétition est le socle du FEFFS, mais ce n’est pas l’essentiel :
« Le festival a démarré en 2006 comme une aventure de copains qui voulaient partager des films rares, comme ceux produits par la Hammer par exemple. Le cauchemar de Dracula, Frankenstein s’est échappé, La malédiction des Pharaons… J’ai grandi avec ces films là. C’est en allant dans d’autres festivals qu’on s’est rendu compte que de nombreux films fantastiques étaient produits, mais que personne ne les voyait. On a alors créé le Spectre Film Festival et on a intégré la compétition européenne en 2008. Et chaque année on rajoute une brique : en 2009 la zombie walk, en 2010 le village fantastique, les courts métrages, etc. Mais on veille à garder l’aspect communautaire, c’est l’âme du festival. »
Et la brique de 2014, c’est l’intégration de l’UGC Ciné-Cité dans la liste des salles du festival, le complexe proposera tous les jours le film prévu pour la séance de minuit, le lendemain à 18h. La 7e édition propose 120 projections et intègre, outre les deux compétitions cinématographiques, un concours de jeux vidéos (indie game contest), des expositions et des rendez-vous (voir le programme complet dans l’agenda des sorties).
Porté par la « geek culture »
Plus de 10 000 entrées ont été comptabilisées en salles en 2013, et l’organisation estime à 6 000 le nombre de visiteurs aux différents événements périphériques, dont 3 000 à la fameuse zombie walk… Le festival est lui-même devenu un monstre !
Daniel Cohen reconnaît que le festival bénéficie de vents porteurs :
« La culture geek a le vent en poupe, c’est clair et ça se traduit dans le cinéma, quand on voit que des réalisateurs aussi talentueux que Kevin Smith ou Guillermo Del Toro lisent des comics, jouent aux jeux vidéos… Pour autant, le FEFFS n’est pas réservé aux geeks. C’est d’abord pour les amoureux du cinéma, avec un côté festif et un côté ludique. »
Avec un budget d’environ 180 000€, le Festival est financé pour plus de la moitié par la Ville de Strasbourg (115 000€), puis par la Région Alsace (14 000€) et le ministère de la Culture (9 000€). Le reste provient des recettes issues des partenaires privés et d’une part des entrées en salles. Une cinquantaine de bénévoles sont mobilisés pendant les dix jours du festival. Daniel Cohen est salarié à temps plein toute l’année, mais c’est le seul permanent. Le reste de son équipe est composé d’une poignée de CDD et de personnes en contrats aidés.
Dix jours de festivals bien remplis de 14h à minuit
Impossible de lister ici tous les rendez-vous proposés par le FEFFS, mais signalons tout de même le film d’ouverture, These Final Hours, où l’on s’interroge sur ce qu’il se passerait s’il ne restait plus que quelques heures à l’humanité :
Quant au film de clôture, il s’agit de Predestination, avec Ethan Hawke, où l’on suit un agent temporel en lutte contre la criminalité à différentes époques :
À noter également dans la programmation, une rétrospective sur… le Diable avec la projection de 9 films qui lui sont directement consacrés, dont Rosemary’s Baby, Angel Heart avec Robert De Niro, et évidemment L’Exorciste.
La troisième rétrospective, la « Nuit Cannon Testosterone » samedi 20 septembre au Star St-Ex, est dédiée aux muscles, puisqu’elle propose trois films de la Cannon, une société de production qui a lancé Over The Top avec Silverster Stallone, Bloodsport avec Jean-Claude Van Damme et Portés Disparus avec Chuck Norris.
Et impossible de passer à côté de la diffusion des trois premiers épisodes d’Intrusion, jeudi 18 septembre à 20h au Vox. Une série dans laquelle un pianiste est victime d’hallucinations a été réalisée à… Strasbourg par Xavier Palud, l’un des membres du jury de la compétition officielle.
Aller plus loin
Sur Strasbourg Festival : le site officiel du FEFFS, télécharger le catalogue (PDF) et la grille horaire (PDF).
Sur Rue89 Strasbourg : la programmation du Festival européen du film fantastique
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