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Second album des Strasbourgeois Absurdity : « le metal, c’est une énergie »

Fi des clichés éculés sur le metal car le fan de metal est avant tout un fidèle passionné. Un amoureux. Absurdity le sait bien. Le groupe strasbourgeois publie son second album, « Undestructible », et le présentera samedi sur scène à Strasbourg et le samedi 18 octobre à Sélestat.

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Absurdity

Absurdity
Le groupe strasbourgeois Absurdity, bientôt à la Maison Bleue de Strasbourg et au Rock Your Brain Fest de Sélestat (Photo Charlotte Aleman)

De l’écho, une ambiance anxiogène, une progression de ce sentiment d’angoisse renforcée par une lointaine rumeur jusqu’à l’explosion qui lance les hostilités à coup d’invectives gutturales voire sépulcrales. Voilà comment on pénètre dans l’univers d’Undestructible, la nouvelle production du quintette strasbourgeois Absurdity, via le morceau d’ouverture, Prelude : First Infected. Près de quatre minutes d’un souffle ébouriffant, décoiffant, décapant.

C’est de la puissance à l’état pur, la substance-même d’un death metal teinté de hardcore. Kézako ? Oui, le metal – mais pas uniquement –, ça jargonne beaucoup ! Évitons alors de décliner tous les sous-genres de cette grande famille, réunissant sous son toit fans et inconditionnels de heavy, thrash, grind, black, doom, indus, pagan voire symphonique metal. Pour faire simple, le millésime 2014 d’Absurdity est bien corsé et il a du corps.

La toute première dégustation, très relevée et intitulée Wounded Animal, a été concoctée sur le vif :

Undestructible sortira dans un premier temps lundi en France, à 1 000 exemplaires, dans les bacs des disquaires ainsi que sur les plateformes de téléchargement. Enregistré et mixé aux Supersize Studios de Budapest, Undestructible – comme son prédécesseur D:/ Evolution (2011) – sort sur le label strasbourgeois Urban Death Records et bénéficie de la distribution, en France et en Europe (certainement au printemps 2015), de Season of Mist, l’une des références du genre metal avec, dans son catalogue, des pointures comme Benighted (crédité en invité sur Undestructible, ainsi que Dagoba), Eths et Inquisition.

Du lourd pour des Strasbourgeois aguerris

En somme, du lourd, du gros lourd et une bien belle carte de visite pour Absurdity. Car les Strasbourgeois – Ricardo Gomes au chant, Erik Escoffier et Damien Dausch aux guitares, Mate Gabnai à la basse, Arnaud Seebald à la batterie – ne sont pas des perdreaux de l’année. Les scènes, les tournées, les concerts, ils connaissent.

Avec plus de 200 dates à leur actif, ils ont sillonné les routes d’une vingtaine de pays européens, allant jusqu’en Crimée en passant par la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Slovénie, la Scandinavie ainsi que des destinations plus proches, Suisse, Allemagne et Autriche en tête. À l’été 2012, Absurdity accompagne les mythiques Américains d’Immolation sur l’intégralité de leur tournée européenne, sans omettre, également, des programmations à l’affiche des deux plus grands festivals français de metal, le Hellfest à Clisson et le Motocultor en Bretagne.

Pour appréhender Absurdity en live, voici un extrait de l’un des concerts de la tournée de son précédent album, D:/ Evolution :

Les présentations sonores et visuelles étant faites, qui est exactement Absurdity ? Voici quelques éléments supplémentaires d’identification avec Erik Escoffier, l’un des guitaristes du groupe :

« Avec nos deux albums (ndlr, D:/Evolution et Undestructible), on essaie d’être au mieux dans le style death metal, c’est-à-dire un style de metal axé sur la rapidité d’exécution et sur une technique avec beaucoup d’agressivité via, notamment, le chant et les riffs de guitare. Par exemple, on se sent proche artistiquement de groupes comme Gojira (en live au Hellfest 2013), Napalm Death (en live au Hellfest 2012) ou Fear Factory (en live en 2012 à Sacramento), parce que ces groupes expriment le côté primal de la musique, l’énervement.

Et d’ailleurs, dans les thèmes qu’on développe sur Undestructible, on est dans l’engagement, l’action, la volonté de faire prendre conscience aux gens que notre monde va mal, mais on cherche à apporter une réponse positive au pessimisme ambiant. Auparavant, en revanche, on décrivait simplement un futur post-apocalyptique, on avait une vision cynique des choses »

Tordre le cou aux clichés sur le metal

Absurdity exprime donc sa rage durant une quarantaine de minutes. Mais le metal est-il forcément synonyme de cris, de noirceur et de violence ? Erik Escoffier s’est prêté au jeu des questions/réponses pour tordre le cou à certains clichés du metal.

Le metal est-il violent, sanguinolent et bruyant ?

La musique est violente, les gens ont l’air méchant, ils portent très souvent des t-shirts noirs (ceux des groupes qu’ils aiment) mais l’ambiance des concerts est toujours super ! Je pense que que le public métalleux est le public le plus zen du monde, le plus gentil qui soit. En fait, la musique metal est avant tout un canal de défoulement. Tu vois clairement ça quand il y a des pogos ou des « braveheart », c’est super physique mais pas trop dangereux, d’autant que les gens s’entraident immédiatement si quelqu’un tombe ou se fait mal.

Le metal est-il le « rock du diable » ?

Le metal, c’est avant tout un petit-enfant de la grande famille du rock. Les références au diable et à Satan, c’est donc une façon de plus d’essayer de choquer et c’est caractéristique, uniquement, au seul courant du black metal où la musique peut être considérée comme le moyen d’aller vers Satan. Pour moi, le metal, c’est une énergie. Soit tu la prends en pleine face et c’est un mur auquel tu te heurtes, soit tu te l’appropries. Et dans ce cas-là, toutes les émotions passent.

Un métalleux aime-t-il forcément le noir ?

Avec le metal, on est dans une imagerie violente, donc c’est difficile d’être à un concert avec un verre de lait et une tranche de gâteau pour le goûter. Tu verras donc bien plus des métalleux boire de la bière dans un concert. Et des gens porter du noir car il y a une imagerie spécifique au metal. C’est un état d’esprit mais aujourd’hui, de moins en moins de groupes s’enferment là-dedans. Tu peux développer une partie de ton identité comme ça, mais actuellement, le metal n’est plus underground, ça ne s’écoute plus dans des caves ! Au contraire, ça se démocratise avec internet et aussi avec le Hellfest.

Quand on joue du metal ou qu’on aime le metal, faut-il forcément porter le cheveu long et tourner la tête en criant « Die » ?

Tout ça, ça fait partie d’une chorégraphie rituelle. Evidemment, il y a cette volonté d’essayer de se démarquer dans le look mais on peut être métalleux en costard cravate et travailler dans un bureau. En fait, aujourd’hui, les tatouages comme les cheveux longs ou la barbe, ce n’est plus seulement réservé au public metal.

Quand un groupe de metal chante, on a souvent du mal à comprendre les paroles derrière les sons gutturaux ou les onomatopées. Pourquoi ?

(Rires) C’est avant tout une habitude d’écoute. Mais je pense que le chant guttural, rauque, profond, est une histoire de logique ou de cohérence, c’est une façon d’appuyer le propos d’autant que les textes parlent bien souvent d’une vision sombre voire pessimiste du monde. Ça porte bien plus de chanter comme ça, avec de grosses guitares et une batterie rapide. Au final, c’est le message global qui est plus important que les paroles dans le détail, c’est une ambiance général qu’on saisit en concert et je pense que, comme ça, le message passe toujours. Sinon, pour comprendre les textes, on peut lire les paroles dans le livret de l’album…

Le milieu du metal est-il un milieu macho ?

Non, c’est un milieu mixte. Mais il y a tout de même plus d’hommes sur scène ou dans le public.  Quand tu regardes dans les concerts, on est sur une proportion à deux tiers d’hommes et un tiers de femmes.

As-tu quelques conseils à donner pour faire aimer le métal ou susciter l’adhésion du grand public ?

Il faut être curieux et ouvert. Aller à un concert, se laisser porter, se laisser séduire. Il ne faut pas lutter contre avec des a priori sonores ou physiques car tu te heurterais d’emblée à un mur. Et si ça se trouve, tu passerais à côté de quelque chose susceptible de bouleverser ta vie… Au pire, si tu n’aimes pas, on ne peut pas te forcer car, mine de rien, il faut le reconnaître, le metal n’est pas le style le plus facile ni le plus abordable.

Y aller

Release party de l’album Undestructible d’Absurdity, le 11 octobre à la Maison bleue à Strasbourg (il reste encore quelques places) et surtout le 18 octobre pour le Metal Day du Rock Your Brain Fest à Sélestat.

 

Aller plus loin

– Cette série très didactique et illustrée sur le pourquoi du comment du metal signée Metalliquoi
– Reportage court pour démonter quelques-uns des clichés sur le metal : France 4 : monte le son !
– Reportage très intéressant au festival Hellfest : le metal expliqué à ma mère
– Une sympathique pastille parodique de PV Nova sur le Dark Heavy Thrash Grind Core. Hilarant !


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