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À la Laiterie, la pop fringante et puissante des Dandy Warhols vendredi

Elevé au rang de groupe culte, The Dandy Warhols s’arrêteront à la Laiterie vendredi 27 mars pour distiller leur pop psychédélique empreinte de rock garage et de guitares saturées sur fond d’hymnes imparables. Une date d’autant plus exceptionnelle que le combo américain ne se produit que sur quelques scènes hexagonales.

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The Dandy Warhols

The Dandy Warhols
The Dandy Warhols seront sur la scène de la Laiterie le 27 mars (Doc. remis)

Leur nom évoque dans la seconde le père du pop art, l’architecte et tenancier de la Factory new-yorkaise qui vit défiler tout ce que la jet-set mondiale des années 60 et 70 comptait de « superstars », de Dali à De Niro, de Burroughs à Dylan, de Nico au Velvet. Le point de convergence de ces célébrités construites bien plus longtemps qu’en un quart d’heure s’appelle Andy Warhol. Et quand on voue une admiration sans borne au Velvet et à Warhol, quel meilleur hommage que d’adopter un nom de scène si éloquent !

A poil sur scène pour se faire connaître

1993 : année de naissance des Dandy Warhols à Portland, Oregon. Courtney Taylor-Taylor et Peter Holmström se rencontrent à l’université, puis recrutent la jeune Zia McCabe à la basse et aux claviers ainsi que le premier batteur des Dandy, Eric Hedford (qui sera remplacé quelques années plus tard par l’actuel cogneur, Brent DeBoer). Le groupe de potes commence à se faire connaître à Portland, avec un son garage un peu crade mais énergique et puissant, mélangeant aussi la culture britpop de l’époque incarnée par les frères ennemis de la scène anglaise d’alors, Oasis et Blur.

Mais surtout, les Dandy Warhols comprennent bien qu’il faut se faire remarquer pour percer. Quoi de mieux, dans ce cas, que de jouer quelquefois à poil, de surcroît de la bonne pop-rock qui fait bouger ? C’est ainsi que débute l’aventure, avec une proposition de premier album émanant du label Tim Kerr Records de Portland : Dandy’s Rule OK sort en 1995 et remporte un joli succès qui attire Capitol Records. Les Dandy Warhols signent et sortent en 1997 un deuxième album (The Dandy Warhols Come Down) bien moins abrasif, plus lisse disent déjà les détracteurs, à l’ADN fortement teinté de britpop et d’influences psychédéliques, porté par ce single imparable :

La consécration en 2000

Suivront deux autres hits au grand retentissement qui porteront progressivement ces quatre gosses turbulents de Portland au sommet : Boys Better et Every Day Should Be a Holiday, popularisé, également, grâce au succès du film Mary à tout prix. Les Dandy Warhols explosent sur la planète du rock indé, tout le monde se les arrache, le groupe squatte la presse spécialisée. Le troisième disque, Thirteen Tales from Urban Bohemia (2000), marque la consécration. Pas moins de six singles sur cet album de treize titres. Le plus illustre :

Et pour se faire plaisir, retenons aussi Get Off, Godless, Horse Pills, Mohammed, Nietzsche. Entre énergie décapante et nappes bien planantes, voici les Dandy Warhols au faîte de leur carrière. Mais aussi au zénith de leurs excès : drogues, mégalo, sexe, addictions en tous genres.

Dandy Warhols vs Brian Jonestown Massacre

Un documentaire retrace ce sublime parcours chaotique, cette progression en clair-obscur de quatre jeunes frappés de plein fouet par la gloire. Dig !, de la documentariste Ondi Timoner, met en parallèle, sept années durant, les Dandy Warhols (emmenés par Courtney Taylor-Taylor) et The Brian Jonestown Massacre (d’Anton Newcombe), deux formations dont la vieille amitié va voler en éclats.

Les trajectoires divergent, entre l’ambition mal assumée de Courtney Taylor-Taylor qui aimerait malgré tout bien croquer le gâteau, et l’auto-sabotage du diabolique et envieux Anton Newcombe qui contribuera à faire de Brian Jonestown Massacre le mythe d’un groupe à la carrière manquée. À l’image de Love, d’Arthur Lee, qui n’a pas su grandir dans l’ombre des Doors. Dig ! remporte un succès international, auréolé de son grand prix du jury au festival du film de Sundance.

Adoubés par Bowie

Parallèlement, The Dandy Warhols sortent un quatrième album évidemment très attendu : Welcome To the Monkey House (2003) qui assume une double filiation avec le Velvet Underground (la banane sur la pochette, rappelant The Velvet Underground & Nico) et les Rolling Stones (la braguette qui évoque Sticky Fingers). Changement de ton radical : des sonorités électro, beaucoup de synthés, une influence à rechercher dans la folie des années 80 (le producteur s’appelle Nick Rhodes de Duran Duran). Et un single, devenu un classique des Dandy, We Used to be Friends :

En à peine dix ans, les Dandy Warhols se sont fait un nom. Sans pour autant devenir des stars lisses faisant fructifier leur capital. Non, ils brûlent la chandelles par les deux bouts, se consument deux fois plus vite, pour deux fois plus de plaisir. Sans calcul, au feeling, afin de tenter de se réinventer en permanence. Voilà peut-être aussi pourquoi David Bowie les adoube pour son grand retour sur scène en 2003, à l’occasion de la tournée Reality Tour. Les Dandy assurent la première partie européenne du Thin White Duke tout comme le feront aussi d’autres fantasques imprévisibles, les Canadiens d’Arcade Fire.

Un souffle incendiaire en live

Mais depuis 2003-2004, les Dandy Warhols semblent s’essoufler, manquer d’inspiration. Trois albums publiés et des sentiments mitigés à trois reprises. Odditorium or Warlords of Mars (2005), Earth to the Dandy Warhols (2008) et This Machine (2012) ne parviennent pas à captiver malgré un très bon niveau musical et une production toujours léchée. Mais il manque cette folie qui portait le groupe et qui le débridait durant ses folles années.

À l’écoute de ces trois derniers albums, on a le sentiment de se retrouver avec d’anciens alcooliques qui se tiennent à leur vœu de sobriété absolue et d’abstinence. Gageons que le prochain disque des Dandy Warhols, prévu courant 2015, saura à nouveau surprendre tout comme le groupe sait encore le faire sur scène, retrouvant en live ce souffle incendiaire qui a contribué à sa légende.

Y aller

Le 27 mars à partir de 20h à la Laiterie, 13 rue du Hohwald. A noter que la bassiste et claviériste Zia McCabe, alias DJ Rescue, mixera en after au Mudd Club, 7 rue de l’Arc-en-Ciel, à partir de 23h (britpop, rock, indie dance 80’s).


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