Les sièges bleus légèrement inclinés sous la verrière de la gare de Strasbourg ont disparu. Depuis le milieu de l’été, une partie de cet ancien espace est laissé aux terrasses des enseignes « Le comptoir de Maître Kanter » et « Meet&Go ».
Au comptoir d’informations, les agents indiquent que ce retrait est « une décision de Paris », c’est-à-dire de la direction, et signalent qu’il est possible de s’installer gratuitement aux terrasses, sans consommer.
Une petite pancarte l’indique
En effet, une affichette devant les nouvelles terrasses précise cette possibilité. Pas très grande, elle n’est écrite qu’en français et propose de donner son avis sur cette nouveauté.
Mais de loin, une terrasse n’est pas aussi engageante que les sièges habituels, présents dans de nombreuses gares de France, quand on ne souhaite pas consommer. Sous la verrière, tout le monde n’est pas averti de la mesure et on retrouve d’ailleurs des usagers assis par terre ou sur les petites marches de l’ancienne façade. Mais aussi quelques personnes attablées sans consommation.
Passagers perdus
Sur le quai numéro 1, Wine John Robert, un touriste australien qui ne parle pas français a trouvé refuge sur l’un des bancs face aux rails :
« Je ne sais pas si mon train part d’ici. Je ne suis là que parce que c’est le seul endroit pour s’asseoir. J’ai trouvé bizarre de ne pas trouver de siège, c’est vrai. J’ai même hésité à m’asseoir sur ma valise dans le hall. C’est inhabituel pour moi, car en Australie, on ne peut pas accéder à un quai sans billet. »
Une gratuité bientôt mieux indiquée
Florence Kraemer, directrice de la gare de Strasbourg reconnait qu’il y a des marges de progression sur la signalétique. Mais elle voit dans ce changement une amélioration :
« Ce qu’on doit travailler c’est d’indiquer clairement que l’on peut s’installer en étant consommateur ou non, même avec son propre sandwich ou sa boisson. Il est aussi possible de venir sans billet, pour attendre quelqu’un. L’espace a l’air plus petit, mais il y a 70 places contre 50 par le passé. Ce que l’on offre, c’est une possibilité en plus, avec des boissons et de la petite restauration, pas quelque chose en moins. Il y a aussi des tables, alors qu’il n’y en avait pas avant. C’est un premier pas vers une attente plus agréable. »
Néanmoins ces chaises et tables ne sont qu’accessibles qu’aux heures d’ouverture des deux commerces, soit de 6h à 20h30. La gare est de son côté ouverte de 4h45 (5h les week-ends) à une heure du matin. « Une amplitude horaire large » et en début et en fin de journée les sièges seraient moins utilisés, justifie Florence Kraemer.
Loyers inchangés
Les loyers des commerces n’ont pas été augmentés. En revanche, une augmentation de leur chiffre d’affaires est espérée, sachant qu’une partie est reversée à la SNCF, plus précisément à la filiale Retail & Connexions.
Éric Tonnelier, directeur du Développement à l’Agence Gares Est Européen, précise que l’installation est provisoire pour des questions de sécurité, avant d’être plus avenante :
« L’installation s’est faite sous la supervision des pompiers. La configuration actuelle est provisoire avec ce petit mobilier incombustible. Une étude est lancée pour pouvoir installer un espace plus large, plus agréable et mieux indiqué, le tout dans les conditions de sécurité de la grande verrière, qui sont assez strictes. »
Astus et Fnaut circonspects
L’Association des usagers des transports urbains de l’agglomération strasbourgeoise (ASTUS) et la section Grand Est de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT) ont déploré la situation dans un communiqué, où ils fustigent une décision « sans aucune vraie concertation avec les représentants des usagers / clients / voyageurs » :
« Il est à craindre que, subrepticement, la possibilité d’usage gratuit disparaîtra : il faudra alors payer pour s’asseoir, comme il faut payer de longue date pour aller aux toilettes, de plus en plus cher (0,50€, puis 0,70€ et maintenant 0,80€), aucun des cafés n’offrant de toilettes gratuites, contrairement aux autres cafés de la place ou d’autres gares dans d’autres villes ! »
L’association s’interroge aussi sur l’attitude des commerçants, lorsque ces espaces accessibles à tous seront pleins et qu’un client « demandera légitimement à s’asseoir pour consommer ».
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