« Le coup de grâce, ça a été la fermeture du Carrefour Express en octobre 2019. » Samedi 22 février, vers 9 heures, Irène Liévrement explique son engagement sur la liste municipale « Un avenir pour Erstein » tout en distribuant des tracts sur la place des fêtes. Cette ancienne cadre dans la formation santé est partie à la retraite il y a peu. Elle a alors « découvert que sa commune était pleine de commerces fermés ».
L’Ersteinoise a donc décidé de soutenir le candidat Michel Andreu Sanchez. Cet étudiant en droit de 23 ans et adhérent du parti « Les Républicains » dirige la liste « Un avenir pour Erstein », étiquetée « divers centre » par la préfecture. « L’équipe en place est en bout de course, on a besoin d’un jeune dynamique », affirme la colistière en souriant.
« La réfection du cœur de ville est en cours »
De l’autre côté de la place des Fêtes, l’équipe de Patrick Kiefer, premier adjoint de la commune, alpague chaque badaud d’Erstein. La tête de la liste « Avec vous pour Erstein » assume le bilan du maire sortant Jean-Marc Willer (sans étiquette, tendance centre gauche).
Après 12 ans passés à la tête de la municipalité, l’édile défend son action pour le centre-ville :
« La réfection du cœur de ville est en cours. Nous avons investi dans un aménagement plus chaleureux du centre. Les voiries ont été refaites en galets et nous avons augmenté le nombre d’arbres sur la place de la mairie. À cela s’ajoute les animations, comme le marché « Parfums de Noël » en décembre ou le renforcement de la Fête de la musique. C’est ainsi que la commune a joué son rôle pour l’attractivité commerciale. »
Zone commerciale contre centre-ville
Jean-Marc Willer sait l’inquiétude des Ersteinois quant au manque de commerces au cœur de la commune. Car le contraste entre centre et périphérie de la ville est saisissant. D’un côté, sur la place de la mairie, l’ancienne maroquinerie Fritsch reste vide, quelques dizaines de mètres plus loin, une papeterie a cessé son activité en janvier 2020.
De l’autre côté, plus d’une dizaine de grandes enseignes comme Leclerc Sport, Eram ou DressCode se sont implantées dans une zone commerciale. Située à l’est de la ville, aurait-elle tué les petits commerces du centre ?
Soutien du projet à la tête de la communauté de communes, le maire sortant se veut rassurant : « On est en pleine phase de transition, assure-t-il, Erstein dispose maintenant d’une offre commerciale complète. » Son dauphin Patrick Kiefer défend lui aussi une « offre complémentaire » constituée par les grandes surfaces. Ces dernières permettraient d’éviter que les consommateurs locaux n’aient à se rendre à Strasbourg ou à Sélestat.
Une subvention… pas assez de commerçants
Dans le bureau des adjoints, le candidat Patrick Kiefer défend d’autres mesures du mandat passé. Au niveau de la communauté des communes, un « animateur de centre-ville » a été recruté pour aider les commerçants à trouver un lieu d’implantation et des subventions.
Une enveloppe d’un million d’euros a aussi permis à 17 commerçants et artisans de bénéficier d’une aide à hauteur de 20% de leurs investissements. « Nous n’avons utilisé que 80% des fonds disponibles », regrette Patrick Kiefer, face à un public d’une trentaine de personnes lors d’une réunion publique dans la soirée du 25 février. Interrogé par une Ersteinoise sur le Carrefour Express fermé depuis 2018, l’actuel premier adjoint assure qu’un « projet d’épicerie de plus de 180 m² pourrait voir le jour dans le bâtiment voisin de l’ancienne maroquinerie. »
Le RN veut une « coopérative agricole » à Erstein
Pour la première fois, le Rassemblement national présente une liste dans la ville. La tête de liste d’extrême-droite défend plusieurs mesures pour le développement économique local. En ce qui concerne les infrastructures, Kevin Diebold, électricien de 24 ans, soutient la « création d’une nouvelle coopérative agricole » et la location d’espaces de vente à une association de producteurs locaux.
Le jeune Ersteinois promet aussi la « mise en place d’un fonds de concours pour la rénovation des vitrines » et un dispositif de chèques-cadeaux « J’achète à Erstein ». Ces deux mesures sont inspirées de celles mises en place par le RN dans des communes conquises en 2014 comme Hénin-Beaumont. La tête de liste de « Rassembler Erstein » propose encore « une suppression de la taxe électricité et une exonération de taxe foncière pendant deux ans pour les entreprises qui souhaitent s’installer à Erstein. »
Pour l’animation du centre-ville, Kévin Diebold souhaite réinstaurer le carnaval d’Erstein et construire un marché couvert sur la place des Fêtes.
Michel Andreu : Erstein, sortir de la « ville dortoir »
Dans son local de campagne en face de l’église catholique d’Erstein, Michel Andreu finalise son programme. Le jeune étudiant en droit, assistant parlementaire de la sénatrice LR Esther Sittler, n’hésite pas à parler de la commune comme une « ville dortoir ».
Il égrène ainsi ses propositions : construction d’une salle des fêtes, implantation d’un hall couvert sur l’actuelle place du Marché et lancement d’un centre socioculturel en plein centre de la ville. Le candidat fustige l’équipe municipale sortante pour le manque d’animation et de manifestations pour dynamiser le centre-ville.
« Des efforts sont faits mais les gens ne viennent pas »
Toutes les listes sont présentes pour tracter au marché d’Erstein ce samedi 22 février. Mais c’est autour du maire et de son premier adjoint qu’un petit groupe de personnes âgées s’est constitué.
Christine et sa sœur s’apprêtent à quitter les lieux. Interrogées sur leur vote le 15 mars, les deux quadragénaires n’ont pas encore fait leur choix. Mais pour elles, une chose est sûre : les plus de 70 ans voteront pour le premier adjoint. « Les vieux aiment le maire d’Erstein, ils votent à gauche. » Dans cette commune de près de 11 000 habitants, 40% de la population a plus de 70 ans.
Au cœur du marché, le vendeur de bretzels Arnaud Schnee donne un autre avis sur l’action de l’équipe municipale. Cet habitant d’Erbsheim salue les efforts de la commune : « Ils ont innové pour aider les commerces, notamment en installant une patinoire pour le marché de Noël », se souvient-il.
Pour le commerçant, « la population n’estime pas les mesures de la municipalité à leur juste valeur. Il y a des efforts qui sont faits, mais les gens ne viennent pas », regrette-t-il. Du côté des deux jeunes candidats et de leurs colisitiers, on estime au contraire que la fréquentation stagne à cause des décisions passées.
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