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A Cronenbourg, l’autopromo devient plus pro et moins idéaliste

Le constat rendra certains amers, d’autres optimistes : l’autopromotion immobilière se professionnalise à Strasbourg. Exemple à Cronenbourg avec le projet K’Hutte, qui s’intégrera en 2014 dans l’écoquartier de la Brasserie. Il est piloté dès le démarrage par un architecte et des assistants à maîtrise d’ouvrage (AMO). Avec ses 23 lots, cet immeuble est le plus important des projets d’autopromotion dans la CUS. Une douzaine pourraient voir le jour d’ici quelques années.

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A Cronenbourg, l’autopromo devient plus pro et moins idéaliste

L'immeuble K'Hutte devrait être livré en mars 2014 (Document remis)

Pour l’instant, l’autopromotion à Strasbourg, c’est uniquement le projet Eco-Logis, sorti de terre en 2010 aux portes de Neudorf. Deux consultations ont été lancées en parallèle par la ville de Strasbourg, avec une quinzaine de terrains disponibles proposés en 2009 et 2011. Le principe pour remporter un lot : réunir un groupe d’habitants qui proposent un projet d’habitat en commun à la Ville qui leur vend un terrain.

Depuis 2010, des projet peuvent également s’implanter sur des terrains appartenant à la SERS (Société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg) dans le cadre de ZAC (zones d’aménagement concerté, comme autour de la place de l’Etoile ou aux Poteries) ou au sein d’écoquartiers (comme ceux de la Brasserie ou Danube). Comme pour la consultation sur les terrains de la ville, ces parcelles sont réservées à des groupes d’habitants motivés souhaitant se lancer dans l’aventure de la construction d’un immeuble.

K’Hutte, un projet avant un groupe d’individus

Le groupe K’Hutte, 15 personnes physiques ou morales (particuliers, association, sociétés civiles immobilières, praticien, entreprise…) à ce jour, est de ceux-là. Enfin… pas tout à fait. L’architecte Yves Grossiord et l’urbaniste Bertrand Barrère ont repéré ce terrain proposé par la SERS et ils ont souhaité monter un projet en l’absence de groupe constitué.

Ce n’est que par la suite que ces professionnels, rapidement rejoints notamment par quelques particuliers, une association et un chef d’entreprise, ont ouvert plus largement les portes du groupe. Bertrand Barrère, devenu consultant indépendant et assistant à la maîtrise d’ouvrage (AMO) sur ce projet sous l’étiquette Unanimm, explique :

« Nous avons passé toute l’année 2011 à faire un casting des personnes intéressées. Nous avons reçu énormément de gens, dont il a fallu évaluer les besoins, les possibilités financières et la capacité à s’intégrer dans le groupe existant. Sur six personnes rencontrées en moyenne, une seule s’est engagée. »

Le projet compte donc 15 personnes aujourd’hui, qui ont signé pour l’achat de 19 lots sur 23.

Les logements sont tous traversants, la plupart équipés d'une terrasse et d'une cave (Document remis)

Il en reste quatre à acheter (un T1, un T2, un T3 et un T4), qui représentent 15% de la surface totale. Les travaux, qui pourraient démarrer cet hiver, ne seront engagés qu’une fois la totalité des lots vendus. Les prix : entre 3 000 et 3 600€ du mètre carré. En sachant que les propriétaires bénéficient d’espaces communs à tous : une terrasse sur le toit avec des préaux, un atelier de bricolage au rez-de-chaussée, des espaces de rangement extérieur sur les passerelles en étages, une buanderie, etc.

Sortir l’autopromo de la marginalité

Un groupe qui ne préexistait pas au projet, des professionnels qui font de K’Hutte leur carte de visite (le cabinet d’architecture Grossiord sera installé au rez-de-chaussée du bâtiment), des lots vendus à des investisseurs qui ont prévu de louer avant d’y habiter… Est-on encore dans de l’autopromotion ? Oui, selon Dominique Biellmann, l’un des futurs habitants, qui voit dans cet immeuble « un projet de vie ».

Oui encore, à écouter Alain Jund, adjoint au maire de Strasbourg en charge de l’urbanisme :

« Avec K’Hutte, on est moins dans l’entre-soi… C’est une nouvelle étape de la construction en autopromotion à Strasbourg. En plus de l’esprit militant, il faut un élément professionnel dans le projet. C’est essentiel sinon l’autopromotion restera marginale dans les constructions en ville.

Il faut aussi une reconnaissance politique de l’autopromotion. Ce sera le cas avec la loi-cadre sur le logement de Cécile Duflot en 2013. Ainsi les banques, les notaires et les assureurs ne regarderont plus les autopromoteurs avec des yeux ronds quand ils arriveront dans leur bureau avec leur projet… »

Mais non, pourraient arguer certains autopromoteurs engagés dans des projets moins cadrés (habitat groupé en milieu rural, coopératives d’habitants), K’Hutte n’est plus vraiment de l’autopromotion… Nombreux sont les adeptes de ce système de construction alternative qui, peut-être, ne souhaiteraient pas se projeter dans une copropriété classique, ce que deviendra automatiquement un an après la livraison du bâtiment la société civile coopérative de construction et de vente (SCCCV) de K’Hutte.

Trois permis de construire délivrés, à la Krutenau et à Cronenbourg

Aujourd’hui dans la communauté urbaine de Strasbourg, trois groupes d’autopromoteurs issus de la première consultation menée par la ville ont reçu leurs permis de construire, deux à la Krutenau et un à Cronenbourg. Quatre autres groupes ont été retenus à l’issue de la seconde consultation, trois à Neudorf et un à la Robertsau. Leur programme est en cours de montage financier et tous sont ou seront épaulés par un assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO). Un métier qui a de beaux jours devant lui.

Du côté des terrains de la SERS, cinq lots sont d’ores et déjà attribués à des groupes constitués, affirme Eric Fullenwarth son directeur général : deux sur la ZAC Etoile, deux sur l’écoquartier Danube et un aux Poteries. Parmi ces lots, trois sont en accession sociale à la propriété. C’est un bailleur social, Habitat de l’Ill, qui jouera le rôle d’AMO. Un autre lot est réservé à Illkirch-Graffenstaden. Soit une douzaine d’immeubles conçus par leurs habitants, sortiront de terre d’ici la fin de la décennie.

Aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : Strasbourg met la main sur l’habitat participatif


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