Route du général de Gaulle, à Bischheim, le bus C9 s’arrête face à une grande tour immaculée, toute de cubes ornée. Rénové entre 2019 et 2022, le bâtiment accueille 66 logements et un pôle socio-éducatif au rez-de-chaussée. Il est le symbole de l’avancement du renouvellement urbain du quartier des Écrivains, à Bischheim, une opération prévue pour se terminer en 2030.
À l’occasion de son inauguration, Catherine Vautrin, présidente de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), a fait le déplacement. « Ce quartier représente bien le but de l’Anru : mettre l’humain au coeur de l’urbain », sourit-elle face à la foule de représentants d’institutions et de journalistes dans le petit hall d’immeuble.
Dix ans de travaux pour rénover
Entre 2019 et 2030, le second plan de renouvellement urbain de l’Eurométropole de Strasbourg comprend sept projets, parmi lesquels celui du quartier des Écrivains, entre Schiltigheim et Bischheim. Il fait partie du quartier prioritaire de la ville « Quartiers-Ouest » : 345 logements vont y être requalifiés (rénovés), 605 résidentialisés (privés), 302 seront construits et 336, détruits. Plus de 6 000 personnes habitent le quartier.
Une maison de l’enfance sera opérationnelle mi-janvier 2024 et le groupe scolaire Victor Hugo est en construction depuis fin 2023, afin d’accueillir 600 élèves de Schiltigheim. L’association des parents d’élèves des Écrivains a désormais un local avec pignon sur rue pour le soutien scolaire et une ludothèque a aussi été créée pour les habitants, rattachée au centre social et familial Victor Hugo.
En tout, le renouvellement urbain de ce quartier coûtera 113 millions d’euros, dont la moitié payée par le bailleur Alsace Habitat, 17,4 millions par la Ville de Schiltigheim et 21,7 millions par la Ville de Bischheim. Le reste étant pris en charge par l’État.
Cette rénovation va de pair avec l’extension du tram vers le nord, qui doit relier le centre ville de Strasbourg à Schiltigheim et Bischheim. Elle s’inscrit également dans le contexte de la rénovation de la gare de Bischheim – ou pôle multimodal – où une passerelle piétons et vélos viendra enjamber la voie ferrée.
Moins de logement social, plus de mixité
« On travaille sur l’éclairage, sur la végétalisation et sur la construction d’un grand parc d’un hectare pour contrer le phénomène des îlots de chaleur », détaille Élise Dietrich, chargée de projet à la Ville et à l’Eurométropole. En montrant un immeuble voué à démolition, elle précise que le nombre de logements restera similaire une fois le renouvellement urbain achevé :
« Il y aura moins de logements sociaux et plus de logements privés. Mais tous les logements sociaux supprimés ici seront construits ailleurs. Nous voulons éviter la sur-concentration de personnes en situation de précarité aux Écrivains. »
Elle conteste l’accusation de vouloir embourgeoiser le quartier et précise le but de cette opération :
« À précarité équivalente, une personne qui habite au Neuhof ou au centre-ville n’aura pas le même parcours de vie. Nous voulons rétablir une égalité des chances en recréant une mixité sociale. »
Sur les 1 252 logements qui constitueront le quartier à terme, 953 seront des logements sociaux et 299 seront privés, ou en copropriété privée.
Des habitants satisfaits
Dans la tour rénovée, Catherine Vautrin interpelle un habitant qui vient de sortir ses poubelles et rentre à nouveau s’abriter du froid. « Comment vous les trouvez, ces rénovations? », lui lance-t-elle joyeusement. « La poignée de la porte du hall marche mal et l’ascenseur a mis du temps à fonctionner », répond-il, à contre-sens des politesses de circonstance, concédant après plusieurs relances que l’immeuble « est quand même plus joli maintenant ».
Un peu plus tard dans la visite, Mourad Lashab, secrétaire de l’Association des parents d’élèves des Écrivains, salue les changements en cours dans le quartier. Avec les 80 places dédiées au soutien scolaire pour l’association, celle-ci peut désormais se concentrer sur ses missions :
« Avant, on était dans des locaux trop petits, puis dans le sous-sol de l’église. Depuis avril 2023, on a ces nouveaux locaux avec des grandes baies vitrées, alors les gens nous voient et ont tendance à venir nous rencontrer plus facilement. Ça nous donne un meilleur ancrage géographique. »
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