La Lolita a 20 ans ! L’association strasbourgeoise fondée en 1993, pionnière des matchs d’improvisation théâtrale, tient son championnat annuel samedi à Schiltigheim.
L’improvisation théâtrale consiste en deux équipes qui « s’affrontent », en devant improviser des sketchs, en s’appuyant de thèmes et de consignes donnés par l’arbitre et le public. Les comédiens prennent des risques, s’aventurent et c’est ce qui fait, souvent, rire. Comme dans une joute entre gladiateurs c’est le public qui décide du vainqueur. L’improvisation théâtrale a évolué en 20 ans, vers des concepts qui s’éloignent des matchs traditionnels mais la Lolita a gardé une discipline stricte.
Multiplication des associations d’impro à Strasbourg
Les autres variantes du théâtre d’improvisation, café-théâtre, théâtre de rue, catch-impro, sont plutôt pratiquées par les nombreuses troupes professionnelles à Strasbourg. Elles sont peut-être trop nombreuses d’ailleurs, plus d’une dizaine et presque toutes fondées par des comédiens issus des rangs de la Lolita.
Entre les multiples spectacles proposés par Les Improvisateurs, Inédit Théâtre, le Théâtre de l’Oignon et les matchs de la Lolita, on pourrait croire que le public sature. Et pourtant, selon Michaël Galmiche, comédien et bénévole dans la Lolita, il n’y a pas de concurrence entre la Lolita et les associations de comédiens professionnels :
« Le public de la Lolita et nos spectacles sont différents de ceux qui existent ailleurs. La Lolita, dont les matchs sont joués dans un centre socio-culturel et non un théâtre ou un cabaret conserve un caractère amateur, spontané, qui attire un public plus jeune, notamment grâce à un prix d’entrée moindre (7 € tarif plein, 5,50 € tarif réduit). »
Hugo Roth, comédien et membre du conseil d’administration de la Lolita, détaille les liens entre les milieux professionnels et l’association amateur:
« Disons que du haut de ses 20 ans, la Lolita est la mère de l’improvisation strasbourgeoise. Elle a donc trouvé sa place et en a donné à beaucoup d’autres. De plus, toutes les compagnies pro aujourd’hui à Strasbourg ont été fondées par des comédiens qui sont un jour ou l’autre passés par la Lolita. Et d’ailleurs, pas mal de comédiens sont encore à la Lolita. »
Entente cordiale entre la Lolita et les troupes
Avec l’émulation que suscite l’improvisation à Strasbourg, et vu la place particulière qu’occupe La Lolita, une forme d’entente tacite s’est même instaurée, malgré des dates de spectacles qui se chevauchent parfois, selon Bruno Dreyfürst, comédien professionnel à Inédit Théâtre et ancien président de la Lolita (2002 à 2005) :
« Il y a de la place pour tout le monde, les spectacles ne se font pas au détriment des autres car il y a une vraie demande du public. Si autant de troupes ont été créées ces dernières années, c’est bien que les spectateurs sont au rendez-vous. Sinon elles cesseraient toutes leurs activités très rapidement. »
Manque d’école et de direction
Pour autant, la Lolita ne fait pas cohabiter des professionnels et des amateurs, ce que regrette depuis longtemps Marko Mayerl, le fondateur historique de l’association, aujourd’hui professionnel chez Inédit Théâtre:
« De nombreux comédiens quittent souvent la ligue pour s’aventurer vers le monde professionnel. Les membres changent alors assez souvent, résultat : il n’y a pas de véritable direction artistique. »
Si la Lolita permet à de nombreux comédiens en herbe de faire leurs armes, elle n’a pas de centre de formation stable : les coachs sont issus des vétérans et se renouvellent régulièrement.
La Lolita et l’impro, une école de la comédie
L’improvisation, par son côté immédiat et spontané, est une bonne école pour apprendre les techniques et le métier de comédien. Hugo Roth a débuté dans l’improvisation pour s’amuser, puis c’est devenu pour lui une passion, puis un métier :
« Quand on improvise, on est à la fois son propre auteur et metteur en scène, il faut réagir du tac au tac, rien de mieux pour se frotter au monde du spectacle. L’impro demande toute une série de compétences : il ne faut pas seulement savoir bien jouer, mais pouvoir être capable de chanter, danser, faire du mime et tant d’autres, alors forcément, ça enrichi énormément ! »
Bruno Dreyfürst, considère la Lolita comme un tremplin, il en est lui-même un exemple avec d’autres comme Etienne Bayart, Marko Mayerl et Antonia de Rendinger qui cartonne sur France 2 à « On ne demande qu’à en rire », de Laurent Ruquier.
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