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100 jours plus tard, Thierry Michels à l’aise dans le costume de député « En Marche » typique

Avec la vague En marche, nombreux sont les députés à faire leurs premiers pas à l’Assemblée nationale. Comme Thierry Michels, nouvel élu de la première circonscription du Bas-Rhin, fraîchement sorti du secteur privé où il a suspendu ses fonctions. Discret et assidu, il suit fidèlement sa majorité et affiche un enthousiasme certain, tout en cherchant encore un peu ses marques.

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100 jours plus tard, Thierry Michels à l’aise dans le costume de député « En Marche » typique

« Intenses, passionnants, et un apprentissage de tous les jours » : c’est ainsi que Thierry Michels décrit ses premiers mois à l’Assemblée Nationale. Ce Strasbourgeois, cadre de l’entreprise pharmaceutique Lilly, est entré en politique il y a peu. Macroniste de la première heure, il fonde en novembre 2016 le comité « En Marche Strasbourg-Cathédrale », et au printemps 2017, il devient l’un des candidats issus de la société civile chers à Emmanuel Macron.

Le 18 juin, il est élu dans la première circonscription du Bas-Rhin avec 59,95% des voix face au député socialiste sortant Eric Elkouby, présent sur le terrain depuis 30 ans. Avec Sylvain Waserman, Bruno Studer, Martine Wonner, Vincent Thiébaut et Bruno Fuchs, il fait partie des six députés LREM-Modem d’Alsace.

L’archétype du néo-politique En marche

Mais c’est peut-être lui qui représente le plus l’archétype du militant En Marche. À 56 ans, il a mené l’ensemble de sa carrière dans le privé et souligne que la politique, pour lui, « ce n’est pas un métier mais un engagement. » Comme beaucoup de ses collègues élus et militants, il fait l’objet de reproches concernant son inexpérience.

Frédéric Muller est militant du comité cathédrale. Pour lui, c’est justement cette nouveauté qui fait la force du mouvement :

« Il y a une compétence particulière de ces députés qui ne sont pas dans le formatage. Et puis les modalités à l’Assemblée, ça s’apprend vite. L’expérience de la vie, ils l’ont ».

C’est ce que met en avant Thierry Michels, qui explique que les nouveaux députés sont accueillis et briefés dès leur arrivée à l’Assemblée Nationale, avant d’en apprendre rapidement les codes :

« Au début il y a une journée d’intégration et des explications sur les modalités administratives. Ensuite, ce n’est pas si différent d’une entreprise, où on passe notre temps entre des salles de réunions et des powerpoints. Là c’est juste qu’on est plus dans une culture d’examens des documents. »

Cette référence à l’entreprise revient souvent dans la bouche du nouveau député. À l’inauguration de sa permanence dans le quartier des Contades à Strasbourg, en septembre, il en plaisante dans son discours :

« Nous allons bien noter tout ce qu’on a dépensé pour les boissons et les petits fours, car c’est ça la transparence et la confiance dans les élus ! Certains nous demandent comment nous allons faire pour être en totale transparence, mais ce n’est pas bien compliqué, on faisait déjà cela dans nos entreprises ! »

Ambiance de joyeux nouveaux venus

Autour du député Michels, qui affiche un air affable et semble heureux d’être là, se pressent également de jeunes militants, comme le jeune « animateur » du comité Strasbourg Cathédrale Sébastien Lezeaud, mais aussi le référent des Jeunes avec Macron, Loïc Branchereau.

Dans un coin est assis le doyen du mouvement, Charles Kohler, 90 ans, président d’honneur du comité Strasbourg Cathédrale. Père du Secrétaire Général de l’Elysée, Alexis Kohler, il dit être là pour témoigner du passé et aider les plus jeunes dans cette « épreuve du feu ». Le député Vincent Thiébaut fera aussi une apparition, avec son collaborateur parlementaire.

L’ambiance y est plutôt familiale. Toute l’équipe du député est encore novice. L’un d’eux est même encore étudiant à Sciences Po Paris et « Normale Sup’ ». L’autre venait à Strasbourg pour la première fois de sa vie. L’épouse du député, Marie-Odile Michels s’amuse de voir son mari en action. Elle confie que parfois, il n’en revient toujours pas d’être député.

Ici avec son collaborateur parlementaire, le nouveau député s'appuie sur une jeune équipe pour l'aider dans son travail (Photo DL/Rue 89 Strasbourg/cc)
Ici avec son collaborateur parlementaire, le nouveau député s’appuie sur une jeune équipe pour l’aider dans son travail (Photo DL/Rue 89 Strasbourg/cc)

Dans la droite ligne du gouvernement

Thierry Michels a voulu faire preuve d’une intégration rapide et d’une présence active. Il se réjouit d’être parmi les membres de la Commission aux affaires sociales et de la Commission aux affaires européennes :

« C’est en cohérence avec mes convictions. Le travail de député se fait vraiment en commission. Aux affaires sociales, j’ai entamé mon travail au sujet de la formation professionnelle, dans le but de la rendre plus efficace, plus juste, moins complexe, et d’en faire un outil majeur de la lutte contre le chômage. »

La formation professionnelle, c’est le grand chantier qu’ouvre le gouvernement cet automne, dans l’intention de réformer le système en profondeur. Par ailleurs, Thierry Michels vient également d’être chargé d’un rapport sur la transition énergétique en Europe, et veut y faire ressortir l’orientation de son mouvement :

« Il faut aller vers une Europe de projets. Quinze milliards d’euros vont être investis dans la transition écologique et énergétique. Il faut investir dans le logement, améliorer la vie des gens. Et s’inspirer des initiatives locales. »

À Strasbourg, c’est notamment la société semi-publique Réseau GDS qui a piloté plusieurs projets, comme les centrales biomasse, dont le directeur était Sylvain Waserman (Modem), devenu lui aussi député depuis juin.

En bon député de la majorité, le travail de Thierry Michels depuis ses prises de fonction a surtout été de suivre et d’appuyer le calendrier du gouvernement : projet de loi pour la confiance dans la vie politique, loi du renforcement du dialogue social :

« D’emblée, j’ai orienté mon travail parlementaire de manière à pouvoir me concentrer sur les réformes majeures du quinquennat, avec pour objectif de contribuer à la transformation du pays et au développement et la réussite de Strasbourg et de son territoire. Je pense pouvoir apporter du travail en équipe, des outils pour aider à la prise de décision. »

Assidu mais discret

Thierry Michels fait partie des députés les plus assidus. Avec ses 16 présences en commissions et ses 6 interventions dans ce cadre, le site nosdéputés.fr le classe parmi les 150 plus actifs sur ces critères (sur 577 députés). Mais pour le moment, il n’a pas proposé d’amendement ni posé de questions au gouvernement.

À titre de comparaison, sa collègue LREM Caroline Abadie, elle aussi novice en politique, a à son actif 7 interventions en commission, 15 interventions longues en hémicycle, et 2 amendements proposés ; d’un autre côté, sa collègue LREM Aude Amadou a fait deux interventions en commission, aucune en hémicycle, pas d’amendements, pas de rapport et pas de question au gouvernement.

Thierry Michels est intervenu en commission des affaires sociales lors de la visite de la Ministre du travail, et sur le sujet du financement de la sécurité sociale. En commission des affaires européennes, il a proposé un règlement sur le câble et le satellite, et il est intervenu sur la concurrence dans le transport aérien. Il mène donc maintenant un rapport d’information sur la transition énergétique au niveau européen.

Le 11 juillet, il est intervenu en séance plénière dans le cadre d’une discussion d’article de la loi du renforcement du dialogue social. Dans l’hémicycle, il concède son peu d’expérience en politique mais s’appuie sur son expérience dans la vie d’entreprise pour défendre la fusion des instances de représentation des salariés dans les entreprises (CHSCT, comité d’entreprise, délégués syndicaux et délégués du personnel).

Thierry Michels explique que les débuts ont été très chargés et que la priorité allait l’agenda national :

« Nous avons eu très vite beaucoup d’informations de la part des cabinets ministériels sur le fond des sujets. Mais il n’y avait pas de surprise, c’était des thèmes qu’on avait travaillé pendant la campagne. Mais maintenant, on va pouvoir faire le lien avec le local, travailler sur des sujets locaux aussi. »

Au Palais Bourbon, Thierry Michels dit s'être fait rapidement aux rouages de la représentation nationale (Photo wikimedia / cc)
Au Palais Bourbon, Thierry Michels dit s’être fait rapidement aux rouages de la représentation nationale (Photo Equipe Thierry Michels / cc)

« S’appuyer sur le local »

Ses priorités locales justement, il les affiche brièvement sur son site internet : démocratie locale, emploi, organisation territoriale, écologie et Europe. Il souhaite pousser l’Assemblée Nationale à adopter un soutien clair à Strasbourg en tant que siège du Parlement Européen :

« C’est un enjeu politique essentiel pour la France comme pour le rayonnement de Strasbourg, capitale européenne. »

Le député a rejoint la « task force » qui plaide pour le renforcement du siège à Strasbourg et s’inscrit dans les négociations autour du renouvellement du contrat triennal « Strasbourg, capitale européenne ». Il souhaite surtout trouver moyen de réorienter les crédits pour améliorer l’attractivité du parlement de Strasbourg. Il mène une consultation auprès d’actuels et anciens eurodéputés pour connaître les « doléances » des parlementaires et les voies d’amélioration, notamment en matière d’accessibilité.

D’après son équipe, il explore les différentes options en matière d’initiative parlementaire pour soutenir le siège strasbourgeois. Il devrait rencontrer dans un avenir proche la ministre chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau. À terme, le député plaide pour une relocalisation de la totalité des activités législatives à Strasbourg, voire une installation de nouvelles institutions dans la capitale alsacienne.

C’est également ce qu’il veut faire au local, s’appuyer sur les demandes de ses administrés, pour nourrir le débat au national. Même si pour l’instant, il est peu sollicité, ce qu’il justifie par le renouvellement des élus :

« Il est vrai que nous n’étions pas dans le modèle ancien comme d’autres élus locaux, que les citoyens continuent à aller aborder spontanément. Les gens ne viennent pas naturellement à nous. Mais nous voulons faire de la politique autrement, et il faudra faire preuve de pédagogie. »

Les députés qui l’entourent ont déjà leurs initiatives propres : Sylvain Waserman propose des assises citoyennes dès le mois d’octobre, Bruno Studer prévoit de retourner sur ses lieux campagnes début 2018… Chez Thierry Michels, les modalités de ces rencontres sont encore à l’état de projet.


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