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Zone à faibles émissions : l’interdiction des véhicules Crit’air 3 repoussée à 2027

Depuis sa mise en place en 2022, la zone à faibles émissions (ZFE) a permis d’améliorer la qualité de l’air et de réduire le nombre de véhicules dans l’Eurométropole. Mais faute de contrôles automatiques, les voitures Crit’air 3 pourront continuer de rouler jusqu’au 1er janvier 2027.

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Depuis janvier 2023, certains véhicules n’ont plus le droit de circuler ni de stationner sur le territoire des 33 communes de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Cette zone à faibles émissions (ZFE), obligatoire pour les communes dont le seuil de dioxyde d’azote (NO2) était supérieur à la norme européenne, prévoit d’éliminer progressivement les véhicules les plus polluants de ses routes. 80% du NO2 présent dans l’air strasbourgeois est lié au trafic routier. En janvier 2024, ce sont les véhicules classés Crit’air 4 qui ont été interdits. En 2025, ça aurait dû être au tour des Crit’air 3.

20% des véhicules concernés

Mais comme l’a annoncé Pia Imbs, présidente de l’EMS lors d’une conférence de presse mercredi 18 septembre, ces véhicules Crit’air 3 pourront encore circuler jusqu’au 1er janvier 2027. Ou plutôt, « la période pédagogique pour ces véhicules est prolongée de deux ans », précise l’élue. Pour les interdictions des Crit’air 2, « on évaluera ça le moment venu », élude Pia Imbs.

Car à chaque étape d’élimination d’une partie des véhicules, deux phases. Dans un premier temps, pour inciter les particuliers et les professionnels à remplacer leurs véhicules trop polluants, la phase pédagogique. Dans un second temps, la phase d’interdiction, où les contrevenants s’exposent à des amendes… en théorie.

Mais depuis la mise en place de la première phase d’interdiction en janvier 2023, pour les véhicules sans Crit’air, Crit’air 5 puis 4 en 2024, très peu de sanctions ont été relevées par l’Eurométropole. « Nous attendons les contrôles automatiques par lecture de plaque d’immatriculation qui devraient être fournis par l’État en 2027 », explique Pia Imbs, qui avait déjà regretté le retard du ministère des transports en 2022. Ce retard de l’élimination des Crit’air 3 dans les rues strasbourgeoises est donc simplement lié à l’impossibilité de vérifier ces vignettes. La police municipale n’est pas autorisée à s’en charger lors de contrôles routiers.

Les Crit’air 3 représentent un peu moins de 20% des véhicules immatriculés dans l’EMS (47 000 en tout). Selon Pia Imbs, retarder leur interdiction permet de faire preuve de tolérance pour les particuliers et les professionnels qui devront changer de véhicule, voir abandonner le recours à la voiture individuelle au profit d’autres modes de transport.

Des milliers d’euros d’aides

Pour continuer de se déplacer malgré les nouvelles interdictions, l’EMS rappelle que des aides existent malgré le changement de calendrier. 95% des personnes qui ont fait appel à l’Agence du climat, en charge d’aider à obtenir des aides financières, l’ont contactée pour acheter une autre voiture. Les 5% restants ont demandé à abandonner totalement l’automobile au profit du tram ou du vélo par exemple, grâce à un « compte mobilité ».

Le montant des aides est calculé en fonction des revenus des personnes – 4 000 euros au plus pour changer de voiture, 2 500 euros pour le « compte mobilité ». Rien qu’aux deux premiers trimestres 2024, l’EMS a accordé cinq millions d’euros d’aide, selon ses chiffres. Sur l’année civile 2022, 7 000 véhicules de moins étaient immatriculés dans l’EMS.

Des chiffres qui poussent Pia Imbs et ses collègues à se féliciter de leur politique « ambitieuse », menée parallèlement avec d’autres réalisations pour les mobilités – tram ouest, nord, plan Vélo, covoiturage, Réseau express métropolitain…

Une meilleure qualité de l’air

Les résultats des mesure de qualité de l’air sont déjà satisfaisants, selon les analyses d’Atmo Grand Est. Strasbourg est passée sous le seuil des 40 microgrammes par mètres cubes (μg/m3) d’air de NO2, la mesure qui a valu à la capitale européenne et à neuf autres métropoles françaises de contrevenir au droit européen. Cependant, l’Union européenne devrait adopter une prochaine directive réduisant ce seuil par deux.

En 2030, le seuil de NO2 toléré dans l’air par la législation européenne devrait passer de 40 à 20 μg/m3. Certains compteurs, notamment sur le boulevard Clémenceau, mesurent encore des concentrations au-delà. Si elle ne veut pas être à nouveau dans l’irrégularité, Strasbourg devra donc effectivement interdire les Crit’air 3 d’ici là.

Françoise Schaetzel, vice-présidente de l’EMS en charge de la qualité de l’air et de la santé environnementale, précise que le seuil plafond de l’organisation mondiale de la santé est quant à lui de 10 μg/m3. « Notre but est d’atteindre cette valeur pour 2035 », explique l’élue :

« Car ce ne sont pas de simples seuils abstraits. Cette pollution engendre des morts, des infarctus, du diabète, des enfants fragiles et un creusement des inégalités. Les ménages modestes sont plus susceptibles de tomber malades. Descendre en dessous du seuil fixé par l’OMS revient à diminuer de 9% le nombre de cancers du sein. »

Toujours selon les mesures d’Atmo Grand Est, neuf habitants de l’EMS sur dix vivent dans un endroit où il y a moins de 10 μg/m3 de NO2. Mais 7 000 Strasbourgeois sont exposés à une concentration supérieure à 20 μg/m3.


#environnement

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