« Moi, maire de Strasbourg, je suis sous pression des associations, qui est maximale. La situation n’est pas la même à Strasbourg que dans le reste de l’Eurométropole ». Ainsi, Roland Ries (PS) justifie de finalement délibérer sur l’évolution plus rapide de la Zone à faible émissions (ZFE) à Strasbourg que dans le reste de la métropole. Pour rappel, il s’agit d’autoriser ou d’interdire les véhicules sur la base de leur ancienneté (et non de leurs émissions) et la vignette Crit’Air associée, pour limiter la pollution de l’air.
Initialement, il était question d’avoir un périmètre unique dans toute l’Eurométropole (sauf sur le GCO). Cet objectif se brise sur les réticences de l’Eurométropole, notamment suite aux freinages des maires. Le point de départ est le même pour Strasbourg et les 32 communes voisines : exclusion des voitures sans vignette, c’est-à-dire d’avant 1997, au 1er janvier 2021. C’est le point d’arrivée qui diverge. L’Eurométropole s’apprête à délibérer sur l’exclusion des Crit’Air 2 (interdiction de tous les diesels et des voitures à essence d’avant 2011) au plus tard en 2030, sans fixer de date précise. Pour Strasbourg, ce sera 2025.
Le calendrier prévisionnel à Strasbourg :
- 1er janvier 2021 : interdiction des véhicules sans Crit’Air (et dans toute l’Eurométropole)
- 1er janvier 2022 : interdiction des véhicules Crit’Air 5 et plus anciens (et dans toute l’Eurométropole)
- 1er janvier 2023 : interdiction des véhicules Crit’Air 4 et plus anciens
- 1er janvier 2024 : interdiction des véhicules sans Crit’Air 3 et plus anciens
- 1er janvier 2025 : interdiction des véhicules sans Crit’Air 2 et plus anciens (tous les diesels)
Les arrêtés sont pris uniquement par le maire. En d’autres termes, le successeur de Roland Ries pourra appliquer ou non cette promesse après les élections municipales de mars 2020.
Quid de l’A35 ?
Cet arrêté s’appliquerait partout à Strasbourg. Partout ? Ce n’est pas au maire de réglementer l’usage de l’autoroute A35, son axe le plus polluant qui traverse la ville du nord au sud. C’est à ce jour l’État qui en a le pouvoir. Il prévoit de transférer cette gestion à l’Eurométropole dans la cadre de son réaménagement, encore flou à ce jour. « Cela ne se fera pas sans l’aide du futur président de l’Eurométropole qui aura le pouvoir de police sur cet axe », estime Christel Kohler, adjointe au maire (LREM) chargée de l’Environnement.
Néanmoins, 2021 ne sera une année de grande répression des automobilistes. « Les appareils de vidéo-verbalisation nous seront livrés fin 2021. Les premiers mois seront l’occasion de faire surtout de la pédagogie », complète l’élue de la majorité.
Les règles durcies pour les pics de pollution
Lors des pics de pollution, les règles se durcissent aussi. À partir du 1er octobre 2019, seules les voitures avec vignettes 0, 1 ou 2 seront autorisées en cas de pic de pollution prolongé (à partir du 3ème ou 4ème jour) dans l’Eurométropole. Ces limitations n’ont porté que sur 8 jours en 2018 et 2019, à chaque fois pour des pics d’ozone en été (et non de microparticules PM10, plus nombreuses en hiver et au printemps).
Quelques dérogations nationales aux vignettes Crit’air existent : les véhicules d’intérêt général prioritaires ou bénéficiant de facilités de passage tels que les véhicules de secours et d’intervention (police, pompiers, ambulances…) et les véhicules des personnes handicapées ou les taxis.
La France est sous le coup d’une procédure de la Cour de Justice de l’Union européenne pour non-respect des valeurs limites de pollution. Parmi les territoires critiques, Strasbourg est concernée pour le dioxyde d’azote (NO2), c’est-à-dire la pollution de fond, très impactée par la circulation routière. Le gouvernement a laissé entendre qu’en cas d’amende, il pourrait mettre à contribution les agglomérations visées.
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