Déluge dans les Balkans
Au kilomètre 1 290, le Bulli Tour attaque sa deuxième semaine sur les routes d’Europe de l’Est. Après son passage en Italie et en Slovénie, l’équipe fait halte en Croatie, aux portes des Balkans. En Bosnie et en Serbie, des pluies diluviennes s’abattent sur des villes et des villages entiers.
Plus de trente personnes sont mortes ces trois derniers jours, dans des inondations très importantes. La communauté internationale a été appelée à l’aide pour aider au rapatriement des habitants piégés dans leur maison. Le Bulli garde pour le moment ses distances, en sillonnant la Croatie (Zagreb et Vukovar) pour ces prochains jours… mais devrait gagner la Serbie en fin de semaine prochaine.
L’Europe en Croatie ?
Entre temps, nous rencontrons Vladimir, professeur d’allemand à Zagreb, qui évoque les relations entre l’Ouest et les anciens pays communistes, qui « en sont devenues des colonies. » Et de la corruption dans la société croate. Vladimir raconte les laissez-passer et les petits arrangements qui se monnaient sous la table pour intégrer tel ou tel établissement d’enseignement, les politiques… Il évoque aussi ses élèves : une jeunesse « patriote », effrayée par une Europe à laquelle elle ne comprend rien :
« Pour les élections du 25 mai, les Croates voteront en pensant aux problèmes intérieurs du pays, non aux réalités européennes. Les jeunes d’ici ont peur de se faire “acheter”, en particulier sur la côte dalmate, où les Allemands investissent massivement et où commencent à apparaître des plages privées. La peur aussi, de devenir comme la Grèce ou l’Italie, un État porte d’entrée pour les immigrés qui cherchent à pénétrer au cœur de l’Europe. Ou encore de voir le chômage augmenter. »
L’Europe serait, selon Vladimir, une sorte de nouvelle Yougoslavie dont il ne sait pas encore où elle mènera les Croates.
« Les Croates ont vécu le fait d’entrer dans l’UE après la Roumanie et la Bulgarie comme une humiliation. Ici, on définit l’Est comme les pays qui ne sont pas catholiques. Pour beaucoup de Croates, l’entrée dans l’UE en 2013 a en fait été un retour à l’Europe, dont nous avons toujours fait partie ! »
Les frontières, les visas, les passeports
La carte d’identité française a pu servir jusqu’ici mais nous constatons maintenant son inutilité pour aller plus à l’Est. Problème : nous avons dû partir sans passeports, retenus par le Consulat du Belarus à Paris, qui a hésité un mois avant de nous accorder nos visas.
En effet, pour entrer en Biélorussie, il faut un visa. Pour avoir un visa, il faut un voucher (invitation). Pour avoir un voucher, il faut donc que quelqu’un vous convie dans le pays. Notre contact sur place a donc dû se rendre au Service de la Migration de Minsk pour faire les démarches, et attester de nos « bonnes mœurs » (sic). Délais officiels pour obtenir un voucher : entre 15 jours et 4 mois (plutôt 4 mois pour nous). Délais officiels pour un visa : 8 jours (plutôt 5 semaines pour nous).
Nos passeports arriveront donc à l’Ambassade de France à Zagreb au courant de la semaine prochaine, le temps pour nous de poursuivre nos investigations sur place, de sécher nos affaires au gré des cafés du coin, et d’en apprendre encore un peu plus sur l’Europe. Le Bulli tour continue…
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Carnets du Bulli Tour
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