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Y’a quoi à St’art ?

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Ce week-end, la grand-messe strasbourgeoise de l’art contemporain tient sa 18ème édition au Parc Expo du Wacken. À St’art, on trouve des kilomètres de cimaises blanches, quatre-vingt-dix galeries dont de nombreuses habituées, des œuvres de grands noms du XXème siècle, et quelques surprises savoureuses.

Je l’avoue, mes visites annuelles à St’art avaient fini par me lasser un peu. L’hégémonie de la peinture de format moyen, de la sculpture pas trop grosse, le figuratif décoratif… Tout ça me paraissait trop convenu. Mais une foire n’est pas un musée, et apparemment celle de Strasbourg se porte bien : comme nous en informe le catalogue, c’est la deuxième foire française après Paris – tout du moins en terme d’ancienneté – et elle accueille « un large public averti » de collectionneurs. J’y ai fait un petit tour – quelques heures, quand même – et je vous propose un aperçu de ce que j’en ai retenu.

Rencontres dans les allées

Rubbish et Gilbert 1 à la galerie Collection si Particulière (photo CM/Rue89 Strasbourg)

L’œil frais, le cerveau disponible, j’accorde une pleine attention aux premières galeries. Collection si Particulière, basée à Épinal, propose des œuvres de graffeurs reconvertis : ça me parle. Rubbish est entré dans le monde du marché de l’art grâce à ses pochoirs, ou plutôt à leurs matrices. Sa technique s’est affinée jusqu’à ces papercuts sophistiqués, de véritables dentelles nécessitant des centaines d’heures de travail. À ses côtés, les assemblages de Gilbert 1 tiennent à la fois du graff, du nouveau réalisme, du futurisme… Bah oui, c’est du « graffuturism », m’apprend le galeriste.

Hwang Eun Sung devant l’une de ses peitures avec son fils (photo CM/Rue89 Strasbourg)

Devant une autre cellule blanche, une affichette m’interpelle : « Les œuvres ne sont pas à vendre ». Tiens ? La peintre coréenne Hwang Eun Sung en habit d’apparat m’explique, secondée par son fils :

« Les œuvres appartiennent à une fondation, qui nous a fait venir ici. Je souhaite juste me faire connaître et partager mes émotions. Je suis chrétienne, très pratiquante, et peindre est comme prier pour moi. Vous voyez cette ligne verticale dans la peinture ? Cela traduit le moment où la foi me touche. »

Personnellement, ce n’est pas ma tasse de thé, mais la rencontre est charmante.

Italiens et trublions farceurs

L’Italie à l’honneur (photo CM/Rue89 Strasbourg)

Je continue mon chemin jusqu’à une rupture dans l’espace d’exposition : un immense écriteau indique les « Galeries Italiennes », regroupées sur un îlot éclatant de moquette orange. Je rencontre fort à propos Mme Paola Forni, qui m’éclaire sur cette mise en valeur particulière :

« Je fais partie du comité de sélection depuis quinze ans, et cette année j’ai fait venir plus de galeries italiennes. C’est le deuxième pays le plus représenté après la France, cela méritait un espace spécial. »

Néanmoins je ne m’attarde pas trop… Je ne sais pas si ces galeries offrent un panorama représentatif de l’art italien, mais à mon goût il y a trop de dorures, de portraits de belles filles et d’architectures.

Dans ce dédale de cases presque identiques, quelques pièces me font sourire : un tourniquet de portraits de Kim Jong-un (le jeu semble consister à lui coller une fléchette à ventouse dans la figure), un tapis de matière bizarre sur lequel le visiteur est invité à marcher pieds nus, ou encore un appareil à, littéralement, briser les testicules. Mais dans tout cela, rien qui suscite vraiment mon enthousiasme. Jusqu’à arriver au fond de la salle.

Les stands des artistes invités : ici, ça bouge !

Laetitia Oser (photo CM/Rue89 Strasbourg)

Vers le fond, des stands qui ne sont pas des galeries mettent à l’honneur de jeunes artistes. Dans Carte Blanche à la Ville de Strasbourg, quatorze sortants de la HEAR présentent des Objets Hybrides. Estelle Henriot a imprimé en longues bandes des forums de discussion sur le thème « qu’est-ce que l’art ? »… mais n’a pas trouvé de réponse ferme. Laetitia Oser a réalisé de délicieux petits assemblages en papier multicolore, à la fois bijoux, insectes et jouets. La scénographie du stand a été confiée à Pétrole Editions : Marianne Mispelaëre, l’une des quatre membres, explique la démarche :

« Nous avons réfléchi en fonction des autres galeries, et nous avons réalisé un espace plus adapté à la réalité des jeunes artistes, qui sont obligés de se débrouiller avec ce qu’ils ont. Nous avons laissé le sol brut, les cloisons sont en aggloméré, et incitent à une circulation fluide. »

Résultat : un espace chaleureux, sans angle droit, où auront également lieu des performances. On peut emporter une édition gratuite où chaque artiste a laissé des images qui l’inspirent.

retable de Cécilien Malartre sur le stand Coop Opérette (photo CM/Rue89 Strasbourg)

Dans un coin, un vacarme reconnaissable m’attire : ce sont les artistes du Port du Rhin qui s’affairent à une installation géante, bruyante et foutraque ! On y verra un immense retable païen, des containers superposés avec des mini auto-tamponneuses interactives, un morceau de l’horloge qui sera installée à la cathédrale en 2015. Daniel Depoutot et Valentin Malartre racontent comment ils en sont venus à participer à St’art :

C’est grâce à Alto, l’architecte installé au Port du Rhin, et qui a proposé un projet pour la réhabilitation de l’îlot de la Coop. Être à St’art, c’est presque être reconnus comme une institution. C’est bien car on ne sait pas vraiment ce qui va nous arriver, aucun projet n’est validé pour l’instant. Ici, on présente une préfiguration d’une partie du projet d’Alto : le parcours des assembleurs. Ce serait une installation artistique permanente qui déborderait du périmètre des ateliers.

Un peu de désordre dans tout ça… c’est ce qui fait la créativité, non ?

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