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Voyage en terre inconnue à Apollonia

Parmi les multiples vernissages de la rentrée, j’ai choisi de parler de celui de La Malle à Apollonia. Au sortir de l’été, cette exposition offre encore un peu d’évasion et d’exotisme grâce à au voyage dans l’espace et le temps raconté par Philippe Obliger et Gérard Puel.

Diaporamas

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vue de l’exposition La Malle @ Apollonia (photo CM/Rue89Strasbourg)

Un grenier, une vieille malle en bois, des souvenirs de famille, un voyage lointain… s’il n’est pas des plus originaux, voici néanmoins un point de départ idéal pour une belle histoire. De cette malle qui trône au milieu de l’espace d’exposition, Philippe Obliger et Gérard Puel ont sorti quantité de documents, objets et matériaux qui retracent le parcours de leurs grands-père lors d’une aventure au Chaco dans les années 1930. À l’époque, le monde occidental ne connaissait pas grand-chose de cette région sauvage aux confins de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay, si ce n’est que ses indigènes étaient cannibales.

Reliques d’une aventure oubliée en marge de la 2ème Guerre Mondiale


souvenirs de la traversée transatlantique : le menu du restaurant du Piriapolis et une partie de dames disputée par les deux protagonistes (photo CM/Rue89Strasbourg)

Initialement envoyés au Paraguay par une entreprise de constructions métalliques, les grands-pères Puel et Obliger se retrouvèrent sans matériaux suite à l’embargo de guerre. Les deux ingénieurs auraient décidé d’explorer le Chaco pour suivre sur les traces de la mission Crevaux qui, vers la fin du XIXème siècle, mourut dévorée par les Indiens. Tous les ingrédients d’une aventure de légende sont là, y compris le mystère : des feuillets manquants au journal de voyage, des dessins d’auteur inconnu, une chronologie incertaine. Mais les artefacts sont nombreux : du menu servi sur le bateau transatlantique aux parures rituelles des Indiens Pilcomayo, le spectateur peut s’embarquer aux côtés des explorateurs pour un voyage plein de surprises.

Le stéréotype et l’inattendu

dessins ethnologiques et botaniques de Puel  (photo CM/Rue89Strasbourg)

Parmi les nombreux dessins de Puel senior, on croise des crocodiles, des jaguars et des visages peinturlurés – de quoi satisfaire la représentation attendue de la culture indigène amazonienne. Mais d’autres descriptions sont inédites, comme cette plaie refermée à l’aide de mandibules de termites, ou cette longue hutte en forme de spirale. Peut-être les Indiens se sont-ils inspirés de cette étonnante plante hélicoïdale qui – comme l’explique Puel dans son récit de voyage – s’envole, déterrée par le vent, pour se replanter ailleurs grâce à sa racine spiralée.

A travers les générations

vue de l’exposition : au premier plan, la Malle (photo CM / Rue89 Strasbourg)

Aujourd’hui, Philippe Obliger et Gérard Puel mettent leurs compétences au service de ce récit. Obliger officie à la fois dans les domaines de la botanique et de l’art : dans son jardin  de l’Outre-Forêt, il cultive des plantes du monde entier et expose des objets ethnographiques rapportés de ses nombreux voyages. Il sera par ailleurs chargé de l’aménagement du jardin artistique d’Apollonia, actuellement en cours de défrichage. Membre du Collège de Pataphysique, il a publié la chronique du voyage au Chaco dans la revue du Collège qui, depuis sa première édition en 1950, a publié des textes d’auteurs comme Alfred Jarry, Jacques Prévert, Umberto Eco…

Gerard Puel est scénographe de théâtre et plasticien. Tous deux ont rendu hommage à l’aventure de leurs aïeux avec un sens du mystère, du récit et de l’humour dont les secrets sont à percer en se rendant sur place…


#Apollonia

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