Chez Dédé
Depuis le Haut-Chitelet, les eaux cristallines de la Vologne dégringolent jusqu’au Saut des Cuves à la sortie de Xonrupt-Longemer, point de départ d’un très beau petit circuit à pied au bord de la rivière. Très vite elle se sépare en plusieurs bras traversés par un vieux Pont des Fées en pierre et forme plusieurs îles qui offrent d’agréables coins à pique-niques d’ailleurs équipés de bancs, tables et même d’un abri couvert.
Au retour de la balade on peut s’attabler « chez Dédé », un restaurant de montagne qui propose des spécialités locales : la truite sous toutes ses formes ou un roboratif « trio de fumé vosgien » (saucisses, lard et échine) accompagné de beignets de pommes de terre râpées, le cousin lorrain des Grumberkichle. Et si vous avez encore un peu de place pour un dessert, de la tarte aux myrtilles.
Retournemer et Longemer
Après la spectaculaire cascade Charlemagne que l’on peut approcher en dix minutes à pied par un sentier qui part en bordure de la départementale 67, la Vologne va rejoindre le lac sauvage de Retournemer où pour un peu on se croirait dans les Rocheuses ou au Canada .
Celui de Longemer nettement plus accessible et populaire. Royaume de la baignade, de la pêche et du pédalo, il attire des milliers de touristes venus de toute l’Europe. Il faut dire que c’est un lieu très sympa. Ici, pas de plage aménagée et surveillée (la mairie décline toute responsabilité), on peut poser sa rabane ou sa serviette et faire trempette on l’on veut tout autour du lac dont les bords en pente douce sont très agréables.
Aux deux extrémités cependant, quelques paillotes, guinguettes et marchands d’articles de plage donnent à l’ensemble une petite touche Saint Trop’. On peut même prendre l’apéro littéralement les pieds dans l’eau.
Shopping à Kichompré
La vallée de la Vologne a largement participé à l’aventure textile vosgienne. Quelques prestigieuses usines y fonctionnent encore. Notamment la maison Garnier-Thiebaut, fondée en 1833, spécialiste du linge de maison haut de gamme en coton damassé qui tient à Kichompré son magasin d’usine. Même à prix sacrifié et avec de menus défauts ça reste dispendieux mais en fouillant un peu on peut trouver pour quelques euros des torchons en pur lin « stone washed ». La Rolls du torchon ! Un chouette objet souvenir.
Bruyères choisit le général Bigeard
Bruyères est la patrie des frères Lurçat. Jean, l’artiste à qui l’on doit, entre autres, La création du Monde, la grande composition murale de la Maison de la Radio à Strasbourg et André, architecte. Militant communiste il a dessiné le plan de reconstruction révolutionnaire de Maubeuge après guerre, profitant de l’occasion pour aplanir la ville et abaisser la partie haute jadis réservée à la bourgeoisie. Mais nul n’est prophète en son pays et c’est un militaire controversé pour son rôle en Algérie qui a droit aux honneurs de Bruyères : le fort en gueule Marcel Bigeard à qui est dédié le principal rond-point de la ville.
Docelles
Docelles est une ex-« cité papetière » dont les vitraux de l’église, curiosité unique en Europe parait-il, racontent l’aventure du papier depuis l’Antiquité jusqu’aux années 50. La papeterie de Docelles, créée vers 1500 grâce aux moulins sur la Vologne, était considérée comme la plus vieille usine de France. Elle vient de fermer et son propriétaire actuel, le groupe finlandais UPM, refuse toutes les offres de reprise malgré les interventions du ministre du développement productif. Mais les salariés licenciés se battent pour la faire redémarrer sous forme de Scop. On peut les soutenir sur leur page Facebook : sauver la papeterie de Docelles.
Les perles disparues de la Vologne
Ce n’est pas la première fois que la vallée de la Vologne voit disparaître une de ses ressources. Elle recelait jadis un trésor unique. Des quantités de moules perlières (margaritifera margaritifera) dont une sur mille environ contenait une splendide perle de nacre aux reflets roses. La rivière, propriété des Ducs de Lorraine, était gardée manu militari et la pêche des précieux mollusques soigneusement réglementée. Puis au XIXe siècle l’impératrice Eugénie tomba amoureuse des perles de la Vologne et en acheta beaucoup, bientôt imitée par toute la bonne société venue prendre les eaux dans les stations thermales des Vosges. Pour satisfaire cette riche clientèle, on pilla la Vologne et dès le début du XXe siècle les moules perlières avaient disparu. On dit aussi qu’elles furent victime de la pollution industrielle. Car la délicate margaritifera ne prend ses aises que dans une eau de grande qualité. Reviendra t-elle un jour ?
La Baffe & Cie
Arrivé à Jarménil au confluent de la Vologne et de la Moselle, la fin du voyage, l’indication « La Baffe » sur un panneau routier nous rappelle qu’en fusionnant avec la Lorraine on va gagner pas mal de communes et lieux-dits aux noms pittoresques (Bibiche, Klang, Le Syndicat…). Chic ! D’autres, homonymes de destinations recherchées ou lointaines, invitent au similitourisme.
Par exemple Montreux (Meurthe et Moselle) où il n’y a pas de festival de jazz mais tout de même un ruisseau pour fumer sur l’eau en fredonnant le fameux tube de Deep Purple. Rhodes, en Moselle, situé sur une presqu’île de l’Etang du Stock est un hotspot pour le bronzing, la planche à voile et le farniente en Lorraine. Et dans le département des Vosges (le huit-huit), sur le territoire communal de Gruey-lès-Surance, se trouvent Moscou et Jérusalem, deux lieux-dits que l’on peut facilement relier à pied au terme d’une marche de 500 mètres environ sur terrain plat. Mais c’est une autre histoire, un autre voyage.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : toute notre série d’articles « En passant par la Lorraine »
Sur Rue89 Strasbourg : le blog Promenades urbaines
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