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Voitures délogées et zosios en bande son : on râle à Neudorf

La rénovation de la place du Marché à Neudorf, au centre de ce quartier de 40 000 habitants, vient de démarrer et s’achèvera en septembre 2013. D’un coût de 2,5 millions d’euros, le chantier induit la suppression des 150 places de stationnement de façon pérenne et l’installation d’une œuvre d’art sonore. Deux sujets qui font râler certains habitants, forcément.

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Paradis des voitures, la place du Marché leur sera inaccessible dès cet été (Photo MM)

La place du Marché à Neudorf, cœur de quartier où se concentrent médiathèque, commerces et banques, salle de spectacle, stations de bus, etc. Aujourd’hui envahie par les engins de chantier, elle devrait prendre un tout autre visage dans 6 mois. Finies les 150 places de stationnement. Les voitures seront bientôt reléguées dans les rues alentours ou sur le pourtour de la place en zone bleu (une heure de stationnement gratuit). Bonjour les espaces de détente et de jeu, la pergolas et son œuvre d’art sonore – on va y venir – ses stations Vélhop et Auto’trement, sa zone 30.

Ce à quoi ressemblera (un peu) la place du Marché (Crédit Catherine Linder – architecte)

Après la place d’Austerlitz ou la place Arnold, sans même parler de la place du Château, la place du Marché devrait donc bénéficier d’un très gros lifting, le tout pour un budget de 2,5 millions d’euros. Dans cette enveloppe généreuse, sont intégrés 93 000€ dévolus à l’achat d’une œuvre d’art à l’artiste « intermédia » Philippe Lepeut.

« 90 000€ pour des chants d’oiseaux ? Inacceptable ! »

Une somme qui a fait sauter au plafond quelques-uns des 150 adhérents de l’association « Pour Neudorf  » (moyenne d’âge : 65 ans) qui s’expriment par la voix de leur présidente, Clarisse Siefert, par ailleurs ancienne suppléante du député UMP Jean-Philippe Maurer :

« J’ai reçu plein de coups de téléphone de gens qui ne comprennent pas qu’on mette autant d’argent dans une œuvre « sonore » qui, en plus, reproduit la nature. On n’est pas contre le principe d’une œuvre d’art, une statue pourquoi pas, mais là, des gazouillis d’oiseaux à 90 000€ ? C’est inacceptable ! Surtout alors que l’on parle de réintroduire la nature en ville, mais qu’on remplace tout un tas de jardinets, certes privés, par des immeubles. Arrêtons de bétonner et laissons faire la nature ! »

Jean-Philippe Maurer a réagi sur sa page Facebook (Capture MM)

Qu’en est-il réellement ? L’œuvre prendra deux dimensions : la première visuelle, par la présence de haut-parleurs mis en évidence sur la pergolas, « représentations de la potentialité du son », mais qui ne diffuseront pas la bande sonore. Ce sont de petites enceintes installées sous la pergolas cette fois, qui auront cette mission. L’artiste explique :

« Il s’agira d’un limonaire, un orgue de barbarie mais à l’échelle monumentale. Sauf qu’au lieu d’avoir un carton, ce sera un programme informatique avec du son programmé sur un an. Attention, il y aura beaucoup de plages de silence et la bande sonore s’arrêtera entre 22 heures et 6 heures du matin. Cette bande son tiendra compte des saisons, mais aussi des moments de la journée. Il y aura des sons naturels, comme des chants d’oiseaux, qui constitueront comme une horloge ornithologique. Il y aura aussi des paysages sonores, mélanges de musicalité et de sons naturels, une mare et ses grenouilles en avril, une prairie en plein soleil… »

« Les gens veulent de vrais oiseaux, mais pas ce qui va avec »

Sur le coût de l’œuvre, l’artiste précise que l’enveloppe comprend le design, la création et l’installation des haut-parleurs, confiés à trois artiste et artisans locaux, la programmation informatique et, bien sûr, son travail à lui : idée, capture des sons, tri, etc. Sur l’artificialité des sons de nature, Philippe Lepeut a une remarque intéressante :

« C’est un peu le paradoxe : les gens veulent de vrais oiseaux, mais pas ce qui va avec, les fourrés, les ronces, les insectes… C’est compliqué, ce rapport à la nature en ville. D’ailleurs, concernant l’œuvre, il faut imaginer que de faire chanter des oiseaux peut servir d’appeaux pour en attirer… Et là encore, pas sûr que les riverains veuillent de tous les oiseaux. »

Françoise Buffet, adjointe de quartier à Neudorf et en charge de l’environnement à Strasbourg, renchérit :

« C’est une œuvre d’art, on ne peut pas comparer ça à la nature ! L’idée est de mettre l’art à la portée de ceux qui ne vont pas dans les musées. Cela se fait beaucoup à Strasbourg où l’art est très présent dans l’espace public. »

Zone bleue ou stationnement résident

Sur la question des places de stationnement, l’autre dossier d’intérêt de l’association « Pour Neudorf », l’adjointe assure :

« Nous ferons un premier bilan dans 15 jours [mi-mars], après deux mois de fonctionnement de la zone bleue. A ce que je sais, les commerçants sont satisfaits, le système limitant la présence des voitures ventouses. »

L’association, elle, espère le passage de la zone bleue au stationnement résident, soit 10€ par mois pour les riverains propriétaires d’un véhicule et sans garage privé.

La place du Marché, côté chantier

Le chantier doit se poursuivre jusqu’à la rentrée. Cet été, la rue de Rathsamhausen adjacente sera fermée à la circulation pendant trois semaines.

Aller plus loin

La délibération votée en conseil municipal sur la commande artistique place du Marché


#Clarisse Siefert

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