Je suis allée voir cette expo un jour où je n’étais pas du tout motivée mais, sincèrement, je ne le regrette pas. Les photographies sont belles et, alors que parfois la beauté, l’esthétisme masquent le vide de sens qu’il peut y avoir, ce n’est pas le cas ici. Chaque photographie est accompagnée d’un texte qui raconte un cauchemar ou un souvenir. Une femme attend des quintuplés alors qu’elle a déjà deux enfants, son rêve est une véritable crise de panique dans lequel elle s’imagine qu’elle et son mari vont devoir arrêter de travailler pour les élever et se demande aussi si son couple peut survivre à cela, etc. Flippant.
Dans une autre photo, une mère,se retrouve confrontée à deux fois sa fille, elle avec sa jumelle (maléfique ?) et est incapable de les différencier alors que l’une est blonde et l’autre brune. Il y a aussi la femme sur une barque, au milieu d’un lac, qui se fait toucher par un prêtre et aussi la petite fille entrain de dormir, un diable rouge sur son lit mais l’attrape-rêves empêche ce dernier de perturber son sommeil. Toujours des femmes que certains souvenirs et cauchemars ont laissées perplexes ou effrayées, je les comprends en fait, comment ne pas l’être?
C’est étrange, on entre à la fois dans l’univers de la personne à qui appartient ce souvenir et dans celui de l’artiste puisqu’elle s’approprie une réminiscence et qu’elle en donne son interprétation. Lottie Davis s’invite aussi dans ces clichés : rousse, il y a toujours un personnage dont c’est la couleur de cheveux. Elle est alors enfant, mère, femme harcelée, etc. toujours présente, sorte de fil conducteur. C’est comme si ces cauchemars avaient pu être les siens, comme si il fallait qu’elle mette un peu d’elle-même pour pouvoir les imaginer, comme si nous-mêmes, on ne pouvait les comprendre que si ils évoquent quelque chose en nous-mêmes. Toutes les photos ne m’ont pas parlé de la même façon, les questions de maternité me touchent moins parce que je n’y suis pas confrontée par exemple.
Les dernières fois que j’ai fait des rêves étranges ou encore des cauchemars, soit je n’ai pas pu les raconter parce que je ne réussissais pas à les exprimer soit j’avais partiellement oublié ce qu’il s’y était passé (une sombre histoire de rhum par exemple!), difficile alors de seulement les transmettre. Comment faire autrement que de visualiser ce qu’on nous raconte avec nos propres références, nos images et donc, forcément en interprétant? Lottie Davis essaie de partager « l’expérience intérieure de quelqu’un d’autre » mais pour ce faire, il faut qu’elle se l’approprie et la mette en scène… A aller voir et essayer de savoir ce qui nous parle dans chacune de ces images, observer et chercher à comprendre les diverses couches de lecture proposées par l’artiste, pas sûre d’avoir tout vu la première fois !
Y aller
« Memories and Nightmares – Lottie Davies » à la chambre jusqu’au 11 mars / du mercredi au dimanche de 14h à 19h, le vendredi jusqu’à 20h. La Chambre – 4, place d’Austerlitz – 67000 Strasbourg
Lottie Davies: http://lottiedavies.com/
Article initialement publié sur Lifeproof.fr
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