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Battue et violée par son mari, sa plainte classée par le parquet général

Marie avait témoigné sur Rue89 Strasbourg en septembre 2021 de faits de violences conjugales et de viol qu’elle a subis depuis 2016. Elle avait porté plainte en août 2020. Après un premier classement en octobre 2020 par le tribunal de Strasbourg, Marie avait fait un recours. Le parquet général de Colmar vient de confirmer le classement de sa plainte.

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En septembre, Rue89 Strasbourg avait raconté l’histoire de Marie, victime de violences conjugales. La jeune femme de 32 ans vit un calvaire depuis 2016. Des violences qui sont allées crescendo jusqu’en juillet 2020, où Marie raconte que son conjoint de l’époque l’a violée.

Opérée de lésions « en lien avec un viol conjugal »

Cette mère de trois enfants est hospitalisée quelques jours après, au centre médico-psychologique de l’Epsan pour dépression. Le 13 août, la jeune femme porte plainte à la gendarmerie de Brumath contre son conjoint. Elle raconte l’agression sexuelle, les violences conjugales subies depuis 2016, et les violences sur ses enfants. Elle est alors examinée par un médecin légiste (et sera opérée en octobre de lésions « en lien avec un viol conjugal », peut-on lire sur un certificat médical de l’Epsan).

Marie, 32 ans, a porté plainte en août 2020 pour agression sexuelle et violences conjugales. Le parquet de Strasbourg avait classé sa plainte en octobre 2020. Le parquet général de Colmar vient de confirmer le classement (Photo Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg).

Le tribunal de Strasbourg classe la plainte en octobre 2020

Pourtant, malgré ce certificat, cette opération, et les différentes hospitalisations de Marie pour « dépression sévère » et « stress post-traumatique suite aux nombreuses violences de la part de son mari » (peut-on lire dans un autre certificat médical de l’Epsan), le parquet de Strasbourg décide de classer la plainte le 2 octobre 2020 : « Les preuves ne sont pas suffisantes pour que l’infraction soit constituée ».

La jeune femme racontait alors à Rue89 Strasbourg, son incompréhension :

« Que leur faut-il de plus ? J’ai été examinée par un médecin légiste qui a constaté que j’avais encore des lésions du viol, et je témoigne ! Même ma fille a entendu des cris, et il n’est pas poursuivi pour ça !? »

La jeune femme est sous le choc. Son avocat, Me Jean-Jacques Gsell, interrogé en septembre 2021, glisse qu’il ne comprend pas non plus cette décision. Marie décide de la contester en mars 2021 auprès de la cour d’appel de Colmar.

Marie, victime de violences conjugales depuis 2016, a porté plainte à plusieurs reprises depuis octobre 2020. Toutes ont été classées par la justice (Photo Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg).

Novembre 2021 : le parquet général de Colmar confirme le classement

Depuis plus de six mois, Marie attendait la réponse du parquet général de la Cour d’appel de Colmar. Elle espérait, qu’enfin, la justice entende sa douleur. Mais finalement, le 29 novembre, elle reçoit ce courrier du procureur général :

« Après un examen attentif du dossier et des éléments portés à ma connaissance, il apparaît que les faits de la présente procédure ne sont pas suffisamment caractérisés pour entreprendre des poursuites. »

Le procureur général de Colmar écrit ensuite : « Je ne peux que confirmer la décision initiale de classement, parfaitement justifiée ».

« Je veux qu’il soit jugé pour ce qu’il m’a fait »

La jeune femme, abasourdie par le courrier qu’elle a reçu, se dit en colère :

« Ça me démoralise, franchement j’en ai marre. Je trouve ça écœurant. Il s’en tire comme ça, sans rien, et moi je continue de souffrir, tout comme mes enfants. Tout ça, à cause de lui. »

Mais Marie assure qu’elle n’en restera pas là. « Je voudrais porter plainte contre la Justice ! », affirme la jeune femme, qui, plus sérieusement, parle d’un nouveau recours, pourquoi pas de courriers à des instances encore plus importantes, et d’une « nouvelle stratégie » qu’elle doit élaborer avec son avocat :

« Quoi qu’il arrive, je continuerai, et je ne lâcherai pas. Je veux qu’il soit jugé pour ce qu’il a fait, c’est tout. »

Son ex-conjoint condamné à 3 mois avec sursis et à un stage de responsabilisation

Depuis le viol qu’elle dénonce en juillet 2020, la jeune femme a également porté plainte pour menaces de mort en octobre 2020. Plainte elle-aussi classée par la justice quelques mois plus tard.

Son ex-conjoint, lui, a été condamné en janvier 2021 pour des faits qui remontent à octobre 2019, « de violences volontaires ». Il avait écopé de 3 mois de prison avec sursis et l’obligation de suivre un stage de responsabilisation pour avoir tenté d’étrangler sa compagne.

Aujourd’hui Marie vit toujours dans un centre parental avec ses enfants, et son téléphone « dispositif grand danger » qui ne la quitte pas. Son avocat, Me Gsell, refuse quant à lui de répondre à nos questions.


#Justice

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