Il aura fallu deux ans, une mini-grève de la CGT et d’autres préavis finalement non exécutés. Avant les vacances estivales, les deux élus en charge du personnel, Syamak Agha Babaei à la Ville et Valentin Rabot à l’Eurométropole, ont dévoilé aux agents les premières revalorisations consécutives à l’ouverture d’un « agenda social ». Même si tout ceci ne sera voté qu’en septembre et ne sera visible sur les fiches de paie qu’entre octobre et janvier. « On avait notre calendrier et on voulait présenter les choses aux organisations syndicales avant la campagne des représentants du personnel en fin d’année », avance le duo, qui balaie tout lien avec les élections… législatives, dont le deuxième tour est dimanche.
Un baromètre social critique
L’exécutif doit répondre à la publication en avril d’un premier « baromètre social », une sorte d’audit interne que les élus ont eux-mêmes proposé aux syndicats. Même si le questionnaire n’adresse pas le sujet des les salaires, mais des conditions de travail, certains résultats sont sévères. Par exemple, 36 % des répondants estiment que leurs « conditions de travail ne leur permettent pas d’être efficaces ». Pire, 59% n’ont pas le sentiment que le « fonctionnement interne » s’améliore depuis un an.
Membre du précédent exécutif et désormais premier adjoint à la Ville de Strasbourg, Syamak Agha Babaei estime néanmoins que le contexte a changé :
« Avant, il n’y avait rien à négocier. On était dans une culture de défiance. On n’est pas encore à la culture de confiance, le baromètre social est un défi posé à la collectivité mais nous allons progresser. »
Un rattrapage partiel des inégalités homme-femme
La Ville et l’Eurométropole ont ainsi arbitré de premières augmentations pour les agents des catégories A et B. Elles concernent ceux qui travaillent dans des filières administratives, culturelles et sociales pour rattraper les filières techniques (historiquement mieux payées, lorsque les collectivités locales ont dû recruter massivement suite à des lois sur la décentralisation dans les années 1980). Elles se répartissent ainsi :
- 90€ brut/mois pour les agents de catégories A
- 45€ brut/mois pour les agents de catégorie B
Ces augmentations visent à réduire l’écart salarial entre hommes et femmes, qui atteint jusqu’à 110€ dans la catégorie B et même 300€ dans la catégorie A. « Nous allons combler peu ou prou 50% de l’écart en catégorie A et un tiers en catégorie B », défend Valentin Rabot, vice-président aux ressources humaines de l’Eurométropole et maire d’Achenheim.
70% de femmes et près de 4 000 agents et agentes concernées
Les catégories C ne sont pas concernées par ces augmentations générales. L’exécutif avance qu’une première harmonisation avait déjà été opérée lors du mandat précédent. Néanmoins, certaines primes concerneront une partie de ces agents, par exemple la « conduite de véhicules de poids lourds », un domaine où la collectivité peine à recruter. Ou encore lors des remplacements de collègues absents plus de 30 jours (150€/mois) ou encore pour les missions d’encadrement. Ces différentes mesures concerneront 2 600 agents (sur environ 7 000) dont 70% de femmes, pour un montant de 1,7 million d’euros chaque année.
Enfin, 300 000 euros annuels concerneront 1 300 agents afin d’augmenter les indemnités de sujétions, qui correspondent aux métiers pénibles et insalubres.
D’autres montants à négocier d’ici 2025
La section CGT, principal syndicat de l’Eurométropole, ne préfère pas s’exprimer sur le sujet dans cet entre-deux tours des élections législatives. Pour la section CFDT, la secrétaire générale Catherine Kopp souligne « des avancées », mais attend « des arbitrages » :
« Pour nous il est important de ne pas faire de nouvelles catégories entre agents, qu’il n’y ait pas des oubliés entre les services. On a commencé avec cette méthode et il est important de ne pas changer en cours de route ».
La Ville et l’Eurométropole ont en effet fait une exception, en octroyant rapidement une augmentation ciblée, en réponse à la grève des éboueurs. Un mouvement qui s’était formé en dehors des syndicats. Cela reviendra à 200 000 euros annuels.
En début de mandat, la majorité a budgété des revalorisations salariales de 5 millions d’euros annuels. Les mesures décidées représentent un total de 2,2 millions d’euros. Il reste donc encore 2,8 millions d’euros par an à négocier d’ici la fin du mandat, des sommes qui devraient entrer en vigueur en 2025, soit un an avant… les élections municipales de 2026.
Ces augmentations ne prennent pas en compte la revalorisation du point d’indice de tous les fonctionnaires, souhaité par le gouvernement. Au total, ces différentes hausses devraient représenter 5 à 11 millions annuels de dépenses supplémentaires pour l’Eurométropole.
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