Il y a quelque chose de déconcertant d’arriver au sommet de Sasbachwalden… En haut d’une route sinueuse, deux personnes en gilet jaune nous accueillent poliment. Ne voyant « aucun problème » à la venue de journalistes, elles nous demandent simplement de faire les derniers mètres à pied, parce que des cars avec 200 nouveaux réfugiés sont attendus. En haut de cette bourgade de 2 400 âmes en Forêt-Noire, à près de 1 000 m d’altitude, quelques appartements bordent la route avec une vue imprenable. Au bout de la route l’entrée de l’hôtel « Bel Air ». Le lieu n’est ni luxueux, ni insalubre.
Bien qu’abandonné depuis 3 ans, l’hôtel est loué par le Land du Bade-Würtemberg au propriétaire. Une entreprise assure la gestion du site, une société privée s’occupe de la sécurité. Un représentant du canton de Fribourg, Thomas Hosp, supervise les opérations. Très disponible comme l’ensemble du personnel et des bénévoles, il nous montre les lieux et toutes les pièces. Il répond à toutes les questions. La seule consigne est de ne pas filmer le visage de réfugiés, car s’ils sont reconnus, leur famille risquerait des représailles ou cela compliquerait leur retour s’ils ne pouvaient pas rester en Europe.
Réfugiés souriants, tout est calme
D’après Thomas Hosp, 99% des personnes hébergées à Bel-Air viennent de Syrie : 80% sont des hommes, 10% des femmes et 10% des enfants. Après avoir passé plusieurs jours en Hongrie, ils sont 228 depuis samedi 5 septembre et environ 200 de plus étaient attendus dans la soirée. L’hôtel est calme et ordonné. Il y a à manger pour tout le monde, ainsi que des vêtements en abondance qui, eux, viennent tous des nombreux dons.
Les réfugiés sont souriants, propres et semblent soulagés d’être hébergés ici. Ceux qui le souhaitent peuvent sortir de l’hôtel et aller dans les environs, avec un papier expliquant leur situation. La prochaine étape est Karlsruhe où leur situation administrative sera traitée, bien que les services y sont débordés. Voir une telle structure à quelques kilomètres de la France est saisissant, tant les conditions semblent différentes.
Vidéo : Gaspard Glanz
Texte et traduction : Jean-François Gérard
Aller plus loin
Sur Le Monde : L’Allemagne accueille des milliers de migrants
Sur Rue89 Strasbourg : Réfugiés : Strasbourg rejoint le réseau des villes solidaires
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