Anna Calvi, c’est l’histoire d’un petit bout de femme d’1m52, née il y a 33 ans dans la banlieue londonienne. Atteinte d’une malformation des hanches qui l’oblige à faire plusieurs séjours dans les hôpitaux de la capitale anglaise, la jeune femme en profite pour créer très vite sa carapace, son monde dans lequel sa timidité n’est pas un handicap. Un monde onirique et artistique qui lui permet de s’échapper un peu plus d’un quotidien qui la pèse.
Bercée par la musique dès son plus jeune âge au sein d’une famille mélomane, elle s’essayera au violon, puis à la guitare -dès 9 ans- aux sons de celle de Jimi Hendrix qui résonnent en boucle dans la maison familiale. Sa guitare (une Fender Telecaster), Anna la verra presque immédiatement comme une extension de son bras et un instrument d’orchestre à part entière, sa connaissance du violon lui offrant une technique particulière. Fervente admiratrice des artistes d’antan, on notera également, parmi ses autres influences, la présence d’Elvis Presley et d’Edith Piaf dont elle reprendra respectivement les titres Surrender et Jezebel.
Un premier album à 30 ans
Année après année, la belle Anglaise qui avoue trouver en la musique une vertu thérapeutique se lance dans le grand bain. Son premier album intitulé Anna Calvi sort en 2010, pour ses 30 ans, après 3 années de dur labeur. Un disque accueilli tel un présent par une critique subjuguée par la puissance vocale et scénique de la frêle et timide Calvi. Les comparaisons avec PJ Harvey apparaissent presque naturelles, il faut dire que Robert Rob Ellis, ancien batteur de Polly Jean est le co-producteur du disque. L’album recèle de quelques pépites : Rider To The Sea et sa ligne de gratte très flamenco, les très rock Suzanne And I et Blackout… Auréolée par la critique, la reine Anna prend la route avec ses deux acolytes de presque toujours, Daniel Maiden-Wood (son batteur) et Mally Harpaz (sa meilleure amie et multi-instrumentiste). Une route qui emmènera le trio aux quatre coins du globe pour présenter ce petit bijou.
Électro et nouveaux instruments dès le deuxième album
Attendue au tournant comme tout artiste qui sort d’une belle passe musicale, Calvi se remet au boulot loin du tumulte londonien pour composer de nouveaux titres. Avec One Breath, sorti en octobre 2013, l’Anglaise qui se rêvait italienne a cherché de nouvelles références. Poussée par John Congleton, son producteur (qui travaille également avec David Byrne, St. Vincent ou Wye Oak), Anna Calvi opère pour un changement de style rondement mené.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que la mayonnaise prend vite. Si quelques bribes du premier disque imprègnent encore, ci et là, quelques morceaux (Eliza, Tristan, Suddenly), on découvre une autre artiste avec l’électro de Piece by Piece, le grunge de Love of My Life, le Tarentinesque Sing to Me ou le mysthique The Bridge. Nouveaux instruments (la place accordée aux cordes est nettement plus perseptible), nouvelles sonorités, Anna a décidé de faire un album sincère et elle l’affirme elle-même aux Inrocks :
« Si mon but était de faire de l’argent et d’être célèbre, je n’aurais certainement pas fait cet album. Bien sûr, il y a des gens qui ne consomment que des singles. Mais il y en a aussi qui écoutent des albums entiers. Ma musique s’adresse sans doute plus à ceux-là, ceux qui prennent leur temps avec la musique. J’aimerais que les gens qui ont aimé mon premier album comprennent que je vais explorer des choses différentes, et qu’ils me suivent, qu’ils m’aiment pour ça. »
En tournée européenne, Anna Calvi sera de retour à Strasbourg -après un premier passage en 2011- ce vendredi 6 décembre. Elle viendra nous présenter son deuxième disque et nous interpréter ses premiers succès. La chanteuse dégage en concert une énergie unique qui vaut le détour, alors foncez !
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