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À l’avant-veille du feu d’artifice, la Ville évacue le camp de l’Étoile

Les services de la Ville de Strasbourg ont procédé mardi 12 juillet, sans présence policière, à une mise à l’abri dans un gymnase des demandeurs d’asile installés au campement de la place de l’Étoile depuis le printemps. Les services de l’État examineront les situations administratives des personnes, et proposeront, en fonction, des solutions d’hébergement. Le feu d’artifice du 14 juillet doit être tiré de la place de l’Étoile.

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La Ville de Strasbourg n’a pas attendu la décision du tribunal administratif pour amorcer la fin du camp de sans-abris place de l’Étoile ce mardi 12 juillet. Le matin-même, la collectivité demandait en référé au tribunal l’expulsion du camp (lire notre article), qui s’est formé depuis avril.

Environ 70 demandeurs d’asile habitent dans une trentaine de tentes au niveau des espaces verts face au centre administratif.

Sur la place de l’Étoile, seuls des agents de la Ville organisent l’évacuation dans le calme et quelques barrières ont été apposées. Il n’y a pas de policiers en uniforme, ni de personnes se réclamant de la préfecture du Bas-Rhin, en charge de la politique de l’hébergement d’urgence et d’ordinaire de l’évacuation de ce type de camps. Les services sociaux distribuent des feuilles sur lesquelles la démarche est écrite en plusieurs langues, afin de s’assurer que tout le monde comprend. Des enfants courent pour ranger leurs affaires et aident leurs parents, enthousiastes à l’idée de quitter les lieux.

Les personnes sont acheminées vers des bus. Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Élues de la Ville et de l’Eurométropole en charge de la Solidarité, Floriane Varieras et Marie-Dominique Dreyssé assistent à l’évacuation du camp. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Un feu d’artifice imminent

Le mercredi 13 juillet, les services de la Ville ont prévu d’investir la place pour y installer les préparatifs du feu d’artifice célébrant la Fête nationale. Il sera bien tiré le jeudi 14 juillet dans la soirée, la Ville avait indiqué être prête à y renoncer si le camp n’était pas évacué.

Les occupants de la place de l’Étoile entrent volontiers dans le bus prévu et espèrent enfin bénéficier d’un hébergement d’urgence après avoir passé des semaines dehors. Kamran, jeune afghan, glisse : « C’était très dur ces derniers jours. On espère ne plus jamais vivre ça. » Ils sont en fait déplacés vers le gymnase Branly, utilisé plusieurs fois par la préfecture pour protéger les personnes sans-abri lorsqu’il fait très froid ou après l’évacuation de camps de réfugiés. Les réfugiés sont arrivés sur place en portant leurs affaires aux alentours de 17h30, au nombre de 65. Au moins un père et son fils ont choisi de ne pas entrer dans le bus, car ils ont essuyé plusieurs refus à leurs demandes de titre de séjour.

Des hébergements pour toutes les personnes, selon les situations administratives

Des bénévoles de la Protection civile participent à l’encadrement au gymnase. Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des solidarités, est satisfaite du déroulé des événements :

« On a pu montrer que la police n’est pas forcément nécessaire pour les évacuations. Les dispositifs des forces de l’ordre peuvent être très stressants pour les personnes. Nous allons aider à l’organisation de la vie sur place, mais cela sera temporaire. Les services de l’État proposeront une solution à toutes les personnes suite à des examens des situations administratives. Le gymnase ne sera qu’un sas. »

Les anciens occupants de la place de l’Étoile sont arrivés au gymnase Branly vers 17h30. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Hillary, de Médecins du Monde, association qui a réalisé plusieurs interventions sur le camp, reste inquiète :

« Nous restons très attentifs, pour savoir quelles solutions concrètes seront proposées aux personnes et comment elles seront accompagnées, notamment les personnes qui ont été déboutées du droit d’asile. »

La majorité attendent une réponse après une première ou une deuxième demande d’asile. Suite à l’évacuation du camp de Montagne verte à l’été 2021, de nombreux réfugiés avaient été emmenés dans un centre « d’aide au retour » à Bouxwiller, où ils étaient encouragés à signer un engagement pour être renvoyés dans leur pays d’origine. Gabriel, militant pour les droits des réfugiés, ajoute :

« Dans certaines familles, des personnes ont un titre de séjour et d’autres sont déboutés. Comment ils feront avec eux ? »


#14-Juillet

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