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Une vie de pro : lâcher le boulot pour évacuer le stress

Nouvel épisode des aventures de Jean Tusse. Le jeune cadre semble de plus en plus dépassé par les événements. Le stress le gagne. Une situation bien réelle pour Jacques*. Ce Strasbourgeois de 40 ans ne dormait plus et a fini par prendre une décision radicale pour un bourreau de travail : passer à un mi-temps, quitte à tirer un trait sur sa vie professionnelle.

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Rue89 Strasbourg : Il y a deux ans, vous avez décidé de réduire votre temps de travail de moitié. Comment était votre vie professionnelle avant cette décision ?

Jacques* : J’étais comme Jean Tusse. C’est pour ça que cette série web m’a interpellé. Je croyais que l’important dans la vie, c’était d’être quelqu’un professionnellement, que la réussite sociale faisait le bonheur. Mais je n’avais que le niveau Bac. Alors j’ai tout fait pour passer de l’ouvrier que j’étais à un statut de cadre. J’ai gravi les échelons et je suis devenu commercial en agroalimentaire… Et bourreau de travail. Je ramenais du boulot à la maison, je m’investissais énormément. Ça fait maintenant 15 ans que je travaille dans cette boîte. J’ai toujours été un salarié irréprochable. Cette année-là, j’avais même explosé mes objectifs. Mais visiblement, ça ne suffisait encore pas…

R89S : Quel a été le déclic ?

Jacques* : J’ai eu un nouveau responsable au dessus de moi. Un homme pervers et tordu. Son but était clairement de me montrer que face à lui, je n’étais rien. Il s’amusait à me donner des informations erronées pour me mettre dans des situations inconfortables. Il cherchait à me décrédibiliser et à me rendre dingue. Très vite, je n’ai plus réussi à gérer la pression et le stress. J’ai commencé à avoir des insomnies. Toutes les nuits, je me réveillais vers 3 heures du matin et je n’arrivais plus à me rendormir. Je réfléchissais trop, je me posais trop de questions : pourquoi je m’acharne au travail ? Est-ce si important de bosser autant ? Est-ce que ça me rend heureux ?

Ces insomnies me rendaient irritable. Pour ma famille, c’était devenu insupportable. J’ai finalement été voir une psychologue qui m’a emmené à l’essentiel : prendre soin de moi. J’ai fait tout un travail sur moi et j’ai fini par comprendre que la réussite professionnelle ne voulait rien dire, que porter un costume et une cravate n’était qu’une façade. Ça ne sert qu’à briller en société. J’ai commencé à refaire des rêves, à mieux dormir. Et j’ai pris la décision de lâcher prise, de prendre mon courage à deux mains et de reléguer le boulot au second plan.

R89S : Aujourd’hui, êtes-vous plus serein ?

Jacques* : Aujourd’hui je suis un simple assistant commercial, et ça me correspond plus. Ça fait presque deux ans que je travaille à mi-temps. Et je m’épanouis beaucoup plus comme ça, d’autant que je gagne pratiquement autant d’argent. Le matin, je vais au travail. Toujours dans la même société. Et l’après-midi, je m’occupe un peu plus de moi et de ma famille. Je passe désormais plus de temps avec ma fille. J’ai trouvé un meilleur équilibre. Je me suis recentré sur ma vie personnelle plutôt que sur ma réussite sociale. Aujourd’hui quand je vois à quel point les cadres de ma société n’ont pas de vie en dehors de leur travail, je me dis que j’ai vraiment bien fait. Je ne regrette absolument pas.

Pourtant ça n’a pas été évident au départ. Mes deux responsables m’ont mis une pression pas possible pour que je ne passe pas en mi-temps. Mais j’étais dans mes droits, alors j’ai tenu bon. Ils m’ont proposé un poste très en dessous de mes capacités et m’ont mis dans un placard en guise de bureau. Sur le coup, j’étais blessé alors que je me suis permis de leur dire que je trouvais ça injuste, que je méritais plus de considération. Mais tout ce qu’ils m’ont répondu c’est que si je n’étais pas content, je pouvais aller voir ailleurs. Donc ça a été dur à accepter, mais finalement ça m’a rendu service. Maintenant je ne pense plus au boulot quand je rentre à la maison.

*Le prénom a été changé.

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Sur Rue89 Strasbourg : « Une vie de pro », le pourquoi du comment de la cravate au bureau

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#Jean Tusse

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