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Un week-end de rêve à la Vigie

Vous avez aimé Le Grand Soir, le film de Delépine et Kervern ? Alors vous serez peut-être tentés par cette expérience de tourisme tertiaire qui consiste à passer deux jours dans une ZA (Zone d’Activité) et profiter au mieux de ses ressources culturelles, récréatives, sportives et gastronomiques. Celle de Strasbourg Sud La Vigie en recèle pas mal.

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La Vigie, c’est le sud et le sud, c’est le soleil ! (Photo JH)

Tout d’abord une précision géographique et toponymique. L’appellation « La Vigie » désigne la ZA éponyme d’Ostwald mais aussi par extension et un peu abusivement, il faut bien le reconnaître, les autres zones voisines qui se sont construites autour du nœud autoroutier de l’A35 sur les territoires d’Illkirch et Geispolsheim.

Noter aussi que la semaine tertiaire n’a que six jours, mieux vaut éviter le dimanche où les zones d’activité sont désertes. Le reste du temps elles ne sont actives qu’à mi-temps, grosso modo de 8 h à 20 h. Parmi les milliers de personnes qui travaillent à La Vigie ou la fréquentent quotidiennement aucune n’y habite. C’est un lieu sans autochtone. Pas une âme pour vous servir de guide. L’aventure, la vraie.

Posons la question ! (Photo JH)

S’y rendre

En voiture : A35 Strasbourg-Colmar sortie « La Vigie »

En bus : CTS n°  62  au départ de « Campus d’Illkirch » arrêt « La Vigie »

En train : TER Strasbourg-Colmar arrêt « Geispolsheim-gare »

Les distances étant grandes à l’intérieur de la ZA le vélo (compter une demi-heure depuis le centre ville de Strasbourg. Il y a des pistes tout du long) est un moyen idéal pour la visiter même si le système de circulation a été conçu pour les voitures exclusivement. Prudence !

(Photo JH)

 Zoner

La principale distraction offerte par une ZA est le lèche-vitrines ou plus exactement le lèche-gondoles. Jouir du spectacle de la marchandise dans toute son abondance et son étrangeté.  Se dépayser dans des magasins où l’on n’avait auparavant jamais mis les pieds. Dériver dans les allées sans forcément acheter. Voici quelques-uns des highlights de La Vigie :

Aquadif, tout pour la plongée sous-marine. Ambiance Jules Verne et commandant Cousteau. Combinaisons, scaphandres, bouteilles à oxygène… jusqu’aux accessoires les plus étonnants  comme le frisbee subaquatique. Le magasin est équipé d’un puits d’entraînement de 6 mètres de profondeur  dont l’accès est malheureusement réservé aux élèves de l’Ecole de plongée.

Même si l’on n’est pas fan de modèles réduits de voitures, Tacot, rue du Pont à Péage, vaut le détour. Au moins pour son beau bassin sculpture, agrandissement en métal d’une plaque de maquette d’auto.

De l’art commercial ? (Photo JH)

La Boutique érotique se visite un peu comme un cabinet de curiosité (interdit aux moins de 18 ans). En tentant de comprendre le sens ou la fonction des objets exposés. Parfois très énigmatiques comme ce canard de bain en caoutchouc  vendu pour un sex-toy et qu’on retrouve quasi identique chez Médor et Compagnie comme jouet à mâcher pour les chiots.

Si vous comptiez sur Médor et Compagnie pour un safari photo c’est râpé. On n’y vend pas d’animaux. Mais toutes sortes de choses plus extraordinaires les unes que les autres pour leur rendre la vie agréable. Du collier de chien anti-stress à la paille bio pour hamster écolo.

Pas de cheval vivant non plus à Horse Wood. Mais sur le parking trône fièrement une statue équestre grandeur nature qui rappelle un peu la sculpture de Paladino sur le toit du MAMCS à Strasbourg, en moins stylisée.

Modern Art (Photo JH)

La Vigie a même un magasin de souvenirs et spécialités régionales : En passant par l’Alsace installé dans la halle du Leclerc. On y trouve à peu près les mêmes choses que dans les boutiques de la Petite France (cigognes en peluche, moules à kougelhopf, pains d’épices de Gertwiller, vins , moutarde et foie gras…) . En revanche pas la moindre carte postale de la ZA à adresser aux parents et amis.

Le maïs au secours du metal, heavy metal

Au bout de la rue Alfred Kastler, Porcelaine Mireille, spécialiste  des arts de la table, abrite à l’arrière un magasin de fournitures pour potiers amateurs et un four pour cuire leurs œuvres. On y fabrique aussi à la main des transformateurs électriques de précision et le vieux fort militaire voisin, propriété de ce consortium très diversifié, a été transformé en locaux de répétition loués à des groupes de rock. Entre eux et le reste du monde plusieurs hectares de maïs. Idéal pour s’adonner sans vergogne aux joies du heavy metal.

Les Bandidos, d’accueillants bikers en Harley-Davidson, ont eux aussi établi leur QG à la Vigie. Une présence insolite et vaguement rebelle aux marges de la ZA.  Outre de nombreuses réunions festives, leur vaste local accueille les services d’un tatoueur émérite, Radical Tattoo.  L’occasion de faire inscrire à jamais sur sa peau le nom de l’être aimé, un portrait de Che Guevara ou le mot de passe « hautement sécurisé » mais impossible à retenir de votre messagerie.

Le chapitre strasbourgeois de Sons of Anarchy ? (Photo JH)

Visiter

Le Musée du chocolat, sur le parking duquel s’est échoué un ancien wagon restaurant de l’Orient Express. C’est le seul musée de la ZA,  installé dans le hangar de Marquise de Sévigné Paris, chocolatier depuis 1892. Prévoir une petite heure pour la visite dégustation comprise.

Istanbul, c’est Constantinople dit la chanson (Photo JH)

Bouger

Les immenses parkings, le plus souvent déserts, se prêtent à merveille  à toutes sortes d’activités sportives : baseball, planche à roulettes, char à voile, course de caddie… On peut aussi s’offrir ou plus exactement se faire offrir une séance de fitness à l’Orange Bleue. « Leader de la remise en forme en discount ». Une heure ou deux d’initiation gratuite au Fit combat ou à la Zumba, cocktails toniques d’aerobic, boxe et danses latino. Et pour conclure un petit quart d’heure d’abdos-fessiers avant de s’affaler dans le sauna.

 Se baigner

La Vigie est riveraine du Lac Achard aussi appelé « Plan d’eau de la Hardt » dont les eaux émeraude viennent lécher l’A35.  Le Saint Trop’ de Geispo. Plage de sable fin, ambiance bohème et bon enfant. Un très bon plan farniente. Et si on arrive à oublier le bourdonnement de l’autoroute c’est aussi un endroit très agréable pour lire. On trouve des ouvrages neufs au Leclerc et d’occasion chez Cash Converters.

Voire même sur un parking… (Photo JH)

 Boire un verre

 L’apéro est le point faible de la Vigie. Il n’existe qu’un seul bistrot, sans terrasse, dans le hall du Leclerc et il ferme à 20 h. On peut tenter sa chance au bar de l’hôtel Mercure ou à La Grande Boutique du Vin qui propose de temps en temps des dégustations de rosé. Mais le plus simple est encore d’acheter une bouteille, des chips et des gobelets en plastique et se vautrer sur un bout de pelouse.

Il y a des espaces verts… (Photo JH)

Fooding

En revanche aucun problème pour déjeuner ou dîner à la Vigie où les cuisines du monde sont à l’honneur. Italienne chez Di Giorgio ou Francesca. Nippo-coréenne au Wok’n grill où l’on fait cuire soi-même les aliments sur des barbecues électriques encastrés dans les tables. Chinoise à la Villa de Jade. Buffet à volonté.  Américaine au Mac Do et au KFC Drive In, une expérience intéressante à vélo. Et si vous êtes adeptes de  « fusion food »  vous ne manquerez pas de goûter aux crêpes toscane, norvégienne, tex-mex ou kebab de Crêpes Folie’s, installé à l’entrée du Decathlon.

graffiti sous l’A35 – Anonyme XXIe siècle

La gastronomie française traditionnelle est représentée par Philippe Rome, restaurateur-traiteur  et l’Hippopotamus qui a mis sur sa carte une astucieuse « brochette découverte » pour permettre aux végétariens de s’initier à la viande. On mange régional (choucroute, tourte au riesling, bouchée à la reine…) chez Maurer Frères «  la passion du vrai depuis 1921 ». Et on dit beaucoup de bien du dernier venu, le 15, installé 15 rue Pierre et Marie Curie. Déco design et cuisine créative inspirée par Bernard Shaw : « Il n’y a pas d’amour plus sincère que celui de la bonne chair ».

Se loger

Il n’y a pas de camping à La Vigie malgré le Décathlon et les nombreux espaces verts totalement inoccupés. Ils ne servent pour la plupart qu’à délimiter les parkings des différentes entreprises. Il y aurait pourtant de quoi planter un paquet de tentes. Mais bon, il y a des hôtels. On a même l’embarras du choix. Mercure, Ibis, Formule 1, Mister Bed, Etap Hôtel, B&B, Campanile

Que rapporter ?

Si vous voulez rapporter un objet-souvenir original de ce voyage au bout de la zone vous le trouverez à la Jardinerie du Leclerc au milieu des bidons de Round Up et des bataillons de nains de jardin : une Blanche Neige en terre cuite émaillée légèrement « ratée de cuisson » avec la tête déformée. Une Blanche Neige qui aurait été bercée trop près du mur.

Sur toutes les étagères trendy (Photo JH)

Bons baisers de La Vigie !


Une série de formules de promenades à pied, issues des méthodes du tourisme expérimental (http://www.latourex.org/) , pour découvrir ou redécouvrir Strasbourg et sa Communauté Urbaine.

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