Pour le « négociateur immobilier indépendant » Mathieu Deiber, la belle affaire vire aux poursuites judiciaires. En août 2022, Rue89 Strasbourg publiait un reportage sur le quotidien infernal de quatre habitants d’une maison du Neudorf. Depuis le rachat du bâtiment en août 2021, Sonia Weyl, Françoise Heitz, Richard Benz et Fabienne Mathis ont subi des pannes à répétition, entre coupures d’eau de plusieurs jours et arrêt du chauffage pendant plusieurs semaines. Ils ont aussi perdu l’usage de leur jardin, transformé en parking, ou du grenier.
Cette situation a décidé le cabinet d’avocats Soler-Couteaux à offrir leur aide à trois des quatre locataires. Signataire d’un contrat de location plus récent et moins protecteur, Sonia Weyl n’a pas bénéficié de cette aide gracieuse. « La situation de Madame Weyl relève aussi du pénal (elle a porté plainte contre Mathieu Deiber pour violences suivie d’incapacité supérieure à huit jours, NDLR), or nous ne sommes pas spécialisés dans ce domaine », justifie l’avocat David Gillig qui estime que l’audience ne devrait pas avoir lieu avant la fin de l’année 2023.
Mise en demeure par les avocats des locataires le 9 septembre 2022, la SCI du Hohneck a réfuté l’ensemble des allégations à son encontre. D’où la procédure initiée par David Gillig et Louise Ramenah auprès du tribunal judiciaire de Strasbourg. « Pour obtenir réparation des préjudices de mes clients, nous avons assigné la SCI du Hohneck devant le tribunal judiciaire en matière civile », explique David Gillig.
Une plainte pour harcèlement
« La liste des griefs (…) est très longue », comme le résume sur son site le cabinet d’avocats strasbourgeois. Les demandes de David Gillig et Louise Ramenah le sont tout autant. Ils affirment tout d’abord que l’augmentation des charges « de 150 à 230 euros est abusive » : « La SCI du Hohneck n’était pas en droit d’établir une modification des charges locatives pour l’année sans produire un décompte de charges de l’année N-1. À ce jour, aucun décompte de charges de l’année 2021 n’a été produit. » Les avocats demandent ainsi au juge des contentieux de la protection de fixer la provision de charges à 150 euros dès le 1er janvier 2022.
Maîtres Gillig et Ramenah estiment aussi le préjudice moral subi par Françoise Heitz, Richard Benz et Fabienne Mathis à 28 000 euros. « Les demandeurs sont angoissés à l’idée de rentrer chez eux, de croiser monsieur Deiber », rappellent les avocats, qui insistent sur « la vulnérabilité des demandeurs convaincus que la société bailleresse a eu l’intention malveillante de leur faire quitter le logement qu’ils occupent, chacun depuis plus de trente ans ».
« Une telle incurie constitue une mise en danger »
Le cabinet Soler-Couteaux exige notamment 12 600 euros en « réparation de trouble de jouissance due à l’absence de chauffage entre le 29 septembre et le 14 décembre 2021 ». Pour Françoise Heitz, qui a vécu sans chauffe-eau du 12 juin au 31 août 2022, le cabinet demande 2 000 euros « au titre du trouble de jouissance subi ». Selon les avocats des locataires, « une telle incurie constitue une mise en danger de la santé des locataires qui sont des personnes vulnérables », du fait de leur âge.
Au total, les demandes des avocats atteignent plus de 61 000 euros. Contacté, Mathieu Deiber n’a pas donné suite à notre demande d’interview.
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