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7 choses à savoir avant de se lancer dans UberPop à Strasbourg

Arrivé en France en 2011, le géant américain Uber déploie son service à Strasbourg. L’appli « UberPop », qui permet aux particuliers de s’improviser chauffeurs, est devenue la pire ennemie des taxis. Mais est-elle pour autant l’alliée des Strasbourgeois ?

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L’application UberPop est désormais ouverte à Strasbourg. (Photo : Rue89 Strasbourg)

1. – C’est illégal et les chauffeurs sont passibles d’amendes

Depuis le 1er janvier, date de l’entrée en vigueur de la loi Thévenoud sur la régulation de la concurrence avec les taxis, l’offre UberPop est interdite en France.

Les particuliers qui proposent leur service sur l’application risquent une condamnation pour exercice illégal de la profession de taxi : jusqu’à un an d’emprisonnement, 15 000 euros d’amende, une suspension de cinq ans du permis de conduire et la confiscation de leur véhicule. Plusieurs chauffeurs ont été interpellés depuis le début de l’année dont trois à Strasbourg et ce sont toujours eux qui sont condamnés, jamais Uber, la société qui commercialise le service.

2. – Les chauffeurs gagnent 75% du prix de leur course

Pour Uber, il suffit d’avoir 21 ans, le permis de conduire depuis plus d’un an et une assurance personnelle. Tout particulier peut devenir chauffeur. Sa voiture doit seulement avoir moins de 10 ans et être en bon état. C’est la société qui se charge de prélever aux clients le prix des courses. Elle en reverse 75% aux chauffeurs.

Étudiants, seniors, actifs à la recherche petit boulot d’appoint, les profils sont variés parmi les chauffeurs inscrits. Ils choisissent leurs horaires de travail librement et leur bénéfice peut aller de quelques dizaines d’euros à l’équivalent d’un salaire à temps plein, comme le rapporte ce reportage de Rue89.

3. – UberPop n’est pas UberX

Uber a lancé deux services : UberX et UberPop. Le premier est réservé aux chauffeurs VTC (voiture de tourisme avec chauffeur) indépendants ou aux sociétés de transport. Ce service “pro” n’est pas encore proposé à Strasbourg mais il devrait suivre dans les semaines ou les mois qui viennent.

UberPop, ouvert à tout particulier, a été lancé l’année dernière en France. C’est celui-ci qui est visé par des procédures judiciaires. Le préfet du Nord, notamment, l’a interdit en mai 2015 pour « concurrence déloyale » vis-à-vis des voitures avec chauffeur et des taxis. En Gironde, le préfet a justifié son arrêté par la tranquillité publique.

4. – Le tarif minimum pour les passagers : 4 €

Le fonctionnement d’Uber est basé sur la géolocalisation. Il suffit de télécharger l’application (gratuite) sur son smartphone (voici le lien pour Android et celui pour iOS) et de s’inscrire (en fournissant ses informations bancaires).

Ensuite, Uber situe l’utilisateur via le GPS de son téléphone et le met en relation avec le chauffeur le plus proche. L’estimation du temps d’attente et du prix de la course s’affichent et il n’y a plus qu’à réserver en un simple tapotement sur l’écran tactile. La prise en charge est de 1 €, à laquelle il faut ajouter le prix au kilomètre (0,95 centimes) et le prix par minute (0,15 centimes). Une course coûtera au minimum 4 euros.

Si l’on fait le test pour Strasbourg, un trajet de 3 kilomètres entre la gare et la place de l’Étoile est estimé entre 7 et 9 €. À titre de comparaison, un taxi coûte 1,60 € par kilomètre (aller simple de jour), auquel il faut ajouter la prise en charge (1,90€) et le temps d’attente. Pour le même trajet gare-place de l’Étoile, une course en taxi reviendra à 10 à 12€, répond le syndicat départemental des artisans taxis.

Attention cependant, Uber avertit sur son site que ses tarifs peuvent varier « selon le trafic, la météo et plusieurs autres facteurs ». Une définition assez floue qui a permis à Uber de pratiquer des tarifs prohibitifs la nuit du Réveillon 2015.

5. – 8 000 utilisateurs potentiels à Strasbourg ?

Installée dans 58 pays, la société californienne revendique un million d’utilisateurs réguliers en France. Après Paris, Lyon, Lille, Toulouse, Bordeaux et Nice, le déploiement à Strasbourg, Nantes et Marseille a été préparé dans le plus grand secret. Même les chauffeurs qui s’étaient pré-enregistrés sur le site ne l’ont su qu’au dernier moment. La mairie n’a pas davantage été informée.

La stratégie d’expansion d’Uber s’appuie sur une potentielle demande locale, selon Alexandre Molla, directeur général expansion d’Uber France, qui s’exprime sur LeMonde.fr : « à Marseille, c’est quasiment 100 000 personnes qui avaient ouvert l’application ces derniers mois, Nantes, c’est 12 000, et Strasbourg, c’est 8 000. »

6. – Une start-up milliardaire aux méthodes controversées

La petite start-up californienne, née en 2009, est devenue en à peine six ans le leader mondial des transports en voiture avec chauffeur. En novembre 2014, elle était valorisée à 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros). Cette croissance fulgurante n’est pas seulement le fruit de l’idéologie du partage et de la victoire de l’innovation. La société milliardaire use de méthodes controversées dans les pays où elle s’implante.

En France, elle multiplie les recours contre les procédures judiciaires lancées à son encontre et compte sur la lenteur de la justice pour poursuivre son expansion :

  • Elle a fait appel de la condamnation à 100 000 euros d’amende, pour avoir présenté son service UberPOP comme du covoiturage, par le tribunal correctionnel de Paris, fin 2014.
  • Elle se défend de toute illégalité en s’appuyant sur la décision du tribunal de commerce de Paris : celui-ci avait été saisi par des sociétés de VTC et des associations de taxi qui réclamait l’interdiction du service pour “concurrence déloyale” et a rejeté cette demande. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’UberPop est légal. Le tribunal a seulement constaté que cela relevait, en partie, du juge pénal, et a déclaré qu’il serait préférable de s’assurer de la constitutionnalité de certains articles de la loi Thévenoud.
  • Elle remet en cause la constitutionnalité de la loi Thévenoud. Pour le moment, deux de ses QPC (Questions prioritaires de constitutionnalité) ont été rejetées par le Conseil constitutionnel, et une acceptée. Concernant le service UberPop, la Cour de Cassation n’a pas encore validé la QPC soulevée par Uber.

Pendant ce temps, le service se déploie et fait ses preuves. La société compte d’une certaine manière mettre les juges devant le fait accompli lorsqu’ils prendront leur décision.

7. – La question qui tue : au fait, c’est quoi l’uberisation ?

En quelques années, Uber a bouleversé le marché des taxis à l’échelle mondiale. De ce phénomène est né le néologisme “uberisation”, qui définit un bouleversement lié au partage et au numérique dans un secteur d’activité, le plus souvent lié à une start-up qui fait trembler les vieux monopoles. Ainsi, BlablaCar a uberisé la SNCF, LeBonCoin a uberisé le monde des petites annonces, AirBnB a uberisé les locations de chambres d’hôtels…

L’uberisation porte un idéal de partage, fait souffler un vent nouveau sur des professions parfois sclérosées par les réglementations. Les secteurs « uberisés » sont même parfois rendus responsables de leur sort. Dans le cas des taxis par exemple, les défenseurs d’Uber leur ont reproché aux taxis leur manque de disponibilité, de modernité et… d’amabilité.

Pour autant, l’uberisation a aussi son revers inquiétant, comme l’explique l’Express dans son article intitulé « l’Invasion des barbares ». Les start-ups en question s’arrangent avec les législations, détruisent des emplois dans des entreprises établies pour les remplacer par des travailleurs précaires et indépendants. Leur croissance fulgurante leur permet d’absorber leurs concurrents et d’arriver à leur tour en situation de monopole.

Un arrêté pris par la préfecture à la demande des taxis strasbourgeois

À Marseille et à Nantes, les taxis n’ont pas tardé à protester, en investissant les hôtels où devaient se tenir les réunions de recrutement de chauffeurs Uber. Les Marseillais ont même eu le droit à des œufs et crachats, ce qui a fait annuler la deuxième journée de recrutement rapporte Libération. À Strasbourg, les taxis crient aussi à la concurrence déloyale. Farouk Trari, secrétaire du syndicat départemental des artisans taxis :

« Pour nous, la licence tourne aux alentours de 175 000€ à l’achat, et il faut compter en plus la voiture (30 000 €), l’assurance (3 000 € par an), la cotisation annuelle si l’on fait partie d’un groupement (entre 350 et 400 € par mois), le droit de place (280 € par an), plus toutes les charges d’entreprises comme le RSI ou l’Urssaf (les chauffeurs Uber sont sous le régime des auto-entrepreneurs, soit une différence de charge de près de 600 euros par mois selon l’activité du taxi ndlr). Et de toutes façons, les tarifs des courses sont fixés par la préfecture. »

Les taxis en colère ont obtenu un rendez-vous avec la préfecture dans la soirée de lundi pour demander qu’un arrêté interdise les activités d’UberPop à Strasbourg. Le préfet a publié cet arrêté mercredi.

(Mis à jour mercredi avec l’arrêté de la préfecture)


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