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Trois scénarios qui feraient basculer l’Eurométropole à droite

L’autre enjeu des batailles municipales, c’est la future composition du conseil de la CUS. Avec le statut d’Eurométropole en 2015, le poids de Strasbourg dans la conduite de l’agglomération va baisser. Rue89 Strasbourg a dressé trois scénarios qui, s’ils se réalisaient en mars, feraient basculer l’Eurométropole à droite.

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En 2015, le conseil de l’Eurométropole comptera 95 élus, cinq de plus que l’actuel conseil de la communauté urbaine de Strasbourg (CUS). Mais alors que Strasbourg envoyait 39 délégués et 11 vice-présidents au conseil de CUS, la ville centre n’enverra plus que 47 élus au futur conseil de l’Eurométropole, soit moins que la majorité absolue. Autrement dit, dès mars, le résultat des élections municipales à Strasbourg ne conditionnera plus automatiquement l’orientation politique de l’agglomération. En se basant sur les résultats de 2008, voici trois scénarios possibles pour la future Eurométropole.

Tout d’abord, un petit rappel des résultats des municipales de 2008 dans la CUS avec cette carte interactive. On y voit en bleu les communes acquises par un maire UMP ou divers droite, en rouge celles remportées par un maire PS ou divers gauche, et en gris celles conquises par une liste sans étiquette :

Pour rappel, il était possible en 2008 de panacher les listes proposées dans les communes de moins de 3 500 habitants, ce qui explique que la somme des pourcentages exprimés soit supérieure à 100. Ce ne sera plus possible en mars pour les communes de plus de 1 000 habitants.

Scénario 1 : une alternance à Strasbourg

Avec seulement un quart des communes membres (quatre PS, trois divers gauche), la gauche dispose d’une confortable majorité à la CUS. Le graphique suivant montre les projections des résultats de 2008 en sièges de la prochaine communauté urbaine. Les couleurs sont strictement les mêmes que pour la carte précédente :

Avec sa bonne avance à Strasbourg (58,33% des suffrages exprimés), le PS aurait même pu se payer le luxe de perdre Schiltigheim ou Illkirch-Graffenstaden (respectivement huit et sept sièges au total) et conserver la majorité absolue à la CUS.

Le poids de Strasbourg reste déterminant, ainsi si Roland Ries réitérait son score de 2008, la gauche strasbourgeoise enverrait 37 délégués au futur conseil de CUS :

Scénario 2 : un tiercé incomplet à gauche

René Lacogne, maire divers droite de Fegersheim pour encore quelques semaines, se rappelle certains débats à la CUS :

« En tant que maire d’une petite commune, il peut être parfois frustrant que l’ensemble des décisions de la CUS puisse être pris par seulement trois villes : Strasbourg, Illkirch-Graffentstaden et Schiltigheim. »

Mais le transfert de sièges de Strasbourg vers Illkirch et Schilick ne changera rien à ce tiercé gagnant : le camp qui remporte la majorité dans ces trois villes est assuré d’obtenir 48 sièges au futur conseil de l’Eurométropole, soit pile le nombre nécessaire pour emporter les décisions.

Une situation qui est loin de satisfaire Eric Amiet, maire UMP de Wolfisheim :

« Je trouve l’appellation d’Eurométropole disproportionnée quand on a pas étendu l’ancien territoire. Intégrer d’autres villes aurait à mon avis permis de mieux répartir les sièges, surtout du côté des communes périurbaines. Mais là, la situation n’a pas changé, et une poignée de villes très urbaines obtiendront toujours très facilement la majorité absolue. »

En revanche, si la gauche l’emportait à Strasbourg avec un score serré, les choses se compliqueraient en cas de défaite du PS à Illkirch-Graffenstaden ou Schiltigheim. Par exemple, avec un score de Roland Ries à 50,1%, la gauche strasbourgeoise enverrait 36 délégués au conseil de CUS. En cas de victoire à Schiltigheim mais de défaite à Illkirch, la gauche ne pourrait compter que sur un seul conseiller illkirchois. Au final, ils ne seraient que 47 délégués sur 95 (en comptant Bischeim, Hoenheim, Ostwald comme en 2008…).

Même chose en cas de triangulaire à Strasbourg, ce qui pourrait bien arriver selon un récent sondage. Ainsi avec un PS à moins de 45% à Strasbourg, la gauche risquerait de perdre un autre siège à la CUS. En cas de perte d’une ville du trio de tête, l’enjeu se déplacerait vers d’autres communes, par exemple Ostwald. Les règles de répartition des sièges étant les mêmes que pour les élections municipales, si les socialistes perdent cette commune, ils perdent automatiquement ses deux sièges.

Scénario 3 : un regroupement de petites villes acquises à l’UMP

Si l’UMP parvenait à récupérer Strasbourg (36 sièges) et que le PS gardait six sièges à Illkirch-Graffenstaden (victoire d’une courte tête), 6 à Schiltigheim (même chose) et 2 à Ostwald, aucun des deux grands partis ne pourrait prétendre à la majorité absolue sans incorporer des petites villes à un siège.

C’est là que ces communes périphériques, généralement acquises à la droite (Eckbolsheim, Geispolsheim, Lampertheim, Reichstett, Souffelweyersheim et Wolfisheim en 2008), pourraient s’avérer très précieuses pour conforter une majorité absolue de conseillers communautaires de droite à la CUS.

Voici la répartition, toujours réalisée à partir des résultats de 2008, des sièges par commune, en utilisant les mêmes couleurs que précédemment :

Les communes à un siège ont été regroupées, et le rapport de force n’y est clairement pas en faveur du PS. Ainsi, trois villes remportées par la gauche, Mundolsheim, Vendenheim et Plobsheim, sont dirigées par un maire qui n’est pas membre du PS.

Pour Eric Amiet, il n’y aurait aucun problème pour le parti de droite dans ces conditions :

« Les villes de la première couronne feront avec n’importe quelle majorité, qu’elle soit de droite ou de gauche. Du côté des communes de la deuxième couronne, l’UMP est bien ancrée dans beaucoup d’entre elles, et n’aura donc aucun mal à obtenir quelques sièges pour sa majorité. »

Mais si le nombre de sièges de l’UMP était trop juste dans ces villes périphériques, il ne faudrait pas espérer rallier automatiquement tous les maires d’autres petites communes. D’abord parce que ces regroupements politiques ne sont pas forcément inscrits dans leurs objectifs. Comme le souligne Doris Hahn, maire sans étiquette d’Eckwersheim et vice-présidente de la CUS :

« Jusqu’à récemment, il n’y avait pas de groupes politiques à la CUS, et il faudrait avant tout savoir qui se présente à la présidence avant d’envisager une stratégie de regroupement. Personnellement, elle ne m’intéresse pas. »

Même son de cloche du côté de Claude Graebling, maire sans étiquette de La Wantzenau et autre vice-président de la CUS :

« La CUS a toujours été gérée de manière apolitique, et je trouve que c’est une bonne chose. Les logiques de regroupement par partis, c’est bien pour les grandes villes, mais pas pour les petites communes où les maires ne veulent pas forcément s’encarter. »

René Lacogne, maire de Fegersheim :

« Evidemment, il est arrivé que des maires de différents partis s’écharpent en conseil de communauté. Mais le pouvoir qu’on avait pas en décision, on pouvait l’avoir en influence. On faisait jouer nos réseaux et on profitait des moments de débats pour faire pencher la balance en notre faveur. »

Une culture du compromis à l’Alsacienne en somme ? A Bordeaux, la ville est à droite mais la communauté urbaine est à gauche, et ils ont pourtant réussi à faire un tramway presqu’aussi bien que le nôtre.

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