Georges Keller, de la Protection Civile, « ne pensait pas voir ça en 2022 ». Une bénévole derrière lui lâche une larme. Après quatre jours au gymnase Branly, 47 Ukrainiens viennent de partir vers Bar-le-Duc dans le Meuse lundi 21 mars, pour des logements plus pérennes. Il s’agissait uniquement de femmes et d’enfants, sauf un couple de personnes âgées, selon les cinq bénévoles et les deux agents de sécurité présents.
La salle de sport peut accueillir 50 personnes. Même capacité d’affluence pour le gymnase Menora. Le gymnase H2R compte 100 places. Ces deux derniers sont gérés par la Croix Rouge, qui n’a pas souhaité communiquer, « à cause des consignes de la préfecture ». En tout, 200 personnes peuvent bénéficier simultanément des places dans ces gymnases, tous à proximité du Parlement européen.
« Les femmes et les enfants qu’on accueille sont traumatisés »
D’après les bénévoles interrogés au gymnase Branly, après leur enregistrement au centre d’accueil place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, les réfugiés ukrainiens sont redirigés vers ces trois salles de sport. Ils y restent quelques jours avant d’être emmenés vers d’autres hébergements.
Des lits de camp séparés par des paravents. Un coin avec des jouets. Des tables avec des boissons et de la nourriture. Les bénévoles de la Protection Civile sont prêts à accueillir un nouveau groupe de réfugiés ukrainiens. Ils doivent arriver dans la matinée, pour remplacer ceux qui viennent de partir.
Josiane Chevalier, préfète du Bas-Rhin, avait annoncé lors d’une conférence de presse lundi 7 mars que l’État demande aux maires du département de signaler les capacités d’accueil de leurs communes. « Les gymnases, ce sont des sas le temps de trouver les places ailleurs », précise Georges Keller, le plus âgé du groupe de bénévoles. Il ajoute :
« Ces femmes et ces enfants viennent de fuir la guerre. Leurs maris ou pères sont restés sur le front. Ce sont des personnes vraiment traumatisées. Pour nous, les bénévoles, ce n’est pas facile à gérer. Les anciens de la Protection Civile sont mobilisés pour soutenir psychologiquement les jeunes, qui peuvent demander conseil. Moi j’essaye d’être une oreille pour eux. Depuis la guerre de Yougoslavie, je n’avais plus vu de telle situation humanitaire. »
Un gros risque de saturation du dispositif
Dimanche 20 mars, l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a précisé que 3,3 millions d’Ukrainiens avaient déjà quitté leur pays depuis le début de la guerre. Les arrivées sont massives à Strasbourg, d’où « la saturation des capacités d’hébergement », rapportait la préfète Josiane Chevalier, à 20 Minutes le 14 mars. À cette date, 250 personnes se présentaient tous les jours au centre de la place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. Plus de 800 réfugiés avaient déjà été logés dans le département. La préfecture cherche donc désormais à répartir l’effort d’accueil sur l’ensemble du Grand Est.
La préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu à nos questions concernant les détails du dispositif et son redimensionnement. Difficile de prédire combien d’Ukrainiens se présenteront à Strasbourg dans les semaines semaines à venir mais, pour qu’aucun d’entre eux ne se retrouve à dormir dehors, comme des familles géorgiennes, tchétchènes ou albanaises, un effort sans précédent devra être mis en œuvre.
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