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Tours et barres, ce qui est tombé à Strasbourg

Avec la rénovation urbaine, les habitants de l’agglomération de Strasbourg ont vu tomber plusieurs dizaines de tours et barres construites dans les années 1960. Dans la ville centre, quatre quartiers sont concernés, le Neuhof, la Meinau, Hautepierre et Cronenbourg. A Lingolsheim, il y a eu des démolitions dans le quartier des Hirondelles. Cartographie.

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A Hautepierre, les rares démolitions ont permis d’ouvrir les mailles pour modifier la circulation automobile et permettre une meilleure visibilité sur ce qui se passe au sein des îlots (Photo MM / Rue89 Strasbourg)


Jaune : PRU Neuhof / Bleu : PRU Meinau / Brun : PRU Cronenbourg / Orange : PRU Hautepierre /  (Source CUS)

La rénovation urbaine, programme national lancé par Jean-Louis Borloo en 2003, vise à améliorer les conditions de vie des habitants des quartiers populaires, dont les logements ont été construits à la va-vite dans les années 1960 et 1970. Outre le levier « humain » (relogement, soutien aux associations, aide au retour à l’emploi…), les collectivités et bailleurs sociaux qui mettent en œuvre cette politique disposent d’un outil radical : la destruction de tours et de barres vétustes, aux logements exigus, mal isolés, etc.

Meinau, Hautepierre, Neuhof et Cronenbourg

L’Anru (Agence nationale de rénovation urbaine) et CUS Habitat, principal bailleur social de l’agglomération strasbourgeoise, ont ciblé quatre quartiers : la Meinau, Hautepierre, le Neuhof et Cronenbourg, mais également le quartier des Hirondelles à Lingolsheim. Laurence Quercy, chargé de communication à l’Anru, précise :

« L’analyse pour la démolition d’un ensemble s’est faite en fonction de l’état de vétusté du parc et du projet urbain comme la tour 28 avenue de Normandie par exemple. Les démolitions peuvent aussi avoir comme objectif d’ouvrir le quartier ou de permettre une plus grande mixité sociale [ndlr, à Hautepierre]. »

Les premières démolitions de tours ont eu lieu en 2005 avec le PRU (projet de rénovation urbaine) du Neuhof. Au total, 818 logements ont été détruits de 2005 à 2013 dans ce quartier. A la Meinau, 685 appartements ont été rasés sur la même période. Les démolitions dans les autres quartiers ont commencé plus tard et sont donc moins avancées, 88 logements détruits pour Cronenbourg, 78 pour Hautepierre et 72 pour les Hirondelles. Au total, c’est 1,3 milliard d’euros investis pour les 480 opérations.

La tour 33, avenue de Normandie à la Meinau, a été le théâtre d’actions artistiques le week-end des 14 et 15 septembre, avant sa prochaine démolition (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

« Ils ont voulu être relogés tous ensemble »

Mathieu Cahn, adjoint au maire et adjoint de quartier à la Meinau explique que la démolition d’un bâtiment se fait pour trois raisons. D’abord pour diversifier l’habitat (l’Anru impose de reloger un certain nombre de ménages hors site) et « favoriser la mixité sociale », ensuite pour des raisons urbanistiques, comme dans le cas de la tour 28 qui refermait le quartier sur lui-même, ou encore pour des raisons patrimoniales, autrement dit quand les bâtiments dégradés sont impossible à réhabiliter. Il précise :

« Nous avons mis en place un dispositif d’accompagnement pour reloger les foyers avec la CAF, la CUS, la Ville et les centres médico-sociaux. Nous mettons en place une enquête sociale pour les ménages pour pouvoir faire en fonction de leurs besoins, de leurs ressources. Nous devons au minimum leur faire trois propositions de relogement.

L’Anru délègue, mais nous on pilote, c’est à dire que nous faisons avant tout en fonction des ménages qui à la base n’ont rien demandé. Par exemple à la Meinau, l’Anru nous reproche de ne pas assez reloger les foyers hors site, mais les gens de la Meinau sont attachés à leur quartier. Dans ce cas-là, nous mettons en place une concertation pour trouver une solution. Autre exemple à la Meinau, l’Anru nous a demandé de détruire une tour qui était certes vétuste, mais les habitants ne voulaient être relogés qu’à condition d’être tous ensemble ce qui était impossible. Nous leur avons donc proposer de réhabiliter l’immeuble à la place de le détruire. »

L’arrivée du tram au Neuhof a ouvert le quartier

Pour Laurence Quercy, les efforts de rénovation au Neuhof sont une réussite :

« Aujourd’hui, les résultats sont tangibles, notamment sur le quartier du Neuhof. Ce projet connait un très bon état d’avancement et la qualité des réalisations a été plusieurs fois soulignée et même primée (Prix de l’aménagement urbain par le Groupe Moniteur). Le tramway, arrivé au cœur du quartier en 2007, a permis la création d’un vrai cœur de quartier autour du carrefour Reuss ainsi que l’ouverture du quartier. »

Selon l’Anru, un sondage réalisé en janvier 2013 dans le cadre d’une étude de l’Oriv auprès d’habitants des quartiers en rénovation urbaine montre que la perception de 175 familles installées au Neuhof a très favorablement évolué : 51% d’entre eux avaient une image négative du quartier avant de s’installer, ils n’étaient plus que 11% ensuite.

Des chantiers vont encore être lancés d’ici fin décembre, date de la fin du conventionnement entre l’Etat et la CUS dans le cadre de l’Anru. Ils devraient s’achever en 2015. D’autres rénovations, engagées par la collectivité, se poursuivront au-delà, jusqu’en 2017.


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