Le tribunal pour enfants de Saverne a rendu son jugement dans la foulée du procès des 5 jeunes ayant profané 250 tombes du cimetière juif de Sarre-Union en février 2015. Les juges ont condamné les cinq protagonistes à des peines de prison assorties du sursis, avec en sus 140 heures de travaux d’intérêt général (TIG).
Un des jeunes est condamné à 18 mois de prison avec sursis, celui qui avait le profil de « meneur ». Pour trois autres, la peine est de 12 mois. Un cinquième, qui n’aurait pas participé à la totalité des dégradations, est condamné à 8 mois de prison avec sursis.
Les réquisitions entièrement suivies
La présidente du tribunal a ainsi suivi toutes les réquisitions du procureur de la République. Il avait notamment mis en avant la minorité des accusés au moment des faits. Ils avaient entre 15 et 17 ans et n’avaient pas d’antécédents judiciaires. Après la découverte, ils avaient été placés chez des tiers et éloignés de Sarre-Union.
L’indemnisation fixée en novembre
La décision concernant l’indemnisation des 48 parties civiles, notamment les 847 000 euros réclamés par le Consistoire israélite du Bas-Rhin pour remettre en état le lieux dont il est gestionnaire et propriétaire, sera prononcée le 24 novembre.
Pour Thierry Roos, porte-parole du Consistoire, la peine est un point d’équilibre :
« Il y a une peine de prison prononcée, ce qui est assez rare chez les mineurs. Il ne fallait pas une peine trop lourde, par exemple de prison ferme, qui aurait pu en faire des héros pour certains. J’espère que les travaux d’intérêts généraux seront orientés dans l’optique d’une prise de conscience. »
C’est aussi l’avis de Me Olivier Charles, qui défendait un des jeunes :
« C’est un verdict d’apaisement qui est cohérent par rapport à l’infraction et qui tient compte de la réinsertion des jeunes. La peine les obligera à travailler, c’est mieux qu’une peine d’emprisonnement simple. »
L’affaire a-t-elle fait évoluer les jeunes ?
Pour Me Simon Burkatzki, qui a présenté les conclusions de la Licra, estime :
« C’est un jugement clément mais pas une anomalie pour des mineurs qui n’avaient pas de casier judiciaire. Il reste un grave problème pour la réparation des 250 tombes, les assurances vont être réticentes. Je crains que les victimes ne voient pas leur préjudice réparé pendant des années. »
En revanche, Samuel Thomas, vice-président de la Maison des Potes, trouve que les peines de prison comme le nombre d’heures de TIG ne sont pas « à la hauteur de la gravité des faits », en soulignant le salut nazi effectué par les jeunes et l’ampleur des profanations. En outre, la Maison des Potes estime qu’une autre personnes est passée au travers des gouttes de l’enquête (voir notre article), et entend faire appel de la décision du tribunal de refuser un complément d’information.
Mais les jeunes ont-ils changé ? Me Simon Burkatzki ne l’exclut pas :
« Des regrets au tribunal peuvent paraître suspects, prononcés sur les conseils des avocats… Mais j’ai constaté qu’après le verdict, deux jeunes sont allés voir des familles pour tenter de présenter leurs excuses… »
Comme pour tout procès en première instance, les parties ont la possibilité de faire appel de ce jugement. Pour comprendre les enjeux et les dernières informations sur cette affaire, nous avons consacré un long avant-papier à ce procès.
Chargement des commentaires…