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Toilettes publiques poétiques !

Le jeudi, c’est légumes. Pour vous expliquer, le rituel du jeudi est que, le soir après le boulot, je vais récupérer mes légumes avec, toutes les semaines, de nouvelles découvertes. Ce qui fut le cas jeudi dernier aussi, mais cette fois, je n’ai pas uniquement découvert que les courges spaghetti existent, j’ai aussi vu, par hasard, une installation artistique dans un lieu improbable : l’édicule ou “petit cabinet” du Faubourg de Pierre à Strasbourg qui servit, à une époque, de toilettes publiques.

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Anne Wicky, "La forêt du pont", installation, décembre 2011 / Photo: CR

Le projet d’utilisation de l’édicule est mis en place par le parlement des arts :

« La démarche des LIV : le parlement des arts se propose, à travers la mise en place des LIV (lieux d’intégration visuelle), de redonner une place dans la ville aux éléments urbains en jachère ou non qualifiés. Cette démarche est réalisée par des artistes, des architectes et des sociologues en s’appuyant sur la parole des habitants comme matériaux de l’imaginaire du projet. »

Pour situer le projet:

« L’association « Le Parlement des arts » travaille depuis une dizaine d’année dans le sens de ce partage, de cet imaginaire collectif où des artistes sensibles à ces problématiques interviennent plus directement avec la population. C’est le sens même du mot culture qui prend naissance quand l’expression des habitants à travers ces projets d’artistes se façonne, et crée ces liens qui permettent à toute société de ne pas sombrer dans les extrêmes. »

Depuis décembre 2011, on peut voir dans cet édicule La Forêt du pont d’Anne Wicky: troncs, pluie ou larmes de cire et balançoire recouverte de cire sont les éléments qui composent cette installation.

Anne Wicky, "La forêt du pont", installation, décembre 2011 / Photo: CR

Je ne sais pas grand-chose d’Anne Wicky et j’en suis désolée, c’est une artiste strasbourgeoise ayant déjà exposé dans l’édicule. Elle a, il y a quelques années, effectuée une résidence artistique au Groenland, pays qui l’intéressait depuis longtemps. Elle rêvait des espaces infinis blancs du Grand Nord:

« Je ne dirais pas que le Nord que je me suis représenté est fondateur pour mon travail, mais plus simplement qu’il s’y raccorde. De plus en plus nettement il le rejoint. (…) Je veux prendre conscience de la glace, la sentir, la respirer comme un état primaire, en mesurer la démesure. Avant qu’elle ne disparaisse, me tenir à côté, la peindre dans son évidente violence. La mettre en boîte en sentant son vrombissement sous mes pieds. »

Anne Wicky, "La forêt du pont", installation, décembre 2011 / Photo: CR

La cire blanche semble être de la glace, les gouttes de pluie ou les larmes suspendues éparpillées sur les murs et les troncs aussi, cette installation est comme un paysage fantomatique, pris dans la glace, figé dans le temps, tout à la fois fantasmagorique, inquiétant et poétique.

L’édicule est géré par la ville de Strasbourg, je n’ai, pour l’instant, pas vraiment réussi à savoir qui en gérait le planning: la direction de la culture, le service qui gère les toilettes publiques ? Difficile de trouver un interlocuteur qui sache pour l’instant. Sans doute que l’installation sera visible jusqu’au printemps, peut-être que ce ne sera plus le cas longtemps donc allez-y… J’ai des amis qui habitent dans les parages et ne s’en étaient pas rendus compte, cet édicule fait partie du quotidien et y intégrer de l’art a permis sa mise en valeur et, tout simplement, de le voir. Ce projet permet ainsi de redécouvrir la ville et de s’approprier des lieux qu’on ne regardait plus, allez, découvrez, commentez !

Article initialement publié dans Lifeproof.fr


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