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Pas de toilettes et d’accès à l’eau dédiés, passage de la police… Les conditions indignes du camp de l’Étoile

Depuis le mois d’avril, des sans-abris vivent place de l’Étoile dans des tentes, sans toilettes sèches et sans accès à l’eau suffisant. Vendredi 8 juillet, la police municipale a sommé ces 70 personnes de partir sous quatre jours, parce que le feu d’artifice du 14 juillet doit être tiré de la place. Reportage.

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La réponse automatique du 115, le numéro à appeler pour demander un hébergement d’urgence, tourne en boucle depuis cinq minutes. Fikri a enclenché le haut-parleur et posé son téléphone sur la table. « C’est toujours comme ça, parfois il n’y a aucune réponse, et quand il y en a une, elle est négative. On appelle tous les jours », assure Seda, sa fille de 14 ans, ce jeudi 7 juillet. La famille originaire de Macédoine dort place de l’Étoile, à quatre dans une tente, depuis deux mois.

Près de 70 sans-abris dans 33 tentes

Rue89 Strasbourg avait déjà publié un reportage sur le campement le 30 mai, constatant la présence d’une quarantaine de personnes. Quarante jours plus tard, ils sont près de 70 sans-abris dans 33 tentes, selon un bilan réalisé par Médecins du monde le 7 juillet. Seda traverse la place de l’Étoile, le centre administratif de la Ville de Strasbourg en arrière plan.

L’adolescente montre le point d’eau et les deux toilettes publics accessibles après 21 heures, en très mauvais état selon elle. Les portes ne s’ouvrent pas encore, il est 19h : « Je n’ose pas y aller la nuit. C’est trop loin et il y a des personnes bizarres autour », explique t-elle en anglais. Juste à côté des WC, six personnes, visiblement en état d’ébriété, semblent avoir élu domicile ici. En journée, d’autres sanitaires, plus propres, sont disponibles à quelques mètres.

Les toilettes accessibles la nuit pour les sans-abris du camp, à l’autre bout de la place de l’Étoile. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

L’installation de toilettes et d’un accès à l’eau, un engagement de campagne

L’installation rapide de points d’eau et de sanitaires faisait pourtant partie des engagements de campagne de Jeanne Barseghian (EELV), la maire de Strasbourg. Nicolas Fuchs, coordinateur régional de Médecins du monde, dénonce cette situation :

« Au regard du code de l’action sociale et des familles, ces personnes devraient bénéficier d’un hébergement d’urgence octroyé par l’État. À défaut d’une mise à l’abri, nous demandons les installations nécessaires aux besoins fondamentaux, à savoir des sanitaires et des arrivées d’eau, ainsi qu’un suivi social pour permettre aux personnes d’accéder à leurs droits. »

Selon la municipalité, ce point d’eau est suffisant pour le camp place de l’Étoile qui regroupe 70 personnes. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Seize associations et collectifs, dont Médecins du monde, Abribus, La Cimade, Le Secours populaire et Les Petites Roues, ont envoyé un communiqué vendredi 8 juillet, demandant à la municipalité et à la préfecture de loger les sans-abris du camp, et d’installer des toilettes et un accès à l’eau avant leur hébergement.

Pour ne rien arranger, selon Actu Strasbourg, dans la matinée du 8 juillet, la police municipale est passée pour dire aux personnes de quitter les lieux avant le 12 juillet car le feu d’artifice de la fête nationale doit être tiré de la place de l’Étoile. « On ne sait pas encore ce qu’on va faire, c’est une catastrophe. Les policiers nous on dit que si on ne part pas, on sera évacué par la force », relate Seda, le regard inquiet.

Des personnes de plusieurs nationalités, en demande d’asile

En sortant de sa tente, Sajbe indique que sa famille, aussi macédonienne, est là depuis le mois d’avril. Son père, atteint de troubles respiratoires, ne parle pas français. « Menacés de mort » en Macédoine, ils ont été contraints de venir d’après elle. « Même pour des personnes malades et en détresse comme nous, il n’y a pas de places au 115 », constate la jeune fille de 18 ans. Certains ont essuyé des refus après leur demande d’asile dans sa famille, d’autres viennent de faire leur première demande.

Originaires de Géorgie, de Bulgarie, de Macédoine ou encore d’Albanie, les personnes sont à des degrés divers de procédure de demande d’asile. Kamran est afghan. Sa famille, réfugiée en Iran pendant plusieurs années, a obtenu un titre de séjour en France. Maria, la mère, montre une notification indiquant que leur prise en charge dans un hébergement d’urgence aux alentours de Toulouse a été arrêtée fin juin, après quelques mois.

À Strasbourg depuis dix jours, à six dans deux tentes place de l’Étoile, le 115 n’a pas de solution pour eux. Elle ne comprend pas : « Si on retourne en Afghanistan, on est menacés par les Talibans. On est là à vivre dans des tentes avec nos enfants. C’est dangereux. Combien de temps ça va durer ? » Contactées, la préfecture et la Ville de Strasbourg n’ont pas répondu à nos questions.


#115

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