Et si l’élite des start-ups européennes venait à Strasbourg pour se rencontrer et que de ce mélange naisse les solutions pour mieux vivre demain ? C’est l’ambition de Michel Hussherr, entrepreneur et investisseur strasbourgeois.
Ancien directeur du Semia (l’incubateur public de la Région Grand Est), Michel Hussherr pense que Strasbourg a une carte à jouer dans la compétition mondiale pour capter les meilleurs projets du futur :
« Strasbourg est au coeur de l’Europe, nous disposons de tous les services d’une métropole, d’un écosystème autour des start-ups encore à consolider mais existant. Et nous avons de l’argent qui dort, nous avons le syndrome de l’embonpoint. Donc il y a un coup à jouer dans cette compétition internationale… En outre, Xavier Niel est en train de se planter avec Station F à Paris, il cloisonne alors qu’il faut faire l’inverse. »
Michel Hussherr propose de créer le nouveau lieu pour héberger l’excellence européenne autour de la question du bien être et du respect de la planète. Appelé « Zone E » (comme Europe, Eau, Énergie, Entreprises, etc…), Michel Hussherr voit ce complexe comprenant des bureaux et des installations de loisirs s’installer à l’emplacement des anciens hangars de Batorama, sur le môle Citadelle, du côté du quartier en construction des Deux-Rives.
Des esquisses ont déjà été réalisées par un cabinet d’architectes car le projet est déjà bien avancé. Michel Hussherr a mobilisé l’investissement nécessaire auprès de son réseau : 20 millions d’euros, dont 10 en provenance de fonds privés et 10 empruntés. Zone E ne demande pas d’argent public car, selon Michel Hussherr, « le levier public sur l’innovation est déjà bien activé. Ce qu’il manque, c’est le financement privé et pour ça, il faut des projets qui donnent envie. »
Surfer sur l’Ill, bientôt une réalité ?
Zone E s’étendrait sur 6 000 m² avec des bureaux mais aussi un restaurant sur le toit, ainsi qu’une piscine, un demi-terrain de basket et un petit terrain de foot.
Mais surtout Michel Hussherr espère créer une vague artificielle devant les hangars pour permettre la pratique du surf à Strasbourg :
« C’est pas encore complètement validé sur le plan technique mais il existe des équipes qui planchent sur le sujet et ce serait leur premier défi en tant qu’entreprises hébergées à Zone E : permettre qu’on surfe sur l’Ill à Strasbourg, sans dérégler l’écosystème ni consommer trop d’énergie… »
La municipalité intéressée mais…
Mais cette idée inquiète un peu les élus de Strasbourg, qui craignent des effets de bord notamment sur le port de plaisance prévu juste à côté. Et surtout, l’emplacement souhaité par Michel Hussherr n’est pas encore disponible, comme l’explique Éric Bazard, directeur de la SPL Deux-Rives :
« On connaît bien Zone E et le projet est fantastique. Mais on ne vend pas le terrain le plus convoité de Strasbourg de gré à gré ! Il y aura un appel d’offres dans six mois et la prochaine municipalité fera son choix parmi les candidats. »
La municipalité propose donc à Michel Hussherr d’attendre ou de candidater à l’appel à projets, imminent celui-là, pour occuper le bâtiment de la Sérigraphie, à la Coop. Mais ce dernier n’est pas emballé :
« La Coop, c’est sympa mais il n’y a pas d’eau. Or dans le concept de Zone E, axé sur le bien être, l’eau est essentielle. On veut travailler sur cet élément, notamment pour résoudre les défis écologiques à venir. Les fonds nécessaires sont mobilisés, mais les investisseurs risquent de ne pas attendre les élections municipales, c’est maintenant que Strasbourg doit se décider. »
Les équipements de Zone E ne seraient pas réservés aux startuppeurs, mais ouverts aux futurs habitants du quartier Citadelle. Les hangars de Batorama ont été utilisés pour des petits congrès et ont accueilli les concerts de Contre-Temps. L’identité portuaire des lieux et leur localisation au cœur de l’axe Deux-Rives font que plusieurs promoteurs ont contacté la SPL pour se positionner… Éric Bazard l’affirme : « sur Citadelle, ça va se battre. »
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