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Lancelot, Cyrano… La dernière geste de Julie Brochen au TNS

Julie Brochen s’apprête à laisser son fauteuil de directrice du Théâtre national de Strasbourg. À qui ? Mystère. La saison de transition est encore très marquée de son empreinte, avec deux créations dont un nouvel opus du Graal Théâtre, Lancelot du Lac.

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Merlin l’Enchanteur en 2012, premier épisode d’un cycle du Graal qui pourrait en contenir 10 ! (doc remis)

La personne qui succédera à Julie Brochen, directrice du Théâtre national de Strasbourg (TNS) jusqu’au 8 juillet, devrait être nommée en conseil des ministres ce mercredi ou le suivant. Ou le suivant. Quatre candidats restent sur la « short list » : Stanislas Nordey, Éric Vignier, Arthur Nauzyciel et Gloria Paris.

Bon, la structure peut continuer à survivre dans l’incertitude de sa direction encore quelques semaines… La saison ne reprend qu’en septembre, préparée par Julie Brochen qui laisse deux « emplacements » en fin de saison à son successeur.

Deux créations : Pulcinella et Lancelot du Lac

Julie Brochen, qui était aux commandes du TNS depuis 2008, a choisi de concentrer les moyens du TNS sur deux rendez-vous. Le premier, en octobre, est appelé Pulcinella, du nom d’une musique de ballet composée par Igor Stravinsky en 1919. Elle servira de trame à un spectacle musical et scénique, avec Marko Letonja en chef d’orchestre et Michèle Monetta en grand maître de la Comedia dell’Arte. Julie Brochen met en scène ce spectacle :

« Dans Pulcinella, on traversera les grands airs de théâtre, depuis Hamlet jusqu’à Gignoux. Ce sera une invitation à entendre autrement, en s’approchant du trouble des origines, pour donner à voir ce qui, dans la musique, nous bouleverse. »

La deuxième création de cette dernière saison de Julie Brochen au TNS sera évidemment un opus du Graal Théâtre en novembre. Lancelot du Lac viendra clore le cycle des chevaliers après Merlin l’enchanteur en 2012, Gauvain et le Chevalier Vert en 2013 et Perceval le Gallois en 2014. Le public strasbourgeois amateur retrouvera une mise en scène chevaleresque avec cette particularité que cette fois, une bonne partie de l’histoire se déroule sous un lac, avec Vivianne. Des astuces ont donc été trouvée pour évoquer sur scène cette mise en abîme permanente…

Le Graal Théâtre est composé de dix pièces, qui toutes peuvent se voir indépendamment assure le TNS. Julie Brochen a bien l’intention d’aller au bout du cycle dans la suite de sa carrière professionnelle.

Trois coproductions dont un Molière

Début novembre, Julie Brochen a choisi une pièce qui se concentre sur l’œuvre de Robert Walser (1878-1956), un poète qui a tenté de vouer sa vie entière à l’écriture. Ainsi se laissa-t-il vivre est construit d’après Vie de poète, Microgrammes, Petite prose et Lettres de l’auteur. Julie Brochen détaille :

« On est dans la poésie pure. Six comédiens incarnent Robert Walser à différentes époques de sa vie, six voix solitaires qui surgissent et se répondent en écho. »

La mise en scène est signée Guillaume Delaveau, qui dit de l’écrivain :

« Malgré sa déveine, rien ne semble pouvoir abîmer son émerveillement sur le monde. »

Julie Brochen a également choisi de coproduire une pièce de Molière, Le Malade Imaginaire, programmée en mars. La pièce est mise en scène par Michel Didym, lui-même « se battant contre la maladie » selon Julie Brochen qui détaille :

« La mise en scène de Michel Didym est en écho avec son propre combat. Elle est féroce, en phase complète avec ce texte. Ici, Le Malade Imaginaire est vu comme une comédie rosse qui règle son compte aux médecins, à la maladie et à la mort. Et puis bien sûr, il y a André Marcon en Argan, qui campe un personnage régressif, puéril et maniaque excellent. »

En mai, le TNS proposera une « mise en bricolage » avec La Veillée des Grands Gourmands. Autour de François Chattot, comédiens, chanteurs, musiciens sont réunis pour créer un « cabaret satirique contemporain ». Les textes sont inspirées de L’horreur économique de Viviane Forrester et parlent du monde d’aujourd’hui, de ce qui révolte ou non. Un risotto en verrines sera préparé tout au long de la pièce et une partie des spectateurs pourront les goûter à l’issue de la représentation. Pour une fois qu’on soigne le corps et l’esprit…

Patrick Pineau campe un excellent Cyrano selon Julie Brochen (doc remis)

Cyrano de Bergerac, Passim, Hypérion…

À noter également, une mise en scène de Georges Lavaudant pour un Cyrano de Bergerac en novembre et décembre, centré sur le texte et les acteurs. Julie Brochen qui a confié ne guère aimer cette pièce auparavant a trouvé cette version très belle, grâce notamment aux talents de Patrick Pineau en Cyrano et de Marie Kauffmann en Roxanne. Au programme également, Hypérion d’après le roman de Friedrich Hölderlin, sur une nouvelle conception de l’amour, de l’amitié et de la politique, et Passim en janvier, du Théâtre du Radeau.

Fréquentation en baisse

On saura plus tard si cette programmation aura permis d’enrayer la baisse de la fréquentation dont est victime le TNS depuis l’arrivée de Julie Brochen en 2008. Le nombre d’abonnés est passé de 8 446 en 2008 à 5 944 en 2014, le nombre total de spectateurs payants a chuté dans le même intervalle de 55 855 à 40 706, faisant baisser le taux de fréquentation de 98% à 89%. Pour Chantal Regairaz, chargée de l’information du TNS, cette baisse s’explique :

« On est parti de très haut en 2008 après cinq années de hausses. Donc il était vraiment difficile de faire mieux et puis, comme toute entreprise, nous subissons les effets de la crise. Autre explication : nous avons beaucoup utilisé la petite salle Gignoux en 2013, ce qui a rendu plusieurs spectacles complets des semaines avant qu’ils soient joués. Il s’agissait de choix artistiques, mais qui ont quelque part pénalisé la billetterie. »

Le TNS évolue dans un budget, école comprise, de près de 11 millions d’euros, dont 9,2 sont apportés par le ministère de la Culture. Les abonnement pour la saison 2014 – 2015 reprennent en septembre.

Aller plus loin

Sur le site du TNS : présentation de la saison 2014 – 2015 (à partir du 18 juin)

Sur l’agenda de Rue89 Strasbourg : tous les spectacles du TNS


#culture

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