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« Supportons le Racing et cultivons l’espoir, on en a vu d’autres »

On connait le deal, notre Racing est shakespearien. Le supporter, c’est une aventure passionnelle faite de hauts et de bas violents. Depuis le début de la saison en août, la Meinau, pleine à chaque fois, n’a pas pu assister à une seule victoire. Une nouvelle épreuve pour nous… mais on en a vu d’autres.

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On a quitté les tribunes résigné, dans une procession silencieuse. Lundi 2 janvier, la défaite a été rude. Le Racing a perdu contre Troyes, et on commence sérieusement à craindre une descente en Ligue 2 la saison prochaine. Aucune victoire sur neuf rencontres à domicile depuis début août : cinq matchs nuls et quatre défaites. On ne demande qu’à s’enflammer. Ce n’est pas faute d’essayer, mais on n’a pas grand chose à se mettre sous la dent.

Les occasions de but sont rares lors de certains matchs, donc on se met à hurler quand notre équipe franchit le milieu de terrain. Dès qu’on a une infime raison d’y croire, toute la Meinau est debout. On a continué à chanter, fiers, jusqu’à la 90e minute, lors de la défaite 1 – 3 contre Rennes le 1er octobre. Rebelote la semaine suivante, alors qu’on se prenait une raclée de Lille : 0 – 3.

On est systématiquement revenu avec la même énergie les jours de match. La Meinau est pleine à craquer à chaque fois, 25 000 supporters dont 19 000 abonnés. On a cultivé l’espoir et la ferveur pendant toute cette descente aux enfers, qui nous place avant dernier du championnat de France début janvier.

La tribune ouest de la Meinau, parmi les plus ferventes de France. Photo : Detlef Johnssen / Wikimedia Commons

Attente interminable d’une victoire

Supporter le Racing est depuis quelques mois un exercice qui met la détermination à rude épreuve. Une sorte d’attente interminable de la victoire, en gardant toujours l’espoir. On a l’impression de faire du développement personnel : être positif malgré l’adversité, y croire même quand tout semble perdu, rester enthousiastes dans la défaite, etc. Ce n’est pas qu’on se complait là-dedans, mais on se persuade que des jours meilleurs arrivent, dès le week-end suivant. C’est comme si on croyait tous au karma : si on continue à les soutenir très fort, on sera récompensé, ils gagneront, mais il ne faut surtout pas lâcher.

En tout cas, si on supporte d’être supporters du Racing, c’est un sacré capital pour la vie. Cette défaite contre Troyes, un lundi gris, juste après le réveillon, nous a fait particulièrement mal. Certains ont pris un jour de congés exprès, puisque le match était planifié à 15h un jour ouvrable. Les membres des associations de supporters qui animent habituellement la tribune ouest, l’une des plus chaudes de France, ont boycotté le match pour protester contre cette programmation, pensée uniquement pour la diffusion à la télévision. Pas de tambour, pas de meneurs de chants avec leurs mégaphones.

Le Racing, un club tragique

On a assisté à un match à l’image de la première partie de saison : un jeu médiocre la majorité du temps, de grosses erreurs défensives qui permettent aux Troyens de mener de deux buts dès la 20e minute, un sursaut pour revenir au score avec notamment une magnifique transversale rentrante de Doukouré qui enflamme le stade, puis un nouveau but encaissé pour finalement perdre 2 – 3 ce match qu’il fallait absolument gagner pour relancer la saison. C’est rageant quand on voit ce que les joueurs du Racing sont capables de faire pendant leurs temps forts.

Même cette année, même sans victoire, ils ont réussi à nous faire vibrer, à leur manière. Par exemple en tenant tête au Paris Saint-Germain en ne perdant que 2 – 1 au Parc des princes le 28 décembre à cause d’un pénalty de Kylian Mbappé à la 96e minute. Ou contre l’Olympique de Marseille, en arrachant un inespéré match nul deux buts partout à la 93e minute, grâce à une reprise de volée de Kevin Gameiro qui a fait exulter la Meinau. Et puis une semaine plus tard, ils perdaient contre Ajaccio, 4 – 2 malgré un carton rouge du côté corse.

Le Racing est un club tragique. Ne comptez pas sur lui pour rester dans le ventre mou du classement comme le font pas mal d’équipes françaises. Ces 20 dernières années, on dirait que le scénario a été écrit par Shakespeare. On a vécu une victoire en Coupe de la Ligue en 2005, la coupe d’Europe dans la foulée, une descente en Ligue 2, une remontée en Ligue 1, une redescente en Ligue 2, une descente en nationale (troisième division), jusqu’à un dépôt de bilan en 2011 qui a causé une descente en CFA 2, la cinquième division, où le Racing jouait contre des clubs amateurs.

On en a vu d’autres, on a qu’à y croire

Puis les Alsaciens sont remontés jusqu’en Ligue 1, neuf ans plus tard, dans une incroyable ferveur. Le Racing a regagné la coupe de la Ligue en 2019. La saison 2021-2022 a été magique, terminée à la sixième place, aux portes de la qualification en coupe d’Europe. C’était il y a six mois, mais cela paraît déjà si loin.

Quand on est fan du Racing, il faut s’attendre à des émotions très fortes, des hauts et des bas. En ce moment, on est dans un creux. On espère que ça ne sera pas trop grave. « Un seul amour, et pour toujours, Racing club de Strasbourg », scande souvent le public. C’est sûr que c’est une histoire passionnelle. Le même chant descendait des travées en 2012 quand les équipes amateurs de Forbach, Steinseltz ou Schiltigheim venaient jouer à la Meinau.

Donc là, on est 19e de Ligue 1. Franchement, on en a vu d’autres. On est des supporters du Racing. Pas grave pour la défaite contre Angers en coupe de France, l’important, c’est le championnat. Notre équipe est à seulement 4 points du premier non relégable, il reste encore 21 matchs. Si on en gagne quelques uns, le maintien en Ligue 1 est largement possible. On peut même avoir une fin de saison de folie grâce à ça. Alors on a qu’à y croire, sinon à quoi bon suivre le Racing ? Peut-être qu’à la fin on retiendra une saison compliquée, mais avec le maintien au bout, et une Meinau qui sera restée fidèle, fervente et passionnée, même quand c’était difficile.


#Racing Club de Strasbourg Alsace

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