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Candidat Renaissance défait dans la première circonscription du Bas-Rhin, Etienne Loos réagit aux résultats définitifs :
« Nous avons une circonscription extrêmement divisée. J’appelle l’attention de chacun et des responsables politiques de cette circonscription sur la nécessité de retisser les fils du dialogue entre les différents quartiers de la ville et entre les différentes communautés. Cette circonscription est extrêmement divisée y compris géographiquement et socialement. Cela doit constituer l’attention prioritaire des responsables politiques locaux. »
Sandra Regol, réélue députée dans la première circonscription du Bas-Rhin, s’exprime sur la possibilité d’une coalition allant du Nouveau Front Populaire aux partis de centre et de droite à l’Assemblée Nationale :
« La question se pose pour les candidats qui sont arrivés derrière nous au second tour des élections législatives. C’est à eux de dire si oui ou non ils sont prêts à discuter de notre programme pour lui permettre d’avancer. Je suis sûr qu’il y a des gens qui sont d’accord avec beaucoup de nos propositions, qui votent contre parce que c’est le positionnement de leur parti. Peut-être qu’ils pourraient essayer de faire autrement. »
Réaction de Raphaël Schellenberger (Les Républicains), député sortant réélu avec une avance de près d’un millier de voix dans la quatrième circonscription du Haut-Rhin :
« Au niveau national, le parti Les Républicains arrive à préserver un groupe à peu près similaire. Mais on doit tout reconstruire à droite. Notre parti est à genoux. Je vais poursuivre le travail engagé depuis plusieurs mois avec plusieurs députés fidèle aux valeurs républicaines comme Aurélien Pradié et bien d’autres.
Cette élection est aussi la révélation que capitaliser sur le ras-le-bol des français n’est pas suffisant. Il faut sortir du silence, prendre ses responsabilités pour représenter les Français. Les candidats RN ne l’ont pas fait. Mais je ne veux pas crier victoire face à la défaite du RN. Il faut prendre acte de cette arrivée de députés d’extrême droite à l’assemblée nationale. On ne peut pas recommencer comme avant. La solution est dans le travail, dans la discussion. Elle n’est pas dans le chacun pour soi. »
Maire de Strasbourg (Les Écologistes), Jeanne Barseghian se félicite de la victoire du Nouveau Front Populaire à Strasbourg. Elle espère que cette issue du second tour des élections législatives permettra un meilleur soutien de l’État aux politiques de lutte contre le changement climatique :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°6 du Haut-Rhin :
La carte des résultats (encore provisoires) au niveau national de notre partenaire Mediapart.
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°5 du Haut-Rhin :
En Alsace, il n’y aura donc qu’un seul élu Rassemblement national à l’issue de ces élections législatives anticipées. Théo Bernhardt a remporté le scrutin dans la huitième circonscription du Bas-Rhin. La déception est grande pour les candidats et candidates du parti d’extrême droite en Alsace. Le patron de la formation politique dans la région, Christian Zimmermann, fait partie des défaits :
« Je suis déçu et pas seulement pour ma circonscription. On pensait faire mieux mais malheureusement l’alliance entre Macron et Mélenchon, l’alliance de la carpe et du lapin, nous a fait du mal. On était seul contre tous. Je souhaite du courage pour tenir un tel attelage à l’Assemblée nationale. Maintenant, nous nous préparons à l’élection présidentielle, la mère de toutes les batailles. »
Au-delà du front républicain – pourtant bien affaibli (lire nos articles ici ou là) – la campagne du second tour a aussi été compliquée par les dérapages de certains candidats. Dans la première circonscription du Haut-Rhin, Laurent Gnaedig a tenté de relativiser l’antisémitisme des propos de Jean-Marie Le Pen sur la Shoah… avant de s’excuser. Dans la neuvième circonscription du Bas-Rhin, l’enseignant en physique-chimie Marcel Wolff a été rattrapé par une enquête de Mediapart sur ses agressions verbales et physique en classe.
Catherine Trautmann, conseillère municipale socialiste à Strasbourg, dessine la suite des résultats des élections législatives :
« Aucune majorité absolue n’est ressortie par contre une nette avance du Noveau Front Populaire. C’est donc tout à fait clair. La discussion sur un programme de gouvernement doit se faire dans l’objectif de constituer une coalition à partir du Nouveau Front Populaire. C’est tout à fait comme ça que cela doit se passer. Les discussions seront longues et complexes. On a pas l’habitude en France de procéder de cette façon au contraire de l’Allemagne ou d’autres pays. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°4 du Haut-Rhin :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°9 du Bas-Rhin :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°8 du Bas-Rhin :
Rassemblement en cours place Kléber. Des centaines de personnes chantent à l’unisson : « Siamo tutti anitfascisti »
Les quatre coins de la place Kléber sont bouclés par un dispositif de forces de l’ordre important, avec environ huit fourgons de CRS et cinq de la police nationale.
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°7 du Bas-Rhin :
La joie des militants du Nouveau Front Populaire au restaurant Le Romulus dans le quartier Esplanade, QG du candidat de la deuxième circonscription du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes (LFI). Serife est salariée du restaurant. Elle exprime son soulagement avant de le tempérer :
« On avait un peur que le RN gagne avec les discours racistes qu’on entend du parti. En Turquie, j’étais diplômée d’université. Je suis pas venu ici pour le plaisir, mais pour mes enfants, pour travailler. Même si on gagne ce soir, je suis pas totalement rassurée, tout l’Europe bascule à l’extrême droite. »
Augustin, militant de la France insoumise, craint déjà des renoncements du Nouveau Front Populaire :
« Il faudra attendre les résultats définitifs, mais si on est bien autour de 200 députés avec les élus divers gauche, ça nous met en meilleure capacité pour gouverner. Je suis à la France insoumise, mais je suis marxiste surtout. C’était clair dès le début pour moi que le PS et le PCF pourraient trahir le NFP. Il faudra veiller que le front populaire respecte son programme. On va pas commencer tout de suite à pactiser avec la droite. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°6 du Bas-Rhin :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°5 du Bas-Rhin :
Gabriel Attal annonce remettre demain matin sa démission au président de la République.
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°4 du Bas-Rhin :
Frédéric Bierry, président Les Républicains de la Collectivité européenne d’Alsace, s’exprime en sortant du plateau de France3 Grand Est :
« J’attends avant tout des élus qu’ils travaillent honnêtement sérieusement sincèrement dans une démarche d’écoute de nos concitoyens. Et bien évidemment je pense que le projet Alsace que nous défendons qui rassemblerait les compétences du département et de la région serait de nature à répondre aux habitants, nos concitoyens qui ont clairement exprimé cette attente au cours des différentes consultations mises en œuvre. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°1 du Haut-Rhin :
Au QG du socialiste Thierry Sother à Schiltigheim, l’ambiance est à la joie. « Quand la gauche se réunit, elle peut gagner », sourit Mickaël, militant du Nouveau Front Populaire pour le candidat socialiste de la troisième circonscription. « Les premiers résultats valident nos actions, ça montre qu’on a eu un impact » continue le jeune militant.
Et déjà l’espoir s’exprime pour la suite : « Tant qu’il y a une majorité, l’Assemblée n’est pas ingouvernable. Si les macronistes sont responsables, ils pourraient s’abstenir pour certains textes, en voter d’autres », estime Gilles, qui s’est engagé en politique pour la première fois avec cette campagne. Les prémisses d’une « union nationale » ? Trop tôt pour se prononcer, mais les militants se félicitent déjà d’avoir cru en l’union de la gauche.
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°3 du Haut-Rhin :
Thierry Sother (PS), candidat du Nouveau Front Populaire dans la troisième circonscription du Bas-Rhin : « Effectivement il reste une véritable question sur la majorité à l’Assemblée nationale demain. Mais à l’heure qu’il est le Nouveau Front Populaire est la principale force du Parlement. »
L’ambiance est bien moins festive dans le QG de Rebecca Breitman (Modem) au centre-ville de Strasbourg. Les militants attendent le retour de leur candidate passée sur le plateau de France3 Grand Est.
Peio, 32 ans, militant et mandataire financier de Rebbeca Breitman se dit satisfait de la campagne menée au niveau locale
« L’avantage de Rebecca Breitmann, c’est qu’elle connaît son terrain. Sa candidature était celle du rassemblement et de l’apaisement. Ce résultat est une bonne nouvelle pour nous par rapport à ce qui était annoncé. Le RN troisième en nombre de sièges, ça montre une forte mobilisation pour éviter le pire. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°2 du Haut-Rhin :
Rebecca Breitman (Modem), candidate de la majorité présidentielle dans la deuxième circonscription du Bas-Rhin, se félicite du fort de participation qui « légitimise la représentation nationale dans l’hémicycle ». Elle se dit favorable à un gouvernement de coalition qui intégrerait les écologistes et les socialistes :
Dans le QG de Sandra Regol, candidate Nouveau Front Populaire dans la première circonscription du Bas-Rhin, les militants de gauche attendent désormais les résultats des circonscriptions strasbourgeoises.
Sandra Regol, candidate Les Écologistes de la première circonscription du Bas-Rhin :
« La principale nouvelle est que le score du RN semble se tasser en cas de forte participation. Certes il est très haut par rapport à la dernière mandature. Mais les premières estimations donnent aujourd’hui le Nouveau Front Populaire en tête. »
Emmanuel Fernandes, candidat de la France insoumise dans la deuxième circonscription du Bas-Rhin réagit aux premiers résultats : « C’est une défaite cinglante pour Jordan Bardella et le RN. C’est également une défaite cinglante pour le camp présidentiel puisqu’ils sont à nouveau totalement discrédités ce soir. C’est le Nouveau Front Populaire qui doit gouverner le pays. »
Les résultats sont tombés pour la plupart des circonscriptions alsaciennes, en dehors des circonscriptions urbaines. La carte des résultats à retrouver ici :
« Quel soulagement ! », peut-on entendre dans le bar de la Taverne au centre-ville de Strasbourg. Les soutiens de la candidate écologiste Sandra Regol se prennent dans les bras. Véritable moment de liesse dans le bar. De nombreux sourire : « Je suis contente, j’ai pas besoin de changer d’orientation sexuelle pour rester dans ce pays ! », lance Louise. Gwenola, prof d’histoire « républicaine ! », tient elle à préciser avant de s’exclamer : « C’est tellement une joie inattendue, un véritable soulagement pour nous ! »
Dans les QG de candidats et candidates du Nouveau Front Populaire, les réactions sont joyeuses face aux premières estimations de ce second tour des élections législatives. Exemple dans le restaurant du Romulus à Strasbourg, investi par le candidat de la France insoumise pour la deuxième circonscription du Bas-Rhin :
À 20h, les premières estimations donnent le Nouveau Front Populaire en première position de ce second tour des élections législatives 2024.
Conseiller municipal d’opposition à Strasbourg, Pierre Jakubowicz (Horizons) se réjouit suite aux premières estimations : « Les chiffres sont encore à confirmer mais il semblerait qu’il y ait un chemin pour construire demain un gouvernement en dehors des extrêmes. »
Dans quinze minutes les premiers résultats :
- Dans les trois circonscriptions de Strasbourg sur notre carte détaillée par bureaux de vote, branchée sur les données fournies par la Ville de Strasbourg,
- En Alsace sur notre carte détaillée par circonscriptions et communes, branchée sur les données fournies par le ministère de l’Intérieur,
- En France, sur une carte détaillée publiée par Mediapart.
À 20h, nos journalistes seront présents au QG de Sandra Regol, candidate du Nouveau Front Populaire dans la première circonscription du Bas-Rhin, au QG de Thierry Sother, candidat NFP dans la 3e circonscription et à France 3 Alsace, où sont attendus plusieurs candidats.
Dalila, 37 ans, est salariée d’une compagnie d’assurances. Dans le bureau de vote de la place du marché au Neudorf, elle a glissé son bulletin dans l’urne en pensant à ses parents algériens :
« Je suis là pour faire barrage au RN. Je vote contre le RN par rapport à leur programme contre les droits des femmes et sur la stigmatisation de l’islam. Moi je suis musulmane et je pratique ma religion sans faire de mal. Je suis totalement intégrée avec mon mari. Il faut arrêter de raconter n’importe quoi sur les musulmans. »
À Bischheim, Nora est venue voter avec ses parents. Toute la famille vote à gauche. Nora, 18 ans, dit être avant tout touchée par l’écologie : « Ce qui me touche le plus c’est l’écologie, le programme du NFP donne vraiment de l’espoir. »
Sa mère Elsa est chargée de mission locale aux énergies renouvelables. Son vote va toujours à l’écologie : « C’est compliqué d’être électrice pour l’écologie aujourd’hui, notamment au niveau européen. Le pacte vert est très enthousiasmant mais il va sûrement être remis en cause avec le nouveau parlement. »
Le père, Bruno, est ingénieur dans le bâtiment : « J’ai peur que le RN soit majoritaire. On a toujours voté à gauche, sauf vote barrage.«
À l’école maternelle de la Meinau, le taux de participation est proche de la moyenne nationale. Il était de 59,8% à 17h. La présidente du bureau de vote évoque un « bug » qui avait empêché certains votes par procuration. Pour le second tour des élections législatives, tout s’est bien passé : « On a quand même eu 71 votes par procuration, soit 8% de nos inscrits. Ca a fonctionné à chaque fois. »
Cléa soutient avec ferveur le Nouveau Front Populaire. La mécanicienne automobile de 18 ans s’intéresse à la lutte contre le changement climatique. Elle s’inquiète aussi pour les droits des femmes et des personnes issues de l’immigration :
« Le NFP, ça me parle vraiment. Ils abordent autant des sujets politiques que sociaux… Par exemple la hausse des salaires, mais aussi le respect d’autrui. Et aussi d’écologie. Je veux poursuivre mes études et essayer de trouver des solutions pour adapter la mécanique aux changements climatiques. Je suis très inquiète de la montée du RN. S’ils passent, leur politique aura des conséquences concrètes sur ma vie… Les droits des femmes sont en dangers. Mes amis qui n’ont pas de papiers vont peut être devoir partir. »
Dans la cour de l’école élémentaire de la Meinau, Céline, 46 ans, exprime le sentiment de vivre dans une bulle où ses idées sont partagées par toutes et tous. Employée de l’éducation nationale, elle a pris ses distances avec une famille dont le vote est acquis à l’extrême droite depuis longtemps :
« Je suis hyper angoissée. C’est viscéral et ça n’a jamais été autant le cas. Je viens d’une famille qui vote FN depuis longtemps et je m’en suis éloignée. Je trouve que la montée du RN, c’est la montée de la violence, reflétée dans le réel. Pourtant dans l’entre deux tour, on a fait plein de soirées avec nos amis et tout le monde pense comme nous. Sur les réseaux sociaux aussi je vois uniquement des publications qui reflètent mes idées. Je ne suis jamais confrontée à l’électorat RN. Je pense qu’il est dans le désarroi et dans la demande d’autorité, je le comprends. Mais c’est dangereux. »
Avec une moyenne de 56% de participation pour les trois bureaux de vote de l’hôtel de Ville de Strasbourg, la participation dans l’hypercentre strasbourgeois est en légère baisse par rapport à la semaine dernière. « L’enjeu est quand même moindre aujourd’hui par rapport à la semaine dernière« , confie une assesseure. Dans la première circonscription du Bas-Rhin, la candidate du Nouveau Front Populaire Sandra Regol a obtenu près de deux fois plus de vote que son concurrent macroniste Etienne Loos
Secrétaire de direction de 25 ans, Zoé sort d’un des bureaux de vote de l’hôtel de ville à Strasbourg. Elle a voté Rassemblement national au premier tour après avoir soutenu la candidature de l’écologiste Sandra Regol deux ans plus tôt :
« J’ai voté par dépit pour Etienne Loos (candidat Renaissance, NDLR). Aucune liste ne m’a convaincu. Je m’en fiche du parti en vérité. Je veux seulement le bien pour la France. J’ai voté Renaissance aujourd’hui alors que j’avais voté Sandra Regol il y a deux ans. J’ai voté contre elle parce qu’il ne s’est rien passé en deux ans.
Je lis beaucoup les programmes, et au premier tour, j’ai voté RN. Je n’en peux plus de l’insécurité et des manifestations qui deviennent des émeutes à Strasbourg. Même des moments festifs débordent maintenant après les matchs de foot. C’est pas une fierté de voter RN mais j’assume : pour moi, c’est la sécurité avant tout. C’est un vrai vote de ras-le-bol. Je pense que je continuerai de voter RN pour les prochaines élections. J’ai voté LFI pendant très longtemps mais leurs prises de positions sur Gaza, je me suis dit que c’était pas possible. »
Dans le Bas-Rhin comme au niveau national, la tendance à la hausse se confirme pour la participation au second tour des élections législatives. Dans le département, le taux de participation est de 61,1% à 17h aujourd’hui. Au niveau de la France métropolitaine, il est légèrement moins élevé et atteint 59,71%. Ces niveaux de mobilisation des électeurs et électrices restent tout de même les plus élevés depuis les élections législatives de 1997.
Quartier Meinau, à la sortie des bureaux de vote de la cité de la canardière où les taux de participation avoisinent les 50% pour trois bureaux de vote. Étudiante de 18 ans, Nora s’exprime avec colère :
« Je suis plutôt abstentionniste par principe. Mais là je veux faire barrage au RN. Ma mère est étrangère. Elle nettoie la merde des Français tous les jours et ils veulent la virer ? C’est si ingrat. Car personne ne voudrait faire son travail, personne. »
À ses côtés, Claude acquiesce. Le salarié dans le domaine de la logistique dit son dégoût face à la dynamique RN à l’oeuvre : « Sans nous, sans les immigrés, la France coule. Je suis écœuré de voir que tant de Français pensent que Bardella va changer les choses en mieux, c’est un mensonge. »
Christine et Philippe sortent du bureau de vote de l’école élémentaire Reuss dans le quartier Neuhof. Le couple de 65 ans demande à ne pas être photographié, par « peur qu’on leur crève les pneus ». Les deux retraités évoquent les thématiques chères au Rassemblement national : insécurité, immigration et pouvoir d’achat. Christine parle de « rétablir l’ordre en France car il y a trop d’insécurité. C’est la faute des immigrés. On n’est plus chez nous. »
Pour Philippe, ancien agent de la fonction publique territoriale, il y a un problème d’intégration des personnes d’origine immigrée :
« Les gens issus de l’immigration doivent être français avant tout. Pas essayer de nous imposer leur religion. Quand on vit dans un pays, on s’adapte au pays. Il y en a des corrects, comme mon voisin, ça fait trente ans qu’on est amis ! Fondamentalement je suis pas contre les étrangers. On apprend beaucoup des autres. D’ailleurs j’ai vécu en Afrique et c’étaient deux superbes années. »
Christine conclut sur la baisse du pouvoir d’achat des retraités :
« Nos retraites ne nous suffisent plus à vivre. J’ai le sentiment qu’on est de plus en plus pauvres. Et pendant ce temps d’autres arrivent en France avec toute leur famille. Ils foutent rien et on leur donne tout. C’est injuste pour nous. On a bossé plus de 40 ans. »
Quartier Robertsau, Sonia, 51 ans, a voté par nostalgie, comme elle le raconte :
« La France a changé. Quand j’étais enfant j’allais en vélo dans le village à côté, sans portable. Aujourd’hui ce n’est plus possible, il y a trop d’insécurité. La Robertsau c’est tranquille mais j’ai le sentiment que les gens ne font plus attention aux autres. Et puis il y a aussi le pouvoir d’achat… L’électricité coûte trop cher. C’est la moitié de notre budget vacances. Quand j’ai vu la facture j’ai failli faire une crise cardiaque. »
À ses côtés, Bruno, 57 ans, salarié dans l’hôtellerie. Le couple ne s’est pas intéressé aux candidats locaux. Sans donner leur vote, ils assurent avoir glissé un bulletin pour « un changement total« . Bruno exprime son dégoût pour le monde politique et l’injustice que vivraient les personnes âgées en France :
« Les politiques se foutent de nous. Ils s’en mettent plein les poches et nous on doit travailler pour les autres, c’est pas normal. (En désignant un groupe de personnes âgées, NDLR) Vous trouvez ça normal que eux ils gagnent 900€ par mois, alors qu’ils ont bossé toute leur vie ? Alors que d’autres arrivent en France et ont tout. »
« C’est tout pour les autres, rien pour nous« , acquiesce Sonia.
Dans le quartier Neuhof, Ercan a voté RN. Le jeune homme de 24 ans a été séduit par l’argument d’un parti qui n’a jamais été au pouvoir en France :
« Je ne connais pas trop les enjeux. Moi je vote et je vois si ça change tout ou pas. J’aimerais que les salaires soient plus élevés, que la retraite soit plus tôt, qu’on arrête les conneries pour la France. Je pense que voter ça sert à quelque chose, même si je ne suis pas stable dans les partis à qui je donne ma confiance. Cette fois-ci, je pense que le RN on a jamais essayé et que ça pourrait changer les choses. Mais je ne sais pas trop pourquoi, je ne suis pas très politisé d’habitude. »
Jonathan, 30 ans, a voté dans le bureau situé dans l’école élémentaire Reuss dans le quartier Neuhof. L’électeur semble perdu, entre déception face au bilan de la majorité présidentielle et peur des extrêmes :
« En 2022, on votait pour faire avancer le pays. Mais finalement la majorité présidentielle n’a pas eu les résultats attendus. Ce qui me préoccupe c’est surtout le pouvoir d’achat, on est beaucoup à en souffrir. Pendant les élections, on dirait qu’ils nous comprennent puis une fois le vote passé, plus rien.
L’extrême droite me fait peur et l’extrême gauche aussi. J’ai du mal à faire confiance au Nouveau Front Populaire. Mais le RN garde ses idées nauséabondes des débuts, même avec sa stratégue de dédiabolisation. Moi ça ne changerait rien à ma situation personnelle, que le RN gagne ou le NFP. Mais je sais juste qu’on risque d’avoir une situation de blocage où l’Assemblée Nationale ne pourra rien voter jusqu’en 2027. Je trouve ça dommage. »
En milieu d’après-midi, la participation est forte dans les quatre bureaux de vote de l’école de la Robertsau (48%). Thierry, forgeron de 52 ans, et Christelle, 59 ans, infirmière, ont voté RN dans ce quartier aisé au nord est de Strasbourg. « Ce sont les seuls à l’écoute des citoyens. C’est mal vu de voter RN, alors qu’ils ne sont pas racistes ! Les gens disent que ça va être le retour du nazisme mais je n’y crois pas du tout !« , s’exclame Christelle.
« Et nous non plus on est pas racistes. Au contraire, on veut que les migrants soient bien accueillis. Aujourd’hui, ils sont la rue. Ils se droguent. Donc ça crée de la violence. Ils doivent pouvoir être soignés. Sinon ils répandent leurs maladies. Ça crée des épidémies« , continue l’infirmière.
Les thématiques qui les touchent le plus ? « L’immigration et l’insécurité« . À la Roberstau, Christelle n’est pas confrontée à ces sujets. Mais « quand on voyage en France on ne se sent pas en sécurité… même le soir à Strasbourg« , se plaint-elle.
« C’est le seul parti qu’on n’ a jamais essayé« , ajoute Thierry. Le forgeron n’a pas toujours voté RN. Il décrit son parcours politique : « Je votais à droite avant. Puis à un moment j’aimais bien Mélenchon. Mais il est devenu fou. Donc non ce n’est pas un vote contre les immigrés… On n’est plus à la création du FN. Aujourd’hui, même mes collègues qui viennent d’Afrique votent RN. »
Ce compte-rendu et les résultats du second tour des élections législatives sont accessibles gratuitement. Mais c’est une équipe de huit personnes qui se mobilise pour alimenter ce direct. Si vous avez apprécié notre travail, optez pour un abonnement – c’est seulement cinq euros par mois ou 50€ par an.
À 19 ans, Ayoub fait partie des coorganisateurs de l’événement Mouv’Action à Hautepierre, un quartier populaire de l’ouest de Strasbourg. Cette marche a pour but d’inciter les jeunes de quartiers populaires à voter :
« On a organisé tout ça après les résultats du premier tour. C’était un peu short niveau timing mais on est fier de l’avoir fait. On s’est rendu compte que si on ne va pas chercher nos amis, ils ne vont pas voter. On veut utiliser l’effet de groupe de manière positive. »
Inès, 19 ans aussi, donne un autre objectif à cette marche qu’elle a aussi organisé :
« C’est une marche citoyenne qu’on appelle Mouv’action. L’objectif est aussi de changer la vision qu’on a des jeunes de quartiers. On se mobilise nous-mêmes parce qu’on veut changer les choses et changer l’image que les gens ont de nous. On sait parler, s’exprimer, réfléchir, on sait s’organiser. Cette mobilisation est faite pour nous par nous-mêmes. En organisant cette marche nous-mêmes, et pas qu’avec des jeunes de quartiers, on sort de ce statut. On devient des jeunes comme les autres. »
Pour Bilel, 21 ans, se déplacer pour voter au centre socioculturel du Neuhof, dans le sud de Strasbourg, était une évidence : « Ces élections, c’est un tournant pour la France, entre le mal qui amalgame religion, origine et parcours de vie, et le bien. Le projet de Jordan Bardella, c’est de faire en sorte que les musulmans ne puissent plus vivre en France.«
Bilel a déjà ressenti la discrimination à l’embauche :
« J’ai fait tout un dossier pour faire financer une formation d’agent d’escale. L’institut a dit oui, j’ai passé les tests… mais ma conseillère pôle emploi m’a dit qu’elle me voyait plutôt dans la sécurité ou le bâtiment. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a dit que ce serait difficile à expliquer. C’est difficile d’y voir autre chose que de la discrimination… »
« Je suis enfant d’immigrants, binational, et musulman et je me sens délaissé par la France, souffle Bilel, alors qu’elle a besoin d’immigration ! J’ai même travaillé chez Herta (une usine de charcuterie, NDLR) à un moment, c’est bien la preuve que je suis ouvert d’esprit…«
Au centre socioculturel du quartier Neuhof, Ghrieb, 65 ans, a voté contre le RN et ses projets de ségrégation :
« Dans mon club de seniors, on boit le café ensemble, peu importe le foulard ou si on boit de l’alcool, si on fait un couscous ou autre chose. Et on me dit qu’avec le RN il va falloir faire une différence selon nos origines ? Je ne suis pas d’accord.
Ici on a grandi avec tout le monde, les Algériens, les Alsaciens qui parlaient pas français, les Turcs, les Africains. On aime être ensemble et le RN veut nous séparer. En fait on n’aime pas les problèmes et le RN, c’est un problème.
D’habitude je ne suis ni de droite ni de gauche, je veux juste un bon président. Mon mari a travaillé depuis 1978 et jusqu’à sa retraite. On n’a jamais demandé d’aide sociale. J’ai cinq filles et un petit-fils footballeur. Je n’ai jamais eu de problème avec la police ! J’ai juste peur pour ceux qui ont moins que moi, qu’on leur prenne les allocations logement dont ils ont besoin… »
Christophe est employé chez France Travail. Il a voté à l’hôtel de Ville de Schiltigheim pour le candidat de la majorité présidentielle Bruno Studer, sans vraiment se retrouver dans son programme :
« Aujourd’hui en tant qu’électeur, j’ai du mal à me situer dans le paysage politique. Je me dis que je suis au centre, mais le centre n’existe plus. J’ai du mal à trouver un parti qui tient la route, qui arrive à tenir son programme. Les extrêmes sont hauts. On a du mal à être une nation unie. On est trop individualistes en France et on manque d’identité nationale. Ces élections me préoccupent. »
Christophe est venu voter en couple. Son compagnon Peter travaille dans les institutions européennes. Il a voté à gauche pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir car le candidat « rouge », le socialiste Thierry Sother, NDLR, est en tête dans sa circonscription. Sinon, Peter se dit « centriste » : « Il faut à tour prix faire barrage ! En tant que couple homo, nous sommes menacés par l’extrême droite. Ils vont faire des lois contre nous« , s’agace-t-il.
Loïc, 22 ans, caissier, viens voter pour la première fois. Des discussions avec son frère l’ont intéressé à l’actualité politique et à la nécessité de « préserver la démocratie » :
« C’est la première fois que j’entends le « A voté ! ». Avant, j’en avais rien à faire de la politique. Mais cette fois je sens que c’est différent. On a jamais vu le RN aussi haut. Même si je trouve l’alliance de la gauche vraiment hypocrite, il faut voter pour eux si c’est le seul moyen que le RN ne gagne pas. »
Habitante du quartier du Neuhof, au sud de Strasbourg, Samira, 47 ans, est venue voter au centre socioculturel Ziegelwasser. Elle craint les effets d’un gouvernement Rassemblement national pour la population musulmane :
« On peut tout perdre si le RN passe. On se sent français, on est intégrés. J’ai grandi dans le quartier du Neuhof. Ici, on est comme une famille. Mais je sens que les gens nous regardent de travers, de plus en plus. Je suis femme au foyer et si je recherchais du travail, je sens que le voile poserait problème ou juste mes origines. C’est à nous de nous battre pour montrer qu’on est français. Mais quand on voit qu’un simple vêtement pose problème, que d’un fait divers on fait des généralités sur les musulmans, le racisme est déclenché par des choses banales. Alors que c’est une religion de paix, certains veulent nous faire passer tous pour des extrémistes et des antisémites ! Même si on a eu des moments avec mon mari où on était au RSA, on n’a jamais demandé d’aide. Car il y avait toujours des gens plus dans le besoin que nous. Je veux juste que la France continue à nous laisser une chance. »
Françoise, 65 ans et Marie-Françoise, 73 ans, sont toutes deux enseignantes en art appliqué à la retraite. Elles ont voté à gauche, mais sans grande conviction. D’une voix lasse, Marie-Françoise se demande à quoi sert le droit de vote aujourd’hui :
« On est obligées de voter contre. On a pas le choix. Ca fait des années qu’on ne vote plus pour un programme. Les programmes, aussi bien à gauche qu’à droite, ne sont pas finançables. Il faudrait une union, sans les extrêmes, mais ça n’arrivera jamais, ce sont des menteurs. On avait confiance en Macron, ce petit jeune, il nous a déçu.”
Ce qui importe le plus pour ces anciennes enseignantes : « La situation des jeunes. Ils n’ont plus de boulot. Ils font des études mais ça ne vaut plus rien. J’ai une fille de 31 ans qui me raconte ses copines qui enchaînent encore les stages pas payés. Ca m’inquiète« , explique Françoise.
Kim, greffière de 27 ans, et Pauline, 25 ans, alternante en logistique, ont toutes les deux voté par procuration. Pauline est venue voter pour sa colocataire. Elle s’inquiète surtout pour les droits des femmes :
« Je pense que la victoire du RN va principalement m’affecter en tant que femme, notamment sur le droit à l’avortement. J’ai peur qu’il soit réduit comme en Pologne, je sais pas si on peut encore parler d’un accès véritable à l’avortement dans ce pays. »
Kim éprouve une autre inquiétude, celle d’une coalition entre le parti d’Emmanuel Macron et l’extrême droite :
« J’ai fait les deux procurations pour les deux tours. Ca me paraissait essentiel d’agir face à la montée de l’extrême droite. Il faut faire barrage et donner le plus de voix possible au Nouveau Front populaire. Quand on voit le discours et la politique menée par Emmanuel Macron, j’ai peur que les députés macronistes se rallient à l’extrême droite dans tous les cas après l’élection. »
Des commerçants du centre-ville de Strasbourg s’attendraient-ils à des émeutes ce soir ? Plusieurs boutiques du centre-ville se sont en tout cas parées de protections, donnant à ce jour de scrutin des allures d’état de siège.
Au niveau de la France métropolitaine, la participation au second tour des élections législatives à midi s’élève à 26,63%. C’est la plus forte mobilisation des électeurs depuis 1997.
Accompagnés de leur fils Paul, Anthony et Lise sont venus voter à l’hôtel de ville de Schiltigheim. Tous deux fonctionnaires, ils se disent très inquiets pour les résultats de ce soir :
« Je suis enseignante à Strasbourg. Certains de mes élèves n’ont pas de papiers… Je m’inquiète vraiment pour eux. Si un gouvernement applique des idées d’extrême droite, on ne sait pas ce qu’il peut se passer pour eux. Ma priorité avant c’était l’écologie. Mais vu le résultat du premier tour et des législatives, ça devient le vivre ensemble. »
« On était vraiment étonnés des résultats. Qui sont les personnes qu’on fréquente, qui vivent dans notre quartier ? Trop de gens votent extrême-droite, ça nous a ouvert les yeux », poursuit Anthony.
Dans les trois bureaux de vote du palais des fêtes dans le centre-ville de Strasbourg, la participation est stable par rapport au premier tour. Seul le bureau de vote 417 présente un taux en baisse (25%) par rapport à la semaine dernière. Les bureaux de vote 418 et 419 enregistrent des taux de participation de 43% et 30 %. « Beaucoup de gens viennent glisser deux bulletins dans l’urne. Il y a beaucoup plus de procurations qu’au premier tour », explique la présidente du bureau de vote.
Musicien de 41 ans, Romain vote aujourd’hui pour protéger le statut d’intermittent du spectacle :
« J’ai voté pour le Nouveau Front populaire. J’espère que l’extrême droite va avoir le moins de voix possible au niveau national. Avec l’extrême droite, ça va mal se passer pour le statut d’intermittents du spectacle. Sous Emmanuel Macron déjà, la culture ne se portait pas très bien. Avec le NFP, on aura sûrement davantage de budget, ça devrait aller mieux. Si c’est le RN qui arrive au pouvoir et qu’il copie leur copain argentin Javier Milei, on est mal barré. En Argentine, ils ont fermé le ministère de la culture trois jours après la victoire de l’extrême droite. »
Dans le Bas-Rhin, la participation au second tour des élections législatives 2024 atteint 26,25%. Un taux record en comparaison avec les participations au second tour depuis 1997.
Début du compte-rendu en direct à 11h
Les bureaux de vote sont ouverts aujourd’hui de 8h à 18h en Alsace et jusqu’à 20h à Strasbourg.
Pour voter, les électeurs et les électrices doivent se munir d’un titre d’identité en cours de validité (carte d’identité, passeport), c’est obligatoire. En revanche, la carte électorale est bienvenue mais facultative.
La Ville de Strasbourg a mis en ligne une page spéciale pour retrouver son bureau de vote à partir des listes électorales. Seules les personnes inscrites sur ces listes pourront voter aujourd’hui et dimanche prochain.
Il est toujours possible de réaliser une procuration, pour permettre à une autre personne de voter à sa place. Ces procurations doivent être réalisées en gendarmerie ou en commissariat, ou auprès du tribunal judiciaire.
Les citoyennes et les citoyens peuvent participer au dépouillement dès la clôture du scrutin. Il leur suffit d’informer en cours de journée le ou la présidente de leur bureau de vote.
Ce compte-rendu réalisé en direct est gratuit, ainsi que nos résultats détaillés. Nous pensons qu’une information de qualité et engagée sur ce rendez-vous crucial de la démocratie française doit être accessible à toutes et à tous. Nous avons mobilisé cinq journalistes, une chargée de communauté, un développeur et un designer pour cette journée. Soutenez un média indépendant en optant pour un abonnement, 5€ par mois ou 50€ par an, sans engagement.
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